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Un timbre-poste au chocolat sur fond de crise

Un timbre bien alléchant... Keystone

La Poste a présenté un timbre-poste aux effluves chocolatés. Mais cette première mondiale, réalisée pour le centième anniversaire de Chocosuisse, l'union des fabricants suisses de chocolat, intervient au moment où un prestigieux fabricant de timbres suisse va fermer ses portes à la Chaux-de-Fonds.

«Le chocolat et les timbres-poste sont des symboles de la tradition suisse à l’étranger, déclare Elsa Baxter, responsable de Timbres-poste et philatélie à la Poste suisse. Il était donc normal que nous finissions par marier les deux images.»

Résultat de cette union: un timbre de 90 centimes qui a l’aspect mais aussi le parfum d’un carré de chocolat. Pour ce faire, la feuille de quinze timbres est enrobée d’une pellicule de vernis. Une légère pression du doigt suffit à libérer une substance synthétique odorante.

Cette innovation, qui sera mise en circulation dès le 9 mai, est aussi la dernière production du fabricant de timbre Hélio Courvoisier pour la Poste suisse.

Mais, alors que les plus beaux timbres du monde portaient le label Courvoisier depuis septante ans, ce maître imprimeur de la Chaux-de-Fonds va fermer ses portes à la fin du mois. Et, avec lui, c’est tout un pan de la tradition helvétique qui va disparaître.

«C’est inacceptable, clame Jean-Luc Rossel, philatéliste et négociant en timbres à Fribourg. Durant des années, on a poussé cette société à faire de la haute qualité pour finalement lui préférer le bon marché et les impressions faites à l’étrange.»

Jusqu’en 1997, la plus grande partie des timbres commémoratifs mis en vente par la Poste étaient en effet fabriqués par l’entreprise chaux-de-fonnière. Au total, Hélio Courvoisier produisait plus du tiers des timbres suisses. Mais le vent a tourné avec la privatisation du géant jaune.

«La Poste a toujours été notre client le plus important. Depuis1998, elle a toutefois commencé à faire pression sur nos prix, explique Gilbert Hutin, directeur d’Hélio Courvoisier. Progressivement, elle a distribué toujours plus de travail à ses propres imprimeries. Et, finalement, elle les a fait fabriquer à l’étranger. Il existe déjà des timbres suisses produits en Angleterre. Et un lot exécuté en Australie sera bientôt mis sur le marché.»

L’impression de timbres-poste ne connaît plus de frontières et l’entreprise Courvoisier – qui produisait pour la Poste suisse mais aussi pour le reste du monde – n’a pas pu faire face à la concurrence internationale.

«L’utilisation du timbre-poste enregistre une baisse généralisée dans tous les pays industrialisés, souligne Gilbert Hutin. Il en résulte une surcapacité pour les unités spécialisées et une compétition effrénée entre les entreprises européennes.»

Face au développement des moyens de communication électroniques, le timbre-poste donne en effet des signes de faiblesse. «En 1999, la Poste a vendu quelque 600 millions de timbres contre 800 millions auparavant», précise Elsa Baxter.

«Aujourd’hui, seul 15 % du trafic postal est timbré.» Face à l’érosion du marché, la Poste songe mêmeà lancer un timbre électronique. «Un programme pilote pourrait voir le jour d’ici à la fin de l’année, souligne Elsa Baxter. Mais nous aimerions développer un projet qui s’adresse également aux collectionneurs.»

Et pour cause. Même si elle a perdu du galon, la collection de timbres reste une activité en vogue. «Le problème, c’est que la poste nous prend pour une vache à lait, déplore Jean-Luc Rossel. Pour compenser la baisse générale des ventes et une certaine érosion du nombre de collectionneurs, elle ne cesse d’augmenter les émissions de nouveaux modèles. Résultat, pour être à la page, un philatéliste doit débourser toujours plus et les timbres ne prennent presque plus de valeur avec le temps.»

La Poste suisse émet en moyenne 40 nouveaux timbres par an. Pour l’exercice 1999, leur vente représentait un chiffre d’affaire 55 millions de francs. Et un bénéfice de 22 millions de francs.


Vanda Janka

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