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Un pacifiste invétéré

Slimane Benaïssa. Jean Mohr

Réfugié en France depuis 1993, le dramaturge algérien Slimane Benaïssa a tissé des liens amicaux et artistiques avec Genève.

Le Théâtre Saint-Gervais a d’ailleurs accueilli récemment deux de ses pièces.

L’histoire de son pays, Slimane Benaïssa l’écrit avec des mots âpres et drôles teintés des couleurs du sud et dévorés par le feu de la mitraille.

Car c’est d’intégrisme, d’assassinat, de torture, de guerre, de paix, de liberté, d’amour et surtout d’humour qu’il s’agit dans ses textes.

Des œuvres rédigées en France où l’auteur algérien, menacé de mort, s’est exilé en 1993.

Une réflexion intimement liée à l’actualité

Là, il a écrit et monté «Les fils de l’amertume», «Prophètes sans dieu» et «Mémoires à la dérive».

Une trilogie que le Théâtre Saint-Gervais de Genève a suivie de très près, accueillant sa première partie en 1998; puis la suite au cours de ce mois de février.

Avec, toujours, le succès au rendez-vous, puisque dans son triptyque Slimane Benaïssa mène une réflexion intimement liée à l’actualité.

Sur scène, l’auteur convoque Histoire, religion et mémoire. Soit les trois éléments qui forment ce qu’il appelle «l’ADN social».

La modalité des liens établis entre ces trois données fait qu’une nation vit dans l’équilibre ou, au contraire, qu’elle sombre dans l’anarchie.

Les bonnes causes ne justifient pas les guerres

C’est là le point de vue d’un écrivain intellectuel qui pense qu’il y a des mémoires très difficiles à assumer.

La plus dramatique d’entre elles est celle qui le ramène au souvenir de ses parents. De son père plus particulièrement, un maquisard qui avait foi en son ardeur, mais qui, comme beaucoup de révolutionnaires, «a permis l’indépendance de l’Algérie par le Terrorisme».

Aux yeux de Slimane Benaïssa, les bonnes causes ne justifient jamais les guerres. «Ce n’est pas parce qu’on a raison qu’il faut casser la gueule aux gens», lâche cet auteur pacifiste.

Et d’ajouter: «Nous sommes dans une culture de conflits de laquelle il faut impérativement sortir».

Le moyen? Cesser de croire au choc fatal et néfaste des nationalités.

Un Dieu qu’il ne faut pas fatiguer

Lui-même se dit «un métisse heureux» assumant parfaitement sa triple éducation arabe, berbère et française. Ce qui énerve certains de ses compatriotes.

L’un d’eux lui a dit un jour: «Tu fais de grands péchés». Il lui avait alors répondu: «C’est normal, j’ai une grande idée de Dieu».

Ce Dieu qu’il ne faut pas invoquer à tort et à travers, «afin de ne pas le fatiguer», conclut l’écrivain dans un rire.

swissinfo, Ghania Adamo

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