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Un parti pour concilier économie et écologie

Le député Martin Bäumle est à l'origine de la création des Verts libéraux. EQ Images

Le mouvement écologiste suisse n’est désormais plus limité aux seuls Verts. Pour les élections fédérales de l’automne, il faut aussi compter avec la présence des Verts libéraux. Interview avec leur président, le député Martin Bäumle.

Les Verts libéraux avaient déjà participé aux élections fédérales 2007. Mais ce petit parti, à l’époque surtout concentré dans le canton de Zurich, a quelque peu gagné en importance au cours de la dernières législature. Il a réussi à se faire une place sur la scène politique en conciliant valeurs de droite et écologisme militant.

 

swissinfo.ch: Quels sont les priorités de votre parti pour la prochaine législature?

Martin Bäumle: Nous avons l’intention de rester dans la même ligne que durant la législature actuelle: un renforcement de notre ancrage écologique, mais aussi un attachement à une politique financière et économique claire.

swissinfo.ch: Que voulez-vous dire concrètement quand vous parlez de politique financière et économique claire?

M. B. : La gestion durable que nous préconisons pour la protection de l’environnement s’applique aussi aux finances. On ne doit pas dépenser plus que ce qu’on a. Par ailleurs, nous voulons que la place économique suisse reste forte tout en se développant dans le sens de la durabilité. Il y a là un grand potentiel. Les exigences économiques et écologiques doivent être conciliées afin de créer de nouvelles chances pour la Suisse. Enfin, une économie forte contribue à des finances équilibrées.

swissinfo.ch: Dans quels domaines la Confédération devrait-elle réduire ses dépenses et dans lesquels investir plus?

M. B. : Nous pensons qu’il y a clairement un potentiel d’économies dans l’armée. Dans le domaine agricole, il y a des possibilités d’optimisation, tout comme d’ailleurs dans l’ensemble de la gestion publique. Il est difficile de dire précisément que l’on devrait économiser ici plutôt que là. Il faut aller beaucoup plus à fond dans les comptes et passer au crible l’efficience de l’administration fédérale.

Nous préconisons davantage de dépenses, au du moins un maintien du niveau actuel, dans le domaine de la politique du développement, mais aussi dans l’encouragement à l’innovation, qui a besoin d’un coup de pouce financier de l’Etat.

swissinfo.ch: Quelle voie doit suivre la Suisse dans ses relations futures avec l’Union européenne?

M.B. : Nous sommes clairement pour la poursuite de la voie bilatérale, qui est fructueuse. Je suis persuadé qu’elle a encore de l’avenir. Certes, les négociations vont devenir de plus en plus difficiles, car l’Union européenne attend de nous des concessions lorsque nous formulons des demandes. Mais pour le moment, nous sommes toujours parvenus à trouver des solutions. A l’avenir aussi, la Suisse aura toujours quelque chose à offrir pour négocier. Il faut que nous nous en tenions à la voie bilatérale.

swissinfo.ch: La Suisse doit-elle construire de nouvelles centrales nucléaires ou viser plutôt sur les énergies renouvelables?

M. B. : Notre position reste la même qu’avant la catastrophe au Japon. Nous nous basons sur trois pilier. Le premier est l’efficience énergétique et le second les énergies renouvelables. Quant au troisième, il s’agit de la politique énergétique extérieure, c’est-à-dire un domaine où il est également possible d’importer des énergies renouvelables. L’énergie hydraulique présente aussi un potentiel de développement.

Nous rejetons clairement l’idée de construire de nouvelles centrales nucléaires. Nous sommes cependant prêts à entrer en discussion sur une prolongation de l’exploitation des centrales existantes comme solution transitoire.

 

swissinfo.ch: A quoi devraient correspondre la mission et les effectifs de l’armée suisse de demain?

M.B. : Je dois admettre que les Verts libéraux n’ont pas encore de position arrêtée sur ce sujet. Mais je pense que l’armée peut remplir les missions qu’il lui reste avec beaucoup moins d’argent. Nous voulons en rester à une armée de milice mais un réexamen est nécessaire. S’agissant des effectifs, nous pourrions imiter notre voisin du nord et équiper les troupes de manière intelligente. Ce qui est certain, c’est qu’il faut absolument redéfinir les missions de l’armée. Celle-ci doit en outre en assumer de nouvelles, car les menaces ont complètement changé.

swissinfo.ch: Comment se positionne votre parti par rapport à l’immigration et à l’intégration des étrangers en Suisse?

M. B. : Je pense que nous devons nous en tenir à notre tradition humanitaire. Lorsqu’une crise survient, nous devons recevoir de manière non bureaucratique les personnes qui sont dans la détresse, cela seulement à court terme. Quand il n’y a plus de danger, ces gens doivent rentrer chez eux pour participer à la reconstruction sur place. Nous ne devons pas accorder l’asile à des personnes qui s’intéressent à la Suisse presque uniquement pour des raisons économiques.

swissinfo.ch: Quelles sont les propositions de votre parti pour améliorer la politique de la Confédération envers la Cinquième Suisse?

M. B. : Comme il n’y a pas vraiment de problème avec les Suisses de l’étranger, notre orientation libérale nous rend très ouverts sur cette question. De manière directe, nous ne pouvons pas faire davantage. Ce que nous pouvons faire en Suisse, c’est continuer de cultiver de manière cohérente nos idéaux et nos objectifs. Cela a aussi une influence pour les Suisses de l’étranger, qui bénéficient de l’image positive du pays, voire de l’amélioration de cette image.

Les Verts libéraux ont été créé en 2004, suite à l’exclusion du député Martin Baümle du Parti écologiste suisse. En 2007, le parti, purement zurichois, devient national. Il compte aujourd’hui 13 sections cantonales.

Lors des élections fédérales de 2007, le nouveau parti a obtenu 2,1% des suffrages et a ainsi réussi à faire élire trois députés. Par la suite, deux sénateurs sont encore venus étoffer la délégation des Verts libéraux sous la Coupole fédérale.

Dès 2008, la progression s’est également faite sentir dans les parlements cantonaux. Les Verts libéraux comptent désormais 32 sièges dans 9 cantons.

Au Parlement, les Verts libéraux siègent dans le

groupe parlementaire du Parti démocrate-chrétien

(PDC).

Né en 1964, Martin Bäumle a fait des études de chimie à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Il est célibataire et sans enfant.

Au niveau politique, il a fait ses premières armes dans le législatif et l’exécutif de sa commune de Dübendorf, puis au parlement cantonal Zurich. Il a été élu à la Chambre basse du Parlement fédéral en 2003 en tant que représentant du Parti écologiste suisse. Il y siège sous l’étiquette de Vert libéral depuis 2007.

A l’origine de la création des Verts libéraux, il est vice-président de la section zurichoise depuis 2004.

(Traduction de l’allemand: Xavier Pellegrini / Textes.ch)

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