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Un Suisse, ennemi public numéro 1 dans l’océan Indien

Yvan Faoro, un Genevois de 37 ans, intéresse la justice de l'île de la Réunion. Ce financier n'y a pas laissé de bons souvenirs.

Qu’est-ce que ce financier suisse allait-il faire dans l’océan Indien? Yvan Faoro préside depuis septembre 1993 la société Investissa à Genève, spécialisée dans l’exploitation d’immeubles et l’exécution de mandats fiduciaires.

Cet homme discret, membre du Parti radical, était jusqu’en février 2002 au Conseil d’administration de la fondation des terrains industriels de Genève.

En avril 1999, Yvan Faoro crée à Genève Indian Ocean Development Holding (IODE), au capital de 100 000 francs.

Scandales économiques et sociaux

Le genevois se lance alors dans l’achat d’une multitude de sociétés du bâtiment et des travaux publics de l’île de la Réunion (700 000 habitants), un département français d’outre-mer.

Puis, il s’implante à Madagascar (10 millions d’habitants). Rapidement, Yvan Faoro est soupçonné d’avoir acheté les entreprises sans bourse déliée.

En fait, l’homme d’affaires suisse remboursait les prêts avec la propre trésorerie des entreprises. Une pratique qui peut choquer, «mais qui n’a rien d’illégal», nous avait répondu Yvan Faoro en novembre 2001. Déjà à cette époque, le patron d’IODE faisait presque quotidiennement les gros titres des journaux réunionnais.

«Il s’agit d’un des scandales économiques et sociaux les plus importants du siècle à la Réunion. La Société Industrielle Routière (SIR) était une entreprise prospère. Faoro, avec quelques complicités locales, l’a vidé de sa substance, l’a lourdement endetté», dénonçait le Pierre Savigny, secrétaire du syndicat du bâtiment et des travaux publics.

Les manifestations se multiplient dans l’île, et Yvan Faoro reprend l’avion rapidement pour l’Europe. Depuis son départ, deux de ses sociétés, Gouvernet et Sobépré, ont été mises en liquidation judiciaire, mettant au chômage leurs salariés.

Un dossier chez le juge d’instruction

L’entreprise la plus importante, la SIR, était en redressement judiciaire. Elle vient tout juste d’être reprise par une société française, évitant la liquidation.

Les ennuis ne sont pas terminés pour autant pour l’homme d’affaires genevois. La brigade financière de la Sûreté nationale de la police nationale (SRPJ) de Saint-Denis, chef-lieu de la Réunion, a bouclé une enquête préliminaire sur les agissements du holding suisse IODE. Dominique Audureau, procureur adjoint de l’île, a transmis le dossier à un juge d’instruction.

Les anciens salariés d’Yvan Faoro continuent de manifester leur hostilité vis-à-vis du financier genevois. «Ce n’est pas possible que ce voleur, ce magouilleur, s’en tire», déclarent-ils dans le quotidien local, Le Journal de l’île. Depuis un précédent article, paru à la fin de l’année dernière, le patron d’IODE ne souhaite plus répondre à nos questions.

swissinfo/Ian Hamel

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