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Un parfum «suisse» à base de fleurs de café!

La cueillette de la fleur de café au Costa Rica. Fleur de café Ltda.

Une économiste fribourgeoise vient de créer au Costa Rica un parfum inédit à partir d'essence de fleurs de caféier. Il s'agit d'une première mondiale susceptible de développements.

Elle s’appelle Charlotte Robert. Avant de s’installer à Fribourg, elle a notamment vécu en Afrique. Et elle était d’une certaine manière prédestinée à créer un parfum à base de fleurs. Elle est en effet la petite-fille du peintre suisse et chantre de la nature Philippe Robert (1881-1930), amoureux comme elle du monde des plantes et auteur en particulier de remarquables représentations de fleurs.

Economiste de formation, Charlotte Robert a travaillé plusieurs années au service du développement du Secrétariat d’Etat suisse à l’économie. En 1999, quatre ans avant sa retraite, elle décide d’apprendre l’espagnol. Et puisque cette langue se parle aussi dans le Tiers-Monde – elle milite depuis son jeune âge pour des rapports Nord-Sud plus équitables – elle l’apprendra en Amérique centrale, plus précisément au Costa-Rica.

Ce petit pays a un passé politique plutôt sympathique. Certains disent qu’il est «la Suisse d’Amérique latine». Et sur le plan des beautés naturelles, il est magnifique. Charlotte Robert s’y plaît, elle fait de bons progrès en espagnol et elle est séduite par la flore qui l’entoure.

Déclic

Chaque jour en se rendant à ses cours, elle apprécie par exemple la fleur de café et son parfum: frais, fort, riche, un peu comme du jasmin. Et un beau matin, c’est le déclic. Ce parfum, se dit-elle, a-t-on déjà pensé à l’utiliser en cosmétique?

Branle-bas de combat. De retour en Suisse, Charlotte Robert consulte une amie, Sabine de Tscharner, créatrice de parfums réputée. Les premières réponses sont encourageantes. Oui, l’industrie du parfum s’est intéressée à la chose. Non, elle n’a jamais rien réalisé de concret en la matière. Peu à peu s’échafaude alors un projet fou: créer avec des fleurs de café d’Amérique centrale une fragrance inédite capable de charmer une clientèle par sa nouveauté et son attrait tropical.

Un projet fou que Charlotte Robert va néanmoins conduire au succès grâce à beaucoup de patience et de détermination et à un réseau impressionnant de spécialistes enthousiastes.

L’un d’entre eux est un Suisse: il s’appelle Otto Klöti. Septuagénaire dynamique, il possède une belle plantation de café. Et Il dirige aussi l’Association costaricaine des planteurs. Très vite, un accord est trouvé. L’affaire semble d’autant plus intéressante que des essais entrepris pour la première fois révèlent qu’en enlevant les pétales de la fleur du caféier, on n’empêche pas le fruit – et futur grain de café – de croitre et de mûrir.

Reste à fonder une société, établir des budgets, convaincre des investisseurs et trouver une entreprise chimique capable de fabriquer le parfum.

Montagne ou café?

Tout cela prendra du temps. Mais après cinq ans d’efforts et mille rebondissements – Charlotte Robert fera le voyage entre Fribourg et le Costa-Rica au moins dix fois! – le succès est là. Et il est appréciable.

Depuis mi-juillet, le parfum – en fait une eau de toilette – est en vente. Il se vend bien. Et comme chaque année, le pays accueille plus d’un million et demi de touristes, dont beaucoup d’Américains, les perspectives sont bonnes.

A noter que dans un premier temps, la société créée par Charlotte Robert – «Fleur de Café Ltda.» – produit uniquement une eau de toilette et ne vend qu’au Costa Rica. Mais elle prévoit de lancer chaque année un nouveau produit (lotion pour le corps, huile de massage). Et de s’implanter chaque année dans un nouveau pays.

La ligne de produits s’appelle pour l’instant «Mountain Blossom» (Fleur de montagne) car une société française affirme posséder dans le domaine cosmétique l’exclusivité du nom «café». Une procédure judiciaire est en cours.

swissinfo, Michel Walter

Située sur les Hautes Terres du Costa-Rica, la plantation où sont cultivées les fleurs utilisées par «Fleur de Café» est un modèle écologique.

Dirigée par le Suisse Otto Klöti, qui a aujourd’hui 79 ans, elle a obtenu le certificat de la «Rainforest Alliance». Ce certificat garantit que le café qui y est produit provient d’une exploitation où les forêts, rivières, sols, faune et flore sont protégés et où les travailleurs sont traités avec respect.

Fils d’un paysan zurichois, Otto Klöti a émigré au Costa-Rica en 1948 à la demande d’une sœur de son père. Cette femme venait de perdre son mari et n’avait plus personne pour la seconder dans l’exploitation de la plantation qu’elle et son mari avaient créée en 1926.

La fondatrice de «Fleur de café» sait que son projet est un peu fou et que le risque existe de devoir un jour mettre fin à l’aventure – et perdre ce qu’elle a investi!

Mais pour l’instant, tout va bien et l’intérêt que l’expérience suscite au Costa-Rica est remarquable.

Le 18 août, la vice-présidente du Costa-Rica a d’ailleurs remis à «Fleur de café» le prix que décerne chaque année le Ministère costaricain de l’économie à l’entreprise nationale la plus innovante créée par des femmes.

Coïncidence – et bon coup de publicité pour «Fleur de café» – 2008 marque le 200e anniversaire de l’introduction du café au Costa-Rica.

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