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Vallotton: une reconnaissance internationale

Félix Vallotton: "Femme se coiffant", 1900 (Musée national d'art moderne) swissinfo.ch

A Lyon, une centaine de peintures et autant de gravures et dessins illustrent l'art complexe, et «très singulier», de Vallotton. Une magnifique exposition.

La rétrospective que le Musée des beaux-arts de Lyon, en collaboration avec le Musée Cantini de Marseille, consacre à Félix Vallotton (1865-1925) intervient plus de vingt ans après que le Petit Palais de Paris a tenté de rendre justice au peintre suisse, Français d’adoption.

Or, cette fois, la tentative devrait être réussie: depuis 1979, la cote de Vallotton est largement remontée, et la présente exposition succède à de semblables manifestations dédiées, dans le même musée lyonnais, à d’autres peintres nabis, Vuillard et Maurice Denis (nabi : «Nom adopté par de jeunes peintres indépendants qui voulaient s’affranchir de l’enseignement officiel», in Le Robert).

L’entreprise semble devoir hausser Vallotton au rang de ces maîtres, tout en le situant en marge, comme l’indique le titre de l’exposition, emprunté au fondateur de la Revue Blanche, Thadée Natanson : «Le très singulier Vallotton».

Illustrant les années de formation à Paris, la période nabie, c’est-à-dire le tournant du siècle, le thème des baigneuses et autres nus, enfin le paysage et les scènes de la Première Guerre, elle permet de se faire une bonne idée de la singularité de Vallotton. En tant que nabi, il apparaît comme bien moins intimiste, dans le sens de doux et de convivial, que ses pairs Bonnard et Vuillard. Ses intérieurs, à lui, sont oppressants, théâtre de la haine latente et du malentendu.

Quant à son style, s’il emprunte bien au synthétisme de Gauguin, s’il prise par moments les aplats et les teintes crues, il reste foncièrement réaliste – mais ce réalisme est magique, on pourrait même dire irréel. On aura compris la complexité de l’artiste, auteur d’une charmante «Valse» chantant les années folles comme de cette version grandiloquente du «Crime châtié», ou encore de «L’Enlèvement d’Europe».

Laurence Chauvy

Musée des beaux-arts de Lyon (place des Terreaux 20). Jusqu’au 20 mai. L’exposition sera présentée au Musée Cantini à Marseille en été 2001.

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