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Une juge argentine à la poursuite d’anciens ministres franquistes

(Keystone-ATS) Une juge argentine a lancé un mandat d’arrêt international contre une vingtaine d’Espagnols, dont deux anciens ministres franquistes. Cette décision a été saluée comme “historique” du côté des victimes à Madrid et à Buenos Aires.

La magistrate Maria Servini de Cubria a demandé à Interpol d’émettre une notice rouge, dans une décision dévoilée vendredi soir en Argentine. Il s’agit d’une requête pour une arrestation à des fins d’extradition, transmise ensuite aux 190 pays membres de l’organisation.

Pour la juge, c’est une nouvelle étape dans son enquête pour génocide et crimes contre l’humanité pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), puis la dictature du général Franco (1939-1975). Ouverte en 2010, elle se fonde sur le principe de justice universelle.

Ministres incriminés

Parmi les personnes dont elle demande l’extradition, nombre d’anciens ministres du régime ou de la transition. Comme Rodolfo Martin Villa, ancien ministre de l’Intérieur et figure de la transition, ou encore José Utrera Molina, ancien ministre du Logement.

Le premier, âgé de 79 ans, est accusé par les victimes d’avoir ordonné à la police de charger contre des ouvriers grévistes rassemblés dans une église, le 3 mars 1976. Les affrontements avaient fait cinq morts. Il n’y a eu aucune condamnation, selon Me Carlos Slepoy, un des avocats qui les conseillent.

L’obstacle de la loi sur l’amnistie

José Utrera Molina, âgé de 86 ans, est aussi le beau-père de l’ancien ministre de la Justice Alberto Ruiz Gallardon (Parti populaire, conservateur). Il avait signé en tant que ministre – et avec d’autres personnes poursuivies – la condamnation à mort, en 1974, de Salvador Puig Antich, accusé d’avoir tué un policier. Selon sa soeur, celui-ci a été arrêté par la police et torturé à mort en 1974.

Des associations de victimes s’étaient tournées vers l’Argentine en raison des obstacles existant en Espagne, en particulier la loi d’amnistie. Votée en 1977, elle avait pour but de réconcilier la société espagnole.

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