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Une initiative contre la construction de minarets

La construction de minarets en Suisse doit être interdite. Des politiciens de la droite nationaliste ont officiellement lancé une initiative populaire en ce sens jeudi à Berne.

Les initiants exigent par ailleurs un moratoire valable à tous les niveaux de l’Etat sur toute construction islamique d’ici à la votation sur l’initiative.

Pour lancer la campagne, les auteurs de l’initiative populaire ont brandi le spectre d’une «menace islamiste». Ils estiment qu’interdire la construction des minarets ne restreint pas la liberté de croyance en Suisse.

Largement représentée parmi eux, l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) devrait se prononcer sur son soutien officiel au texte lors de son assemblée des délégués du 30 juin.

Constructions «impérialistes»

Co-président du comité d’initiative, le député UDC Ulrich Schlüer est pour sa part d’avis que la construction de minarets est une menace pour la paix confessionnelle. «Les minarets n’ont rien à voir avec la religion: ils ne sont pas mentionnés dans le Coran ou dans des textes religieux importants. Ils symbolisent seulement un endroit où la loi islamique est établie», a-t-il expliqué à swissinfo.

Lors de la conférence de presse jeudi à Berne, il a parlé des minarets comme étant des «constructions islamiques ayant une connotation impérialiste». Il a par ailleurs réclamé un moratoire à tous les niveaux de l’Etat jusqu’à la votation sur l’initiative.

Pour les initiants, interdire les minarets permettrait de stopper «les tentatives de milieux islamistes d’imposer en Suisse un système légal fondé sur la charia». Ils ont par contre souligné que l’opposition à la construction de minarets n’était pas «dirigée contre les musulmans».

Polémique déjà en cours

«Toutes les religions peuvent être pratiquées en Suisse, y compris l’islam», a précisé le député UDF bernois Christian Waber.

«Personne à l’UDC n’est contre les musulmans. Je pense que tous les musulmans de Suisse sont libres de vivre ici. Mais ils doivent respecter le fait que nous avons des lois occidentales libérales et que celles-ci sont valables pour quiconque veut vivre ici», a de son côté ajouté Ulrich Schlüer.

L’idée d’une interdiction générale, pure et simple des minarets a été lancée alors que la polémique entoure plusieurs projets de construction dont ceux de Wangen, dans le canton de Soleure, de Langenthal, dans le canton de Berne, et de Wil, dans le canton de St-Gall.

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Initiative populaire

Ce contenu a été publié sur L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois. Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet. Dans tous les cas, un vote populaire a lieu. L’adoption…

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Des voix contre l’initiative

Plusieurs voix se sont déjà élevées contre l’initiative. Dans une interview à la ‘Mittelland Zeitung, l’ancien juge fédéral Giusep Nay appelle le Parlement à ne pas soumettre le texte en votation populaire. «Une initiative doit être applicable pour être présentée au suffrage du peuple», rappelle-t-il.

De leur côté, les évêques suisses ont fait connaître leur position mercredi. Selon eux, la construction de minarets en Suisse peut être autorisée à condition que la paix religieuse ne soit pas menacée et que la législation soit respectée.

Enfin, Adel Méjri, président de la Ligue des Musulmans de Suisse, s’est dit «choqué» par cette initiative. «A notre avis, il existe d’autres sujets beaucoup plus importants, mais le lancement de cette initiative bloque les possibilités de dialogue. La manière agressive – je dirais presque ‘islamophobe’ – dont la question des minarets est traitée pourrait avoir des conséquences imprévisibles.»

Les initiants ont jusqu’au 1er novembre 2008 pour récolter les 100’000 signatures nécessaires à l’aboutissement de leur texte.

swissinfo et les agences

Un minaret est un élément architectural d’une mosquée. Il s’agit généralement d’une tour élevée dépassant tous les autres bâtiments de laquelle le muezzin appelle les fidèles à la prière. Dans les mosquées modernes, le minaret est équipé de hauts-parleurs.

En Suisse, seules les mosquées de Genève et de Zurich ont des minarets. Ces édifices ne sont toutefois pas utilisés pour appeler à la prière.

Au niveau mondial, le christianisme réunit 2,1 milliards de fidèles, l’islam 1,3 milliards, l’hindouisme 850 millions, le bouddhisme 375 millions, le judaïsme 15 millions et le baha’isme 7 millions.

En Suisse, plus des trois quarts de la population est de confession chrétienne. 42% des Helvètes sont catholiques, 35% sont protestants et 2,2% appartiennent à d’autres religions chrétiennes.

Avec plus de 310’000 membres (4,3%), l’islam est la deuxième religion du pays. 12% des musulmans ont un passeport suisse. Ils proviennent pour l’essentiel des Balkans et de Turquie.

La communauté juive de Suisse compte quelque 18’000 personnes (0,2%), dont 80% d’entre eux ont la nationalité helvétique.

Les hindous et le bouddhistes sont respectivement 28’000 et 21’000 en Suisse. Quant aux baha’isme, branche réformiste de l’islam fondée au 19e siècle en Iran, il compte un millier de fidèles en Suisse.

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