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Un président suisse pour la réunion du FMI

Un dernier honneur international avant la retraite pour Kaspar Villiger. Keystone

C’est Kaspar Villiger qui préside l’assemblée générale annuelle du Fonds monétaire international (FMI) qui s’ouvre mardi à Dubaï.

Une première pour le grand argentier suisse au moment où l’économie mondiale et l’institution traversent une crise importante.

Après l’échec de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun, à la mi-septembre, l’attention se focalise maintenant sur le rôle du FMI.

«La réunion de Dubaï, confie à swissinfo Alexander Karrer, devrait rappeler à la communauté internationale l’importance des échanges.»

Et l’ambassadeur chargé des relations internationales auprès du ministère suisse des finances de rappeler que «leur libéralisation a apporté une croissance significative à l’ensemble de l’économie mondiale».

Or, si les déséquilibres globaux ne sont pas corrigés rapidement, prévient le FMI, les marchés financiers pourraient repartir à la baisse.

Le président de la Banque mondiale (BM) insiste, lui, sur le fait que les pays pauvres doivent pouvoir accéder beaucoup plus facilement aux marchés et être mieux entendus.

L’échec de la dernière Conférence de l’OMC a montré la gravité de ces déséquilibres, ajoute James Wolfensohn. En effet, 80% des richesses sont concentrées dans les pays riches.

«Si l’on veut la paix à l’échelle mondiale, lance le patron de la BM, les forces doivent s’équilibrer.»

Et pas seulement en termes d’échanges. En effet, aujourd’hui, 80% des membres les plus pauvres ne détiennent que 10% des droits de vote.

Raison pour laquelle les organisations non-gouvernementales (ONG) appellent l’institution à devenir plus démocratique.

Un yen et un yuan trop faibles

Présidée pour la première fois par la Suisse, la réunion des pays membres du FMI à Dubaï promet d’être animée.

D’autant que d’autres problèmes – et pas des moindres – sont également au menu. Ainsi les Etats-Unis ne manqueront pas l’occasion de signifier leur amertume à l’encontre de la Chine et du Japon.

Washington reproche en effet à ces deux pays de maintenir leur monnaie à un niveau artificiellement bas vis-à-vis du dollar.

Les manufacturiers américains invoquent en effet la faiblesse du yuan et du yen pour justifier leur perte de compétitivité par rapport à leurs concurrents asiatiques.

Le déficit commercial américain

Cela dit, l’agitation suscitée par la faiblesse du yuan et du yen risque bien d’être éclipsée par l’ampleur du déficit commercial américain.

«La prospérité de la planète dépend prioritairement de la demande américaine, écrit l’hebdomadaire britannique The Economist. Or, les Américains vivent au-dessus de leurs moyens depuis des années.»

Kenneth Rogoff rappelle qu’un redressement durable de la conjoncture internationale dépend des Etats-Unis dont le déficit budgétaire ne cesse de croître.

«L’économie mondiale, poursuit l’économiste en chef du FMI, a déjà souffert de ne voler qu’avec un moteur, mais la situation serait bien pire s’il lui fallait atterrir sur une roue.»

Accélérer les réformes

L’incapacité de l’Europe – et à fortiori de la Suisse – à contribuer à la reprise mondiale figure également parmi les questions débattues à Dubaï.

La semaine dernière, l’économiste en chef du FMI a fustigé l’incapacité de l’Union européenne (UE) à accélérer le rythme de ses réformes structurelles.

Un avis partagé par l’ambassadeur Alexander Karrer: «Les réformes structurelles sont une nécessité permanente pour toutes les économies. L’important, c’est la volonté politique de les mener à bien».

A noter que la Suisse se trouve dans la même situation que ses voisins de l’UE. La plupart des experts sont en effet persuadés que le seul espoir de redressement de son économie repose sur l’industrie d’exportation.

swissinfo, Jacob Greber à Zurich
(Adaptation: Jean-Didier Revoin)

– Basé à Washington, le Fonds monétaire international (FMI) compte 184 membres, dont la Suisse.

– Il a été créé au sortir de la seconde guerre mondiale dans le cadre des accords de Bretton Woods.

– Il a pour mission de contribuer stimuler la croissance économique et l’emploi.

– Il peut octroyer des prêt financiers sous condition aux pays qui connaissent des problèmes.

– La santé de l’économie mondiale est au cœur des débats de la réunion de cette semaine à Dubaï.

– C’est le ministre suisse des finances Kaspar Villiger qui préside cette réunion.

– Et c’est la première fois que la Suisse obtient cet honneur.

– Présidente ou pas, le poids de la Suisse dans l’institution est relativement négligeable face à celui des grandes puissances éconmiques de la planète.

La Suisse est membre du FMI depuis 1992.
Elle occupe l’un des 24 sièges de l’organe directeur (Conseil d’administration).

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