Des perspectives suisses en 10 langues

Une incantation vibrante

L'affiche du spectacle. Arsenic

L'écrivain biélorusse Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des survivants de Tchernobyl, et les a rassemblés dans son livre «La Supplication». Denis Maillefer adapte cet ouvrage à la scène. Et signe, à Vevey, un spectacle lumineux.

A la suite d’une enquête menée à Tchernobyl, la Biélorusse Svetlana Alexievitch a écrit «La Supplication». Un livre poignant dans lequel elle rassemble de nombreux témoignages des survivants de la catastrophe nucléaire. L’écrivain y pacifie la douleur des «suppliciés», en faisant surgir de leur inconscient des souvenirs refoulés.

Suivant les pas de l’auteur, le metteur en scène Denis Maillefer signe une paix armée avec les démons de la mémoire. Son très beau spectacle, portés par huit acteurs touchants, est une incantation vibrante nourrie par la vie des disparus et par le deuil de leurs familles.

Des neuf témoignages, puisés par Maillefer dans le livre d’Alexievitch, émane un message d’espoir qui se termine avec l’arrivée, sur scène, d’une jeune fille portant une robe blanche et un bouquet de fleurs. Cette mariée improbable prête sa joie anxieuse à une catastrophe nucléaire que l’éclairagiste Thomas Hempler teinte d’une blancheur sidérale.

Très belle lumière croisée avec celle que diffracte l’immense verrière qui sert de toit à la salle. Les deux éclairages (artificiel et naturel) fabriquent un nuage translucide dans lequel flottent des traînées de poussières. Poussières radioactives, poussières de la mémoire, immobiles comme l’éternité.

Splendide décor de Massimo Furlan qui a installé sur le plateau neuf petites maisons vitrées. Autant de ménageries de verre d’où sortent les personnages et vers lesquelles ils reviennent lorsque, pris dans l’étau de leur souffrance, ils se fossilisent comme des insectes, pour s’animer un peu plus tard mêlant leurs voix aux chants de quarante choristes.

Leur «supplication» offre alors un instant de recueillement qui trouve son accomplissement vers la fin quand des bougies éclairent les visages des acteurs captés par des écrans TV, et transformés ainsi en icônes. Une nuit enchantée descend dans la salle. Les victimes de Tchernobyl ont disparu. On ne les oublie pas.

Ghania Adamo

«La Supplication». Vevey, Ateliers mécaniques; jusqu’au 1er juillet. Tel: 021/922 68 60.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision