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Une année d’aide suisse à Beslan

Août 2005. Les parents des victimes attendent devant le tribunal où comparaissent les quelques suspects qui ont survécu. Keystone

Un an après la prise d'otages dans une école d'Ossétie du Nord, les projets de soutien de la coopération suisse commencent à porter leurs fruits.

La Suisse était l’un des nombreux pays à avoir offert son aide après le drame qui avait fait plus de 300 morts, surtout des enfants, à Beslan, au sud de la Russie.

Durant le mois qui a suivi la prise d’otages, la Direction du développement et de la coopération helvétique (DDC) a lancé plusieurs projets pour aider la population à surmonter le drame, physiquement et mentalement. A Beslan, tout le monde a été touché, de près ou de loin.

L’objectif de la DDC était d’apporter un soutien à moyen et long terme aux habitants traumatisés. Des psychologues et des thérapeutes locaux ont été engagés pour assurer un suivi des personnes prises en charge. Un aspect essentiel du projet.

Eviter un second choc

Responsable d’un programme psychosocial à Beslan, Stefan Vetter de l’Université de Zurich souligne en effet que bon nombre d’enfants ont vécu un second choc lorsque les médecins internationaux ont quitté la ville après la phase d’aide d’urgence.

«Un garçon de dix ans m’a raconté qu’il avait été pris en charge par un psychologue italien. Le contact était bon. Mais, deux semaines après le drame, il a quitté Beslan et l’enfant s’est senti alors senti encore plus seul», explique le psychiatre à swissinfo.

Centre de réhabilitation

En juillet, le bureau régional de la DDC à Vladikavkaz a mis sur pied des camps pour les enfants et les adolescents dans les montagnes d’Ossétie du Nord. Au programme: escalade, randonnée et ski. Des activités qui stimulent la capacité de résilience des enfants. Le projet sera renouvelé cet hiver et l’année prochaine.

A la fin de l’année dernière, la DDC a aussi financé un centre de réhabilitation. Destiné en priorité aux enfants, il propose des conseils, mais aussi des jeux et de l’art thérapie. «Nous avons débuté avec 60 participants. Aujourd’hui, ils sont près de 800», se réjouit Stefan Vetter.

A l’origine du projet avec son équipe de l’Université de Zurich, le psychiatre a aussi observé une nette amélioration chez les enfants qui fréquentent le centre. «J’ai beaucoup d’admiration pour eux. Ils sont capables de lutter pour reprendre une vie quasi normale, même si ce ne sera plus jamais comme avant.»

Douleur des parents

Après un traumatisme, les patients traversent souvent une première phase d’agressivité – très saine, souligne Stefan Vetter. Au centre de Beslan, les jeunes peuvent se défouler en faisant du sport, ce qui les aide à passer à la phase suivante.

Un an après la tragédie, le psychologue suisse a bon espoir pour les enfants et les adolescents de Beslan. En revanche, la peine sera probablement inguérissable pour les parents qui ont perdu un enfant dans la prise d’otages.

«Je vois des mères qui ne surmonteront certainement jamais cette douleur. Ma crainte, c’est que les enfants replongent dans la dépression au contact de leurs parents.»

swissinfo, Morven McLean
(Traduction de l’anglais: Alexandra Richard)

Le 1er septembre 2004, des hommes armés prennent plus de 1200 personnes en otage dans une école de Beslan.
Lorsque les forces spéciales russes tentent d’entrer dans le bâtiment après trois jours de siège, les preneurs d’otage déclanchent des bombes. Plus de 330 adultes et enfants sont tués.
Cette année, deux nouvelles écoles ont été construites à Beslan en vue de la rentrée scolaire le 5 septembre.

– Le projet de centre de la DDC pour les enfants de Beslan a débuté le 15 septembre 2004 et se poursuit jusqu’au 30 juin 2006.

– Le budget s’élève à 300’000 francs.

– Le programme de camps organisés par la DDC a débuté le 1er juillet 2005 et se prolongera jusqu’en décembre 2007.

– Le budget s’élève à 230’000 francs.

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