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Un vote de défiance

«Non», le mot qui revient le plus souvent dans la presse... swissinfo.ch

Pas étonnée pour un sou, la presse nationale relève la défaite de la Berne fédérale mais, surtout, de la droite parlementaire.

Deuxième constat: en renvoyant sa copie au Conseil fédéral, les citoyens ont montré qu’ils veulent des projets équilibrés.

«Nein, non, no», «La Suisse se cabre», «une Suisse sans pilote», «Les Suisses giflent leurs autorités», ces quelques titres glanés çà et là montrent que la presse helvétique, aucunement étonnée des résultats de dimanche, n’est pas tendre avec le gouvernement et surtout, avec le parlement à majorité de droite.

«Immobile, le peuple suisse? Plutôt très sage…» C’est le constat de 24 Heures, pour qui le vote de dimanche traduit une volonté de se voir soumettre des projets cohérents et que les solutions se situent au centre.

Pour la Berner Zeitung, ces non à répétition ne traduisent pas le simple refus de projets gouvernementaux, mais plutôt la colère des citoyens devant la complexité et la lourdeur des «paquets» qui lui étaient proposés, «dont personne ne réussissait à prévoir les conséquences».

Perte de confiance

Ce refus de «solutions mal ficelées et trompeuses» traduit même, selon Le Matin, une apostrophe directe: «Mesdames et Messieurs de la Berne fédérale, vous avez perdu la confiance des citoyens.»

«Même si ceux-ci ont donné un coup de barre à droite et à gauche en octobre, ils veulent des compromis qui se négocient au centre», conclut le quotidien romand.

Pour La Liberté, plutôt que le gouvernement «divisé et flottant», c’est le Parlement qui est le principal responsable des échecs électoraux à répétition enregistrés depuis la nouvelle législature, que ce soit le 8 février avec l’échec du paquet «Avanti» ou dimanche.

Pour le quotidien fribourgeois, c’est l’arrogance de la droite parlementaire qui ne passe pas. L’échec de réformes souvent nécessaires montre que «les Suisses refusent de lui signer des chèques en blanc en acceptant des paquets contenant pommes, poires, pépins et cadeaux aux copains».

Gifle à la droite

Cette «gifle à la politique antisociale de la droite», commente de son côté le Corriere del Ticino, est administrée à «ceux qui pensaient que l’époque de la concertation et des équilibres fédéralistes était finie».

Pour le quotidien tessinois, «tous les cantons ont refusé la fuite en avant, la politique d’une droite convaincue, après les élections de l’automne dernier, que tout serait plus facile». Résultat: sept mois après, «la droite s’est cassé les dents».

Dans cette Suisse «qui se cabre», relève pour sa part Le Temps, «nul ne peut se prévaloir d’une victoire sur le front fiscal où se joue désormais l’avenir de l’Etat».

Message tout aussi clair à propos de «la populaire AVS et l’impopulaire AI», celle-là intouchée et celle-ci désavouée, une «réforme très durement rejetée par des majorités qui n’ont rien à voir avec le poids de la gauche».

Changer de système?

Dans la crise, relève encore Le Temps, la Suisse rejoint ses grands voisins, la France, l’Allemagne et l’Italie, «en panne de projet et en panne de méthode».

Au point que, note de son côté la Neue Zürcher Zeitung, un tel «vote de défiance aurait pour conséquence immédiate un changement de gouvernement».

Inquiétude similaire dans les lignes de la Basler Zeitung, pour qui «aucun des problèmes urgents n’est pour l’instant résolu». Tout aussi lucide, le Bund de Berne avertit déjà qu’il faudra toutefois bien engager des réformes et ce «malgré le 16 mai».

«S’il faut des réformes, alors que ce soient les bonnes». Pragmatique, le Blick, lui, met le doit sur les points douloureux. Il faut régler la durée de cotisation à l’AVS, cesser de «punir» les couples mariés, faire baisser les prix, cesser de favoriser les propriétaires sur le dos des locataires et alléger les charges des créateurs d’emplois.

Et, surtout, surtout, lance le quotidien de boulevard, il faut mettre fin à ce cercle vicieux qui privilégie «la croissance d’abord, les économies ensuite».

Sans cela, conclut Le Temps, sans clarté, dialogue et compromis, «c’est de système qu’il faudra changer».

swissinfo, Isabelle Eichenberger

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