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Une nouvelle chance pour les médecines «douces»

Un patient du Centre de médecine traditionelle à Baden, dans le canton d'Argovie, se fait traiter par une méthode de massage. Keystone

Le Gouvernement suisse a décidé de réintégrer les médecines non «traditionnelles» dans l’assurance maladie obligatoire, pour une période d’essai de six ans. Le temps de prouver, en particulier, leur efficacité. Difficile ?

Les amateurs de thérapies à l’aide de petites aiguilles, de gouttes naturelles aux extraits de plantes ou encore de granules, bref tout ceux qui cherchent des alternatives à la médecine «traditionnelle» peuvent se réjouir.

Le Département fédéral de l’intérieur (DFI) a décidé mercredi que dès 2012, la médecine anthroposophique, l’homéopathie, la thérapie neurale, la phytothérapie et la médecine chinoise, pourront être remboursées par l’assurance obligatoire des soins. Ceci, pour une période provisoire de six ans.

Une volonté populaire

Ce choix représente une nouvelle étape dans le feuilleton suisse de ces cinq médecines complémentaires. Car elles avaient déjà été introduites dans l’assurance maladie obligatoire en 1999, pour une période de six ans. Puis, retirées par l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin. Avant d’être aujourd’hui à nouveau acceptées pour une phase test, après le vote populaire de 2009, où les citoyens ont plébiscité à 67% de oui, la prise en compte des médecines complémentaires.

«La décision du DFI  a tenu compte de trois aspects. Tout d’abord de la volonté du peuple suisse. Ensuite, de la recommandation de la Commission fédérale des prestations générales et des principes, qui préconisait de rejeter l’intégration de ces médecines dans l’assurance de base. Puis, de la Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal), qui permet de rembourser une médecine contestée durant la période d’évaluation», relève Jean-Marc Crevoisier, porte-parole du DFI.

Prouver l’efficacité

Ces cinq médecines complémentaires devront, donc, démontrer à l’aide de rapports, leur raison d’être. Sur une période de cinq ans, elles seront amenées à prouver «leur efficacité, leur adéquation et leur économicité», des conditions établies par la LAMal.

Comme le remarque Ignazio Cassis, député et vice-président de la Fédération des médecins suisses (FMH), les trois conditions doivent être considérées dans cette ordre d’importance. Car comme le veut la logique en absence de l’efficacité, les deux autres deviennent caduques.

Une décision indépendante

 

Les rapports des cinq médecines rendus, le gouvernement a choisi de transmettre à un institut internationalement reconnu la tâche de valider ces différentes thérapies.

«Le choix de Didier Burkhalter est très sage et pragmatique, puisque la  preuve de l’efficacité ne revient ni au Gouvernement, ni au Parlement, ni à une étude uniquement suisse, mais à la communauté scientifique internationale. L’analyse de l’efficacité pourrait en effet être confiée à des importants instituts étrangers, comme le National Institut of Health aux Etats-Unis ou National Institut of Clinical Excellence au Royaume-Uni, qui travaillent sur les médecines complémentaires, indépendamment de l’endroit où elles sont pratiquées», note Ignazio Cassis. Ainsi, une expertise internationale permettra de s’appuyer sur une analyse objective et indépendante du contexte politique suisse.

Concernant les critères et les standards d’évaluation de ces cinq médecines, le flou règne encore. Et il est difficile de les connaître en détail. Mais une chose est sûre, plusieurs de ces thérapies ont déjà fait l’objet d’études scientifiques approfondies. L’acupuncture par exemple, branche de la médecine chinoise, était déjà reconnue dans la LAMal.

Comme le note Hansueli Albonico, président de l’Union des sociétés suisses de médecine complémentaire le but n’est donc pas de «répéter ce qui a été fait entre 1999 et 2005 dans le cadre du ‘programme d’évaluation des médecines complémentaires’. Il s’agit plutôt de compléter et de réexaminer les études qui existent déjà.» Ceci, à la lumière des évolutions de la science médicale.

Et d’ajouter «nous sommes confiants, car nous avons plus de 2000 bonnes études cliniques à disposition. Il s’agit désormais de combler les lacunes.»

Scène internationale

 

En Suisse, les médecines complémentaires ont donc une nouvelle opportunité de démontrer qu’elles ne sont pas l’affaire de charlatans illuminés et qu’elles ont une réelle efficacité. Un exemple pour les pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, qui s’intéresse déjà depuis plus de 10 ans  à ces médecines.

Tout comme les Etats-Unis, qui disposent même d’un Centre national pour la médecine alternative et complémentaire, subventionné par le Gouvernement. Dans la petite Suisse, la série des médecines complémentaires tient en haleine plusieurs spectateurs.

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Selon le Registre de médecine empirique (RME), il y a en Suisse environ 17’200 thérapeutes qui pratiquent la médecine alternative et complémentaire.

Les chiffres du RME montrent que leur nombre a plus que triplé durant ces onze dernières années. Et ce nombre est certainement encore plus élevé, car le Registre ne prend en compte que les thérapeutes enregistrés.

La responsable du RME, Silvia Keberle note qu’en Suisse, il y a entre 30‘000 et 40‘000 personnes qui proposent des thérapies basées sur les médecines complémentaires.

Selon elle, la Suisse est le pays qui a la plus grande densité mondiale de ces thérapeutes. Ceci est particulièrement dû au fait que dans le pays, les assurances complémentaires englobent ces types de traitement.

Homéopathie:  Cette médecine douce se base sur la «loi des similitudes». La maladie est traitée par des substances qui déclenchent chez un être humain en bonne santé des symptômes similaires à ceux de la maladie à traiter. Les médicaments sont administrés sous forme de granules ou de gouttes, à extrêmement faibles concentrations.

Thérapie neurale : Ce procédé utilise des injections d’anesthésiques locaux à des endroits précis du corps. L’injection permet de lever la  «barrière» située à cet endroit du corps et qui empêche l’autoguérison de l’organisme.

 

Médecine anthroposophique: Cette médecine considère l’être humain dans sa dimension physique et spirituelle. Les remèdes anthroposophiques sont généralement préparés avec des substances naturelles, d’origine minérale, végétale ou animale, diluées, comme en homéopathie.

Phytothérapie: C’est la thérapie par les plantes. Ce traitement à l’aide des plantes est utilisé depuis des siècles en différents endroits du monde. 

 

Médecine traditionnelle chinoise: Vieille de plus de 2000 ans cette médecine vient de Chine. Elle cherche à comprendre l’être humain dans son ensemble. Et elle travaille sur la gestion de l’équilibre de l’énergie interne appelée Qi.

(avec la collaboration de Christian Raaflaub et Andrea Clementi)

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