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Une seconde pour l’éternité

La victoire d'Alinghi a soulevé des vagues d'enthousiasme dans la presse suisse. swissinfo.ch

Le doublé d'Alinghi en Coupe de l'America n'est pas une surprise, mais le suspense a néanmoins été intense. La voile n'appartient en effet pas aux sports traditionnellement associés à la Suisse.

Les médias saluent certes l’exploit sportif d’Alinghi, mais relèvent que les performances technologiques ont joué un rôle capital. Nombreux sont les commentateurs à souligner que le voilier est le reflet de l’innovation suisse.

Il a suffi d’une seconde à Alinghi pour remporter la 32ème Coupe de l’America face à Team New Zealand. Et c’est cette seconde qui fait les titres de la presse suisse et internationale au lendemain de la victoire du défi suisse.

A l’instar de la ‘Gazzetta dello Sport’, les quotidiens de mercredi sont en effet unanimes à juger que la régate qui s’est jouée hier à Valence a été «l’une des plus palpitantes de toute l’histoire de la Coupe de l’America».

Le quotidien espagnol ‘El Pais’ donne le ton en saluant «la plus belle, la plus brillante, la plus populaire et la plus dramatique des finales de l’histoire de la Coupe de l’America.»

En Suisse, les commentateurs relèvent tous le caractère haletant et exceptionnel de cette septième et dernière course. Une victoire «au bout du suspense» pour la ‘Tribune de Genève’, une «seconde pour le bonheur» selon le ‘Tages Anzeiger’, une «finale à couper le souffle» pour ‘La Regione’.

Victoire de la technologie

«Un écart infinitésimal pour un bonheur sans limite», poursuit la ‘Tribune de Genève’, pour qui la victoire d’Ernesto Bertarelli – dont le bateau bat pavillon de la Société nautique de Genève – est non seulement celle d’une équipe, mais aussi celle d’un pays.

«La fortune ne suffit pas pour réussir une telle entreprise. Il fallait du génie à la Suisse. Une Suisse moderne. Organisation, excellence, précision, constance; et surtout capacité à fédérer des hommes et des compétences de tous horizons», continue le quotidien genevois.

‘Le Matin’ tire lui aussi son chapeau au capitaine et aux marins dont la victoire rejaillit sur l’image de la Suisse. «Bravo Ernesto» titre ainsi familièrement le quotidien de boulevard, estimant que «le syndicat helvétique s’est montré à la hauteur de son rôle d’ambassadeur du pays».

Du côté de Lausanne, ’24 Heures’ rappelle par ailleurs que la victoire du défi suisse est aussi «très concrètement la preuve de l’excellence de la recherche d’ici, un hommage à la stratégie de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) de s’ancrer dans des projets porteurs à la fois d’enthousiasme et de technologies».

Un prix pas comme les autres

Pour ‘Le Temps’ également, Alinghi consitue d’une certaine manière un reflet de la Suisse – même si la majorité des 17 marins à bord sont en réalité détenteurs d’un passeport néo-zélandais. «Alinghi, c’est une équipe cosmopolite, (un) métissage de talents multiples et (un) laboratoire de l’excellence technologique», écrit le quotidien.

Même constat de l’autre côté de la Sarine. «Une victoire d’Alinghi est aussi une victoire pour la Suisse», résume ainsi le quotidien lucernois ‘Neuen Luzerner Nachrichten’. A Zurich, la ‘Neue Zürcher Zeitung’ voit plus large et considère cet exploit comme un symbole de l’«ouverture européenne.»

Et le quotidien de boulevard zurichois ‘Blick’ de s’enthousiasmer en titrant: «Maintenant, nous voulons une mer!», tout en faisant remarquer qu’Alinghi est un «projet hors-sol» dont l’impact aurait été autre s’il n’avait pu bénéficier de compétences provenant du monde entier.

Quant à l’aspect technologique de la victoire du défi suisse, il interpelle également les commentateurs suisses alémaniques. «Il s’agit moins d’une victoire du sport suisse que d’une victoire de la Suisse comme pays à la pointe en matière de technologie», précise le quotidien zurichois ‘Tages Anzeiger’.

Car, comme le relève ‘Le Bund’ de Berne, la Coupe de l’America n’est pas un prix sportif comme les autres. «Elle récompense à la fois la technologie, l’innovation et la coopération. Il est clair que les performances physiques sont fondamentales, mais la performance globale va au-delà de celles récompensées aux Jeux Olympiques ou aux championnats du monde.»

Réactions en Nouvelle-Zélande

Dans la presse internationale, les vagues d’enthousiasme soulevées par la victoire suisse sont moins hautes, mais le sujet trouve néanmoins un certain écho dans les colonnes des journaux.

Sur son site internet, le ‘Washington Post’ relève par exemple que «les Suisses sont à nouveau maîtres de l’océan». Ceci alors que la Suisse est un pays «traditionnellement associé à la neige et au ski».

Alors que le journal britannique ‘The Independent’ titre que «les Dieux de la météo ont aidé les Suisses», la ‘Gazzetta dello Sport’ indique que si la Suisse a pu devenir une «puissance mondiale de la voile», c’est grâce surtout à «cette équipe kiwi qui en 2000 a décidé de venir s’installer sous le Cervin pour finalement rapporter la Coupe en Europe.»

Enfin du côté de la Nouvelle-Zélande, les réactions ne se sont pas faites attendre sur internet. Un internaute souligne ainsi sur le site du ‘New Zealand Herald’ que «si Alinghi n’avait eu recours qu’à des Suisses, il n’aurait pas pu gagner la Coupe de l’America».

swissinfo

En sept ans, Alinghi a réussi son pari presque insensé de non seulement gravir l’Olympe de la voile, mais également de s’y installer à long terme. Retour sur quelques dates marquantes.

MAI 2000. Le milliardaire genevois Ernesto Bertarelli, héritier d’une riche famille notamment propriétaire de Serono (biotechnologie), engage le barreur kiwi Russell Coutts ainsi que l’architecte naval Rolf Vrolijk.

MAI-JUIN 2001. De “Swiss Challenge”, le défi helvétique devient «Alinghi» et début de la construction d’un bateau au chantier de Vevey Décision.

19 JANVIER 2003. En finale de la Louis-Vuitton, les Suisses battent les Américains d’Oracle et deviennent les challengers du Team New Zealand.

2 MARS 2003. Le rêve devient réalité! Alinghi déclasse 5-0 les fiers Néo-Zélandais – de «Black Magic». Le défi genevois devient ainsi la première équipe européenne à remporter la Coupe de l’America, qui revient sur le Vieux continent après 152 ans. Une première également puisque jamais un pays n’ayant pas d’accès direct à la mer n’avait été sacré.

26 NOVEMBRE 2003. Annonce du choix de du site de Valence comme théâtre des régates en 2007.

23 JUIN 2007. Date de la 1re régate de la 32e Coupe de l’America entre Alinghi et Team New Zealand.

3 JUILLET 2007. Alinghi rejoint le Panthéon ! Vainqueur de la Coupe de l’America à sa première participation, le syndicat d’Ernesto Bertarelli défend avec succès l’aiguière d’argent en s’imposant 5-2 contre Team New Zealand. La prochaine édition de la Coupe pourrait avoir lieu en 2009 et toujours à Valence.

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