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Un prix Nobel loue l’économie suisse

Le mathématicien John Nash a obtenu le prix Nobel d'économie en 1994. Keystone Archive

Croissance qui stagne, manque de compétitivité, spirale des coûts de la santé… En Suisse, le débat autour de l’économie est dominé par des constats négatifs.

Mais, dans une interview à swissinfo, le prix Nobel d’économie John Nash félicite la Suisse pour sa capacité à éviter les erreurs.

John Nash, pionnier de la théorie des jeux, a fait ce commentaire dans une interview diffusée récemment par le Wall Street Journal. D’autres lauréats interrogés par le quotidien préféraient la Norvège, la Suède, les Etats-Unis ou la Chine.

Les propos du professeur Nash sont résolument plus optimistes que ceux des analystes helvétiques qui mettent régulièrement en évidence les aspects négatifs de l’économie suisse.

Mardi, l’institut conjoncturel KOF a toutefois révisé à la hausse ses prévisions pour l’économie suisse en 2004, tablant sur une croissance de 1,6% au lieu de 1,4%.

swissinfo: Quels sont les points positifs de la politique économique helvétique?

John Nash: La Suisse a tiré profit d’une devise forte. Cela crée un climat favorable pour les entreprises notamment les assurances ou les banques d’investissement. Ce n’est pas un hasard si le secteur des finances est tellement développé.

Globalement, je pense que la Suisse ne fait pas les traditionnelles erreurs, qui ont pour but de relancer l’économie mais échouent à long terme.

swissinfo: Quelles sont ces erreurs auxquelles vous faites allusion?

J.N.: Certains estiment que la politique monétaire devrait davantage viser à dévaluer le franc suisse pour stimuler les exportations. Bien sûr, ce ne serait pas une mauvaise idée. Mais c’est oublier un facteur important: la réputation d’une devise.

Par exemple, le dollar est moins prestigieux qu’il ne l’était autrefois, même s’il reste compétitif face à l’euro, la livre sterling ou le yen. Au Brésil et en Argentine, la dévaluation ne s’est pas révélée efficace.

La monnaie helvétique se situe à un excellent niveau. D’ailleurs, en Suisse, les gens ne se disent probablement pas qu’ils feraient mieux de changer leurs francs en dollars…

swissinfo: Quels autres pays donneriez-vous en exemple pour leur bonne politique économique?

J.N.: Même s’il est souvent critiqué, le Japon ne s’en sort pas mal. C’est le pays qui a le standard de vie le plus élevé en Asie, ce qui est forcément un signe d’une bonne économie.

swissinfo: Quel conseil donneriez-vous aux gouvernements pour améliorer leur politique économique?

J.N.: Je ne peux pas donner de conseil. C’est comme si on tentait d’expliquer à un médecin comment traiter ses patients, alors que le problème, c’est de les soigner.

Ce n’est pas si simple. En Argentine, par exemple, les choses auraient sans aucun doute pu se faire autrement et mieux. Bien sûr, on n’aurait pas pu en faire une puissance économique.

Même si un gouvernement agit parfaitement juste, le pays peut rester bloqué à un niveau de croissance modeste.

swissinfo: La Suisse n’est pas entrée dans l’Union européenne. Selon vous, quel a été l’impact d’une telle décision sur l’économie du pays?

J.N.: La Suisse semble s’en être sortie relativement bien toute seule, donc il est difficile de savoir quelles auraient été les conséquences d’une entrée dans l’UE et ce qu’elle a pu perdre ou gagner en y renonçant.

Un jour ou l’autre, il faudra aussi songer à la monnaie unique. Mais j’imagine que la Suisse ne passera pas à l’euro tant que la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède ne l’auront pas fait.

Interview swissinfo: Chris Lewis
(Traduction: Alexandra Richard)

John Nash, professeur de mathématiques à l’Université de Princeton dans le New Jersey, a remporté le prix Nobel d’économie en 1994.
Il a travaillé sur la théorie des jeux, une approche mathématique des problèmes de stratégie et des interactions au sein d’un groupe.
John Nash a fait l’objet d’un livre, également adapté au cinéma, «A Beautiful Mind» («Un homme d’exception»).

– Pour le prix Nobel John Nash, la Suisse est le numéro un mondial en matière de politique économique.

– Il souligne la bonne réputation du franc suisse comme élément clé.

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