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Une vague de démission affecte la lutte contre le blanchiment en Suisse

Daniel Thelesklaf, ex-patron du Bureau de communication en matière de blanchiment, a démissionné en août. Keystone

Les Quinze sont réunis à Luxembourg pour discuter de la lutte contre le blanchiment des capitaux. Or, sur ce front, rien ne va plus en Suisse. D´ici à la fin de l´année, les quatre spécialistes de la lutte contre le blanchiment auront démissionné.

Les effectifs du Bureau de communication en matière de blanchiment se limitaient à quatre personnes. Fin août, le chef et son adjoint ont claqué la porte pour dénoncer le manque de moyens. Les deux derniers collaborateurs viennent tout juste de quitter le navire pour le même motif.

C’est un mauvais coup pour l’image de la Suisse. L’annonce du départ des deux derniers employés du Bureau de communication en matière de blanchiment tombe plutôt mal pour la Confédération. Les Quinze, réunis lundi et mardi à Luxembourg, discutent précisément sur le moyen de lutter le plus efficacement possible contre le blanchiment des capitaux.

L’Union européenne ne cesse de réclamer une meilleure coopération avec les pays considérés, à juste raison ou non, comme des paradis fiscaux. Or, Daniel Thelesklaf, 36 ans, le patron du Bureau de communication et ses trois collaborateurs révèlent que la Suisse n’a finalement pas de vraie stratégie en matière de lutte contre le blanchiment!

Les membres de cette petite cellule, qui fonctionne depuis le 1er avril 1998, souhaitaient se transformer en centre de compétences produisant des analyses fouillées. Avec 370 dossiers enregistrés en une seule année (soit un peu plus d’une affaire par jour), le Bureau de communication se réduisait à un centre élaborant des déclarations.

Devant l’Association suisse des banquiers en août dernier, Daniel Thelesklaf n’avait pas gardé sa langue dans sa poche, soulignant qu’une stratégie de lutte contre le blanchiment incluait d’abord la définition des moyens pour l’entreprendre. De son côté, l’Office fédéral de la police (OFP) annonce que le Bureau de communication passera prochainement à six personnes.

Il reste à savoir si l’Administration pourra trouver des personnes compétentes. Les banques, les fiduciaires et autres assureurs, qui offrent pourtant des salaires très attractifs, peinent à dénicher des spécialistes pour contrôler l’origine de tous les fonds qu’ils voient passer.

Ian Hamel

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