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Un rabbin genevois en appelle à Kofi Annan pour sauver Durban

Manifestants palestiniens et délégués israéliens aux prieses lundi avec la sécurité de la Conférence de Durban. Keystone

Sous la signature de François Garaï, rabbin à Genève, l'Union mondiale pour le judaïsme libéral vient d'adresser un appel urgent au secrétaire général des Nations Unies. La Conférence mondiale contre le racisme pourrait, selon elle, causer «un tort irréparable» à l'ONU.

«Accepterez-vous qu’une Conférence des Nations Unies destinée à combattre le racisme et la discrimination se laisse détourner de manière effrontée par des régimes dictatoriaux (…)? Osons-nous vous rappeler que l’Holocauste nazi a été commis sous un large manteau d’hypocrisie, de silence et consentement?»

Voilà les questions que l’Union mondiale pour le judaïsme libéral envoie à Kofi Annan et à Mme Mary Robinson, Haut-Commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme et secrétaire générale de la Conférence mondiale contre le racisme qui se tient actuellement à Durban, en Afrique du Sud.

Une réponse au Forum des ONG

Le rabbin François Garaï, principal représentant à Genève de cette organisation juive «non traditionaliste», nous explique que cette missive était devenue nécessaire après l’adoption, ce week-end à Durban, de la déclaration finale du Forum des ONG, laquelle condamne notamment Israël pour des actes de «génocide» à l’encontre du peuple palestinien.

Les «arguments et qualificatifs outranciers» figurant dans cette déclaration sont d’autant moins acceptables qu’ils proviennent, selon François Garaï, de «certaines organisations qui ferment les yeux sur l’esclavage dans certains pays d’Afrique et d’ailleurs et sur l’absence de démocratie dans la plupart de leurs pays».

En s’adressant à Kofi Annan et Mary Robinson, l’Union mondiale pour le judaïsme libéral veut surtout attirer leur attention sur les graves conséquences qu’entraînerait pour l’Organisation des Nations Unies elle-même un dérapage de la Conférence de Durban.

Israéliens et Américains claquent la porte

Si les vieux démons de l’antisémitisme réapparaissent, lit-on dans l’appel lancé de Genève, et quel que soit le langage utilisé pour marquer la haine et le mensonge, «un rideau de fer tombera sur l’ONU, lui causant un tort irréparable qui se répercutera sur tous les défenseurs des droits de l’homme combattant le racisme».

La même appréciation avait été émise dimanche à Durban par Mordechai Yadid, chef de la délégation israélienne, qui estimait que la Conférence se situait à un «tournant critique» des relations entre l’État d’Israël et l’ONU: «Nous arrivons à un point où nous devons nous demander si nous devons partir».

Tout dépendra de la teneur des documents qui se seront soumis à l’approbation de l’assemblée plénière. Dans les textes encore en discussion, on trouve, à propos de l’occupation israélienne des territoires palestiniens, des expressions telles que «nettoyage ethnique», «nouvelle forme d’apartheid» ou encore «crime contre l’humanité».

Européens, Africains et Arabes vont tenter aujourd’hui de sauver la conférence de l’ONU contre le racisme. La journée de lundi a été marquée par le départ fracassant des Etats-Unis et d’Israël. Ces deux pays jugent les documents de travail «haineux» à l’égard de l’Etat hébreu.

Bernard Weissbrodt, Genève

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