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Une modernité angoissante

Reality Hacking with the Œensemble für neue musik zürich, Peter Regli. CAC

A Genève, au Centre d'Art Contemporain, des artistes saisissent la réalité par la vidéo, le dessin ou la photo.

Leurs œuvres exposées reflètent les désordres qu’engendre notre époque.

Une centaine de photos sont accrochées côte à côte comme les plans successifs d’un travelling. L’histoire qu’elles racontent est celle d’une réalité saisie dans sa modernité et ses désordres.

Une réalité détournée comme l’indique le titre de cette exposition «Reality Hacking», présentée au 2e étage du Centre d’Art Contemporain, à Genève.

L’auteur de ses photos? Peter Regli, un artiste zurichois à l’esprit critique et ludique.

Chacune des ses œuvres est une intervention dans l’espace public, destinée à délivrer notre regard de la banalité. A donner aux êtres, aux objets, à la nature, à l’espace urbain, une dimension inhabituelle sous laquelle pointe la provocation.

De la première à la dernière photo, l’œil circule le long des villes, s’attarde sur le look de leurs habitants, s’arrête au coin d’un parc ou sur la rive d’un lac. Avec, à chaque fois, la volonté d’altérer l’ordre établi.

Exemple: ces photos qui montrent comment Regli a recouvert les toits de quelques tours de Manhattan avec d’immenses tapis rouges; et comment il a modifié le libellé des feux rouges new-yorkais en remplaçant «Don’t Walk» par «Don’t Talk».

De l’image au son

Mais les interventions de Regli dans l’espace public ne sont pas seulement visuelles. Elles se veulent aussi sonores. Avec l’«Ensemble für neue musik zürich», il a ainsi orchestré récemment un concert de sirènes de bateaux sur le lac de Zurich.

Cela donne une partition, d’une stridence à la fois amusante et exaspérante, que l’exposition transmet au visiteur. Il suffit de poser un casque sur les oreilles et de regarder l’image qui défile sur un moniteur pour palper, l’espace d’une seconde, les encombrements sonores qu’engendre notre époque.

Au troisième étage du Centre d’Art Contemporain, d’autres artistes qui vivent et travaillent à Genève livrent, chacun à sa manière, des peintures angoissantes de la modernité.

Amy O’Neill, par exemple, se montre allègrement radicale dans ses «Skulls» dessinés à l’encre. Soit 26 crânes qui offrent au visiteur les facettes multiples et tragi-comiques d’une humanité victime de ses jouissances, de ses craintes et de ses désirs.

Désirs piégés chez Vidya Gastaldon qui joue sur les mots «amour» et «révolte» dans son œuvre au titre improbable «Revelvevolevelrloverevol» . Ici posters et peinture murale disent la complexité du sentiment amoureux matérialisé par quelques lettres de l’alphabet.

L’artiste les a dessinées en grand et dans le désordre, à la manière d’un gigantesque rébus qu’il est impossible de résoudre. Mais le sentiment amoureux est-il déchiffrable?

swissinfo, Ghania Adamo

“Reality Hacking”. Genève, Centre d’Art Contemporain, 2e étage; jusqu’au 27 juillet.

Vidya Gastaldon, Amy O’Neill, Pierre Vadi, au 3e étage; jusqu’au 28 septembre. Tel: 022/329 18 42

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