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Une erreur humaine derrière le crash de Crossair

A Nassenwil, tout près de Kloten (ZH), les débris du Saab. Keystone

C'est bel et bien une erreur humaine qui est à l'origine de l'accident du Saab 340 de Crossair. Il avait fait dix morts en janvier 2000 près de Nassenwil (ZH).

Le Bureau fédéral d’enquêtes sur les accidents d’aviation critique également la formation dispensée par l’ancienne compagnie aérienne.

Le rapport d’enquête publié lundi a recensé cinq causes, toutes liées au comportement de l’équipage.

Le fait que le commandant, d’origine moldave, soit peu familiarisé avec les instruments occidentaux, a également pu jouer un rôle.

Le 10 janvier 2000 peu avant 17 heures, un Saab 340 de la compagnie Crossair à destination de Dresde (D) s’écrasait dans un champ deux minutes après son décollage de l’aéroport de Kloten.

Les sept passagers à bord de l’appareil ainsi que les trois membres d’équipage sont morts dans l’accident.

Equipage seul en cause



Selon les investigations menées par le Bureau fédéral d’enquêtes sur les accidents d’aviation (BEAA), l’équipage est seul en cause.

Il a «réagi de manière inadéquate» aux instructions de la tour de contrôle, qui a modifié en cours de décollage l’itinéraire du Saab en lui ordonnant de virer à gauche.

Le copilote a alors programmé une modification de l’itinéraire de départ aux instruments sans que le commandant ne le lui ait ordonné. Ce faisant, il a omis d’indiquer le sens de rotation.

De son côté, le commandant n’avait pas enclenché le pilote automatique en phase de montée.

Il a en outre vraisemblablement perdu le sens de l’orientation et a engagé l’avion dans une descente en spirale.

Le copilote a par ailleurs pris des mesures insuffisantes pour rattraper le vol en piqué.

Prise de psychotropes

Plusieurs autres facteurs ont également pu contribuer à l’accident, selon le BEAA.

Le commandant, de nationalité moldave, n’était pas suffisamment familiarisé avec la conception occidentale des instruments, des systèmes et des procédures de cockpit.

Dans une situation de stress, il a fait appel à d’anciens modèles de réaction pour interpréter les indicateurs d’assiette et de cap.

«Il est en outre possible que ses capacités d’analyse et d’évaluation critique aient été diminuées sous l’effet de médicaments», écrit encore le BEAA.

C’est que les analyses toxicologiques ont révélé qu’il avait pris du Phenazepam, un médicament russe psychotrope, proche du Valium.

Le BEAA met aussi en cause un manque de coopération à l’intérieur du cockpit. Les pilotes sont en effet restés concentrés sur leurs tâches individuelles.

Pilote automatique obligatoire


Sur la base du rapport établi par le BEAA, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a édicté une série de mesures pour améliorer la sécurité aérienne.

Tout d’abord, les équipages sont désormais tenus de toujours enclencher le pilote automatique lorsqu’ils se trouvent dans une phase de vol impliquant énormément d’attention.

Ensuite, les prescriptions relatives à la reconnaissance en Suisse de licences de pilotes délivrées par un pays n’appliquant pas les normes européennes sont désormais plus sévères.

Le pilote étranger est notamment astreint à une visite médicale auprès d’un médecin suisse agréé, précise l’OFAC.

Première publication

C’est la première fois en Suisse qu’un rapport d’enquête sur un accident d’avion est publié.

Jusqu’à présent, la législation n’autorisait que la publication du rapport final.

Il fallait ainsi attendre que la Commission fédérale sur les accidents d’avion statue sur les oppositions déposées par les parties concernées.

Et justement, dans le cas présent, une partie conteste encore le rapport.

swissinfo et les agences

– Le crash du vol LX498 du 10 janvier 2000 a coûté la vie aux trois membres d’équipage et aux sept passagers.

– L’appareil s’est écrasé dans un champ, deux minutes et dix-sept secondes après avoir décollé de l’aéroport de Zurich.

– Le commandant (moldave) et le copilote (slovaque) avaient appris à piloter selon les modèles soviétiques. Ils avaient ensuite reçu une formation «à l’occidentale».

– Leur seule langue de communication était l’anglais que le commandant parlait mal.

– Des traces de psychotrope (Phenazepam) ont été trouvées dans les muscles de ce dernier.

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