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Une socialiste à poigne et ambitieuse

Micheline Calmy-Rey ne manque pas d'atouts. Keystone

Micheline Calmy-Rey a su conjuguer son identité politique et culturelle avec sa volonté de travailler pour l'ensemble de la Suisse.

L’expérience de cette socialiste au caractère bien trempé sera précieuse pour le gouvernement.

Dans son premier discours sous la coupole fédérale, Micheline Calmy-Rey a, tout d’abord, fait référence à sa culture francophone, à son statut de mère et de grand-mère et à son combat en faveur des défavorisés.

L’élue socialiste de 57 ans a, ensuite, évoqué la Genève internationale, siège de la Croix-Rouge, de l’ONU et de nombreuses organisations internationales.

Une ville ouverte sur le monde qu’elle entend bien rapprocher du reste de la Confédération. Mais, originaire du Valais, la Genevoise a également souligné l’importance de l’ensemble de l’arc lémanique.

Elargissant son angle de vision et s’exprimant, tour à tour, dans les quatre langues nationales, Micheline Calmy-Rey a parlé des régions périphériques de la Suisse, les zones frontières et les régions de montagne.

Au passage, notons qu’elle n’a pas oublié de rappeler que certaines de ces régions défavorisées sont actuellement victimes des intempéries.

Durant les quelques petites minutes qu’a duré son discours, Micheline Calmy-Rey a donc réussi à affirmer ses racines culturelles et politiques, tout en témoignant de sa volonté d’œuvrer pour la Suisse entière.

Un avenir semé d’embûches

Il lui reste maintenant à confronter ses idéaux aux réalités du pouvoir. Lors de sa campagne électorale, l’actuelle ministre des Finances du canton de Genève a répété à maintes reprises que c’est à Berne que l’on peut réellement faire bouger les choses.

Celle dont elle prendra la place bientôt a plutôt démontré le contraire. En effet, le parcours de la ministre en charge des affaires sociales Ruth Dreifuss a été jalonné d’embûches et d’échecs.

Bien ancrée à gauche, Micheline Calmy-Rey devra également se battre au sein d’un gouvernement (Conseil fédéral) majoritairement de droite. Qui plus est, sous la pression de l’Union démocratique du centre (UDC).

Une solide expérience

Mais la nouvelle élue ne manque pas d’atouts. Très populaire à Genève pour avoir redressé les finances du canton, Micheline Calmy-Rey peut se targuer d’une solide expérience gouvernementale (au niveau cantonal) faite de compromis avec ses collègues d’autres partis.

Surnommée «Cruella» dans son canton, Micheline Calmy-Rey a également démontré sa pugnacité, voire son intransigeance.

Ainsi, personne, dans l’arc lémanique, n’a oublié son combat mené jusqu’au Tribunal fédéral afin de pouvoir taxer les pendulaires vaudois travaillant à Genève. Un bras de fer qu’elle a finalement perdu.

Les partis affûtent leurs armes

Mais c’est bien son bilan positif à la tête des finances genevoises qui restera dans les esprits de son canton. Dans la population genevoise, son départ suscite d’ailleurs une certaine inquiétude.

Quant aux partis, ils affûtent déjà leurs armes. L’élection pour repourvoir le poste de Micheline Calmy-Rey se déroulera le 2 mars prochain.

En attendant, Martine Brunschwig Graf, responsable de l’instruction publique, prendra également la charge du Département des finances du canton de Genève.

swissinfo/Frédéric Burnand à Genève

Le salaire annuel brut de la nouvelle conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey s’élève à plus de 400’000 francs.
Comme conseillère d’Etat genevoise, elle touche actuellement un salaire brut de 281’772 francs.
Cette année, les ministres en exercice ont gagné 404’791 francs. Soit 380’298 francs nets.
En plus, les conseillers fédéraux encaissent une indemnité de représentation de 30’000 francs.

– L’élection de la socialiste Micheline Calmy Rey marque l’arrivée au Conseil de fédéral du cinquième ministre d’origine genevoise depuis 1848.

– Micheline Calmy-Rey succède à une autre socialiste genevoise, Ruth Dreifuss, élue en mars 1993 après la démission du Neuchâtelois René Felber.

– C’est la première fois que deux Genevoises se succèdent. Pour être considérée comme une représentante de la cité de Calvin, Ruth Dreifuss avait toutefois dû transférer au tout dernier moment ses papiers de Berne à Genève, sa ville de jeunesse et d’études.

– Bien que native du Valais, Micheline Calmy-Rey n’a pas eu ce problème: elle a effectué toute sa carrière professionnelle et politique à Genève.

– Pour trouver un autre représentant genevois, il faut remonter à Gustave Ador. Ce libéral avait été élu en juin 1917 en remplacement de Jean-Marie Musy.

– On trouve encore le radical Adrien Lachenal. Elu en décembre 1892, il avait remplacé Numa Droz.

– Enfin, en 1864, suite au départ de Giovanni Batista Pioda, le radical Jean-Jacques Challet-Venel fut le tout premier Genevois à entrer au Conseil fédéral.

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