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Une mesure pour renforcer la sécurité aérienne

Pour le gouvernement suisse, la sécurité aérienne est une priorité absolue. Keystone

L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) devrait pouvoir procéder à l’engagement de 60 spécialistes supplémentaires.

Cette décision du gouvernement s’inscrit dans un plan d’action visant à renforcer la sécurité à la suite des accidents survenus au cours des dernières années.

Le gouvernement a demandé mercredi au Parlement une rallonge de 11,5 millions de francs pour procéder aux engagements nécessaires en deux étapes.

La création de 60 nouveaux postes porterait les effectifs de l’OFAC à 237 unités. «Le recrutement commencera dès que le Parlement aura accepté le crédit, précise à swissinfo le porte-parole de l’office Daniel Göring. Le but est que la restructuration soit opérationnelle le 1er janvier 2005.»

Améliorer la sécurité

L’OFAC souffre d’un manque cruel de personnel. «Les heures supplémentaires s’accumulent, de même que les vacances non prises, confie Max Friedli sur les ondes de la télévision alémanique. Ce n’est pas viable sur la durée. Des gens épuisés ne peuvent mener à bien leurs tâches.»

«C’est pourquoi l’OFAC a d’urgence besoin de plusieurs dizaines de nouveaux postes, poursuit le directeur par intérim de l’office. La conjoncture n’est pas favorable à un engagement massif de personnel, mais il s’agit d’un devoir de la plus haute importance que doit remplir la Confédération.»

Mais l’engagement de nouveaux spécialistes s’inscrit également dans le plan d’action visant à améliorer la sécurité aérienne en Suisse, après les différents accidents survenus ces dernières années, souligne le ministre des Transports Moritz Leuenberger.

Contrôles systématiques

Le secteur de la sécurité sera subdivisé en trois domaines, chargés respectivement des contrôles des avions, des compagnies et des capacités des pilotes, ainsi que des infrastructures et de Skyguide. Une unité supplémentaire s’occupera de la politique de sécurité et tiendra lieu de service de contrôle interne à l’office, toujours selon Moritz Leuenberger.

La réorganisation implique aussi un changement de philosophie. Jusqu’à présent, l’OFAC appliquait des méthodes «réactives basées sur des contrôles ponctuels». Désormais, il s’agira de mener une surveillance systématique, a relevé le ministre des Transports.

Pour lui, l’opération vise à permettre à la Suisse de retrouver la tête de classement des pays les plus sûrs en matière de navigation aérienne. Mais elle ne devra pas avoir d’incidences sur le budget.

Hausse des taxes

Une partie des coûts sera couverte par des compensations financières au sein du ministère suisse des Transports (DETEC), en évitant toutefois de recourir à des suppressions d’emploi. L’autre partie sera financée par une hausse des redevances et des taxes d’aéroport.

Certains risquent de se plaindre de l’impact d’une augmentation des frais pour la compétitivité des aéroports suisses. Mais la sécurité est un élément essentiel, qui joue aussi en faveur des acteurs du marché, a lancé Moritz Leuenberger. Leur contribution se justifie donc, à ses yeux.

Le crédit supplémentaire de 11,5 millions soumis au Parlement devrait aussi permettre de financer le poste de préposé à la sécurité aérienne au secrétariat général du DETEC. Une partie sera également allouée à Skyguide (contrôle aérien suisse).

Un office sur la sellette

La décision prise mercredi par le gouvernement ne tombe pas du ciel. «La restructuration et la création de 60 postes sont en effet le résultat du projet Topas», précise le porte-parole de l’OFAC Daniel Göring.

Présenté en septembre dernier, le projet Topas (Topping Aviation Savety) préconisait de séparer les domaines de la sécurité et de la politique à l’intérieur de l’OFAC.

Cette séparation était l’une des principales demandes du rapport des experts du bureau néerlandais NLR chargé de se pencher sur le fonctionnement de l’OFAC.

Les experts avaient conclu que l’office connaissait des dysfonctionnements. Trop accaparés par le travail administratif, les fonctionnaires de l’OFAC n’exerçaient plus un contrôle suffisant sur les aéroports et les compagnies aériennes.

Les experts néerlandais avaient également mis le doigt sur les mauvaises relations entre l’OFAC et le Bureau d’enquête sur les accidents d’aviation (BEA). Le rapport montrait que l’OFAC n’appliquait que 30 à 40% des recommandations du BEA, ce qui est peu en comparaison internationale.

swissinfo et les agences

13.11.1990: Un DC-9 d’Alitalia s’écrase à l’approche de l’aéroport de Zurich-Kloten; les 46 occupants sont tués.
10.01.2000: Un Saab 340 de Crossair tombe après son décollage de l’aéroport de Zurich-Kloten; les 7 passagers et les 3 membres d’équipage sont tués.
24.11.2001: Un Jumbolino de Crossair s’écrase près de Bassersdorf. L’accident fait 24 morts et 9 blessés.
01.07.2002: Collision entre un avion russe et un avion de frêt de DHL au-dessus d’Ueberlingen (Allemagne). Il y a 71 morts, dont 45 enfants russes. Au moment de l’accident, les avions étaient pris en charge par la surveillance aérienne suisse (Skyguide).

– Le rapport d’enquête du bureau néerlandais NLR faisait suite à de nombreuses critiques à l’encontre de l’OFAC.

– L’OFAC était sous le feu de la critique depuis le «grounding» de Swissair en octobre 2001. L’office n’avait en effet pas vu venir la catastrophe.

– Le manque de surveillance de l’OFAC avait été également dénoncé dans le cadre de deux accidents de Crossair et de la collision d’Ueberlingen qui s’était produite dans l’espace aérien contrôlé par la Suisse.

– L’affaire de l’aéroport de Lugano est la goutte qui a fait déborder le vase. L’OFAC lui avait en effet fait appliquer dans l’urgence des mesures de sécurité qui existaient pourtant déjà depuis cinq ans.

– En août dernier, cette situation avait provoqué la démission du directeur de l’OFAC André Auer.

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