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Une taxe sur le CO2 pour ménager le climat

25 ministres de l'Environnement s'étaient donné rendez-vous Rüschlikon. Keystone

La lutte contre les dégâts dus aux changements climatiques a été au centre des travaux préparatoires de la prochaine Conférence sur le climat de Nairobi.

Durant cette rencontre qui a réuni 25 ministres de l’Environnement à Rüschlikon (Zurich), la délégation suisse a proposé une taxe globale sur le CO2 pour aider les pays en développement

«Sans pression, puisque nous n’avions pas de décisions à prendre, nous avons pu échanger des idées très librement», a indiqué le président de la Confédération Moritz Leuenberger.

Celui-ci s’exprimait à l’issue de la rencontre organisée conjointement par la Suisse et le Kenya et qui a réuni les délégations d’une quarantaine de pays jeudi et vendredi à Rüschlikon.

«Nous avons atteint un stade où les participants défendent des positions très spécifiques, alors que les points de vue étaient encore assez généraux il y a quelques mois», a relevé le ministre kenyan de l’Environnement, Kivutha Kibwana.

«Réfugiés de la pollution»

Parmi les points chauds des débats, figurait l’importance de la lutte contre les dégâts provoqués par les changements climatiques.

Ainsi, les pays africains s’irritent de voir les nations industrialisées se concentrer sur la réduction des gaz à effet de serre, alors qu’eux-mêmes, qui en émettent proportionnellement peu, doivent déjà faire face à d’énormes dommages.

En conséquence, a précisé Moritz Leuenberger, l’Afrique du Sud pourrait par exemple perdre jusqu’à 20% de sa production agricole. Les catastrophes dues aux changements climatiques provoquent même des flux de «réfugiés de la pollution atmosphérique», selon l’expression du président de la Confédération.

Le problème, c’est le financement de ces mesures de lutte. Prévu par le Protocole de Kyoto, un «Fonds pour l’adaptation» devrait devenir opérationnel lors de la Conférence de Nairobi, qui se tiendra du 7 au 17 novembre prochain.

Taxe mondiale sur le CO2

«Beaucoup d’idées ont été lancées comme des ballons d’essai, a encore indiqué Moritz Leuenberger. Ainsi, la Suisse a émis l’idée d’une taxe mondiale sur le CO2 pour alimenter ce fonds.»

Représentant la société civile au sein de la délégation suisse (aux côtés d’economiesuisse et d’un scientifique), Patrick Hofstetter, du WWF Suisse, confirme le «ton très ouvert» des discussions de Rüschlikon.

«On est encore très loin d’un consensus, mais les positions des uns et des autres ont été très librement discutées, ce qui est assez rare dans ce genre de rencontres», a-t-il ajouté.

Selon le délégué, le fait même de reconnaître la nécessité de lutter contre les dégâts représente un tournant. «La résistance était très forte auparavant, les pays industrialisés craignant de devoir mettre la main au porte-monnaie», affirme Patrick Hofstetter.

La Suisse vulnérable

De son côté, Moritz Leuenberger a rappelé à quel point la Suisse, pays alpin, était vulnérable aux changements climatiques. En 2005, les dégâts causés par la fonte des glaciers, les éboulements et autres catastrophes ont atteint un montant estimé à 2 milliards de francs.

«La Suisse est affectée par le réchauffement de la planète et n’est pas en mesure de résoudre ces problèmes seule. Elle doit aussi réduire ses émissions de CO2 si elle veut rester crédible face à la communauté internationale», a déclaré le président de la Confédération.

L’avenir de la politique climatique

Prenant place dans le cadre d’un processus prévu sur plusieurs années, la conférence préparatoire de Rüschlikon a aussi porté sur l’avenir de la politique climatique ainsi que sur les priorités de l’Afrique et des pays en développement.

Des représentants des Etats-Unis, de l’Australie, de l’Inde et de la Chine étaient notamment présents. «Même sans avoir signé Kyoto, les Etats-Unis et l’Australie sont membres du processus et participent aux discussions», a expliqué Moritz Leuenberger.

«L’Australie s’engage même à aller plus loin que ce qui est prévu par le Protocole de Kyoto.»

swissinfo et les agences

– Le Protocole de Kyoto, amendement à la Convention de l’ONU sur les changements climatiques, a été approuvé en 1997, à l’exception notable des Etats-Unis et de l’Australie. Il est entré en vigueur en 2005.

– Il prévoit, d’ici à 2012, la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 5,2% par rapport à 1990.

– La Suisse s’est dotée en 2000 d’une loi qui prévoit une réduction des émissions de CO2 de 10% d’ici à 2010.

– En octobre 2005, le Parlement a introduit le «centime climatique» sur les carburants et une taxe sur les huiles de chauffage est à l’étude.

– Si cela ne suffit pas, une taxe sur le CO2 pourrait être introduite.

Emissions de CO2 par secteur (en 2000):
Production d’énergie: 24,5%
Déforestation: 18,2%
Industrie: 13,8%
Transports: 13,5%
Agriculture: 13,5%
Autres: 12,9%
Déchets: 3,6%

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