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Un Suisse enquête sur les prisons de la CIA

Existe-t-il un "Guantanamo roumain"? Ici, un détenu dans le centre de Guantanamo Bay, à Cuba. Keystone

Le sénateur suisse Dick Marty a été élu président d'une commission européenne chargée d'enquêter sur les présumés centres de détention secrets américains.

Le Conseil de l’Europe souhaite ainsi faire toute la lumière sur les allégations parues dans la presse américaine concernant la présence de prisons de la CIA en Europe.

Dick Marty a été élu président de la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), dont il est membre depuis 1998. Il devra notamment étudier la question des prisons secrètes de la CIA en Europe.

La Commission a autorisé le politicien suisse à se rendre, si nécessaire, dans certains pays membres de l’organisation. Selon les résultats de l’enquête, elle ouvrira un débat urgent sur cette question lors de sa prochaine réunion à Bucarest le 25 novembre.

La semaine dernière, le Conseil de l’Europe avait jugé qu’une enquête approfondie s’imposait après les informations publiées par la presse américaine concernant la présence de centres de détention des services secrets américains en Europe.

Détenus d’Al Qaïda

Mercredi dernier, le «Washington Post» avait en effet affirmé que la CIA détenait des terroristes du réseau Al Qaïda dans des prisons secrètes en Europe de l’Est et ailleurs, dans le cadre d’un système mis en place après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

«La possibilité que de tels centres puissent exister sur le territoire d’Etats membres du Conseil de l’Europe est extrêmement préoccupante» et constituerait une «violation grave des droits de l’Homme», a déclaré vendredi le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Alvaro Gil-Robles.

L’organisation américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) s’était ensuite dite «pratiquement convaincue que de telles installations existaient au moins en Pologne et en Roumanie». Les deux pays ont démenti.

«Guantanamo roumain»

Pour sa part, l’exécutif de l’Union européenne n’a «pas de soupçon» sur l’existence de prisons de la CIA en Pologne ou en Roumanie.

La Commission européenne ne voit donc «aucune raison» de demander des clarifications à ces deux pays. «Je pense que c’est dangereux de spéculer», a déclaré vendredi le porte-parole du commissaire à la Justice Franco Frattini.

L’organisation HRW s’appuyait notamment sur des registres de vols d’avions américains pour affirmer que la CIA avait aménagé des prisons secrètes en Europe de l’Est. Pour Bruxelles, ces registres ne prouvent pas l’existence de prisons secrètes.

Face à ces contradictions, la presse roumaine s’interrogeait vendredi sur l’existence ou non d’un «Guantanamo roumain». Dès jeudi soir, le ministère roumain de la défense a invité des journalistes à visiter la base militaire de Mihail Kogalniceanu, dans l’est du pays, désignée par Human Rights Watch comme possible centre secret de détention de la CIA.

Le CICR réagit

Lundi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lui aussi réagi. Sans donner plus de détails, son président Jakob Kellenberger a déclaré que le CICR cherchait à avoir accès aux détenus se trouvant dans des prisons secrètes.

Le CICR visite déjà régulièrement des détenus en Irak, à Guantanamo et en Afghanistan. Il a également demandé à Washington d’être régulièrement informé dans le cadre de son dialogue confidentiel avec les autorités américaines.

swissinfo et les agences

* Le Conseil de l’Europe est la plus ancienne (1949) organisation politique du continent. Il a son siège à Strasbourg, en France.

* Il regroupe 46 pays dont 21 Etats de l’Europe centrale et orientale.

* Il s’agit d’une organisation distincte de l’Union européenne des 25 (UE).

* Toutefois, jamais aucun pays n’a adhéré à l’UE sans appartenir d’abord au Conseil de l’Europe.

* Le Conseil de l’Europe a notamment pour mission de défendre les droits de l’homme et la démocratie parlementaire.

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