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Vekselberg nie être sous influence du Kremlin

Keystone

Viktor Vekselberg, marionnette de Moscou? Le milliardaire russe, dont les affaires marchent de mieux en mieux en Suisse, se défend de ce reproche.

Renova, la société holding de Viktor Vekselberg, a provoqué ces deux dernières années des ondes de choc dans le secteur industriel suisse en reprenant des compagnies aussi bien établies qu’Oerlikon et Sulzer.

Présent au Swiss Economic Forum de Thoune, l’homme d’affaires a démenti les rumeurs selon lesquelles ses opérations seraient financées par des fonds de l’Etat russe. Il a également affirmé que son but n’était pas de faire rapidement de l’argent en revendant des entreprises suisses.

La presse en effet n’a pas manqué de relever les rencontres régulières de Viktor Vekselberg avec l’ancien président et actuel premier ministre Vladimir Poutine.

Tactiques agressives

En septembre, des journaux avaient rapporté que l’ancien ministre russe de l’économie German Gref avait menacé les intérêts des milieux d’affaires suisses en Russie lorsque la Commission fédérale des banques avait commencé à s’intéresser aux tactiques agressives que Renova déploie pour reprendre des entreprises.

«L’Etat russe n’a aucune participation [dans Renova], mais en Suisse, certains disent qu’elle est entre les mains du Kremlin. Mes rencontres avec le président ont été interprétées comme des séances au cours desquelles il me donnerait des instructions», a déclaré le milliardaire devant un parterre de patrons de petites et moyennes entreprises.

«C’est tout simplement absurde. Nos investissements dans des produits suisses n’ont rien à voir avec le gouvernement russe ou le capital d’Etat russe.»

Corruption

Viktor Vekselberg a admis que l’élévation rapide de la Russie au rang de puissance économique globale avait suscité des problèmes – dont la corruption n’est pas le moindre. Il a cependant insisté sur le fait que son pays était sur la bonne voie pour «vaincre cet horrible mal».

«L’Europe et les Etats-Unis ont eu deux siècles pour mettre sur pied leurs économies de marché. La Russie a dû faire cela en 15 ans, a-t-il relevé. A ce rythme, il était fatal que des erreurs soient commises, mais nous avons aussi appris de ces erreurs.»

Au cours des dernières semaines, Renova est sorti vainqueur de la lutte avec son ancien allié, le groupe autrichien Victory, pour obtenir le contrôle total d’Oerlikon et de Sulzer.

Divers medias ont fait allusion à des plans secrets visant à fusionner ces entreprises avec d’autres compagnies industrielles suisses afin de créer un géant de l’industrie.

Viktor Vekselberg n’a pas commenté ces rumeurs. Il a préféré écarter les inquiétudes de ceux qui font de lui un spéculateur désireux de revendre ses acquisitions au plus offrant dans un proche avenir.

«Folie russe»

Le Russe a insisté sur le fait que sa philosophie des affaires était fondée sur les principes de confiance, d’honneur et de respect.

«Ces 18 années [depuis la création de Renova], je n’ai jamais rien vendu de significatif, car chaque compagnie est pour moi quelque chose qui ressemble à un enfant – je suis peut-être un sentimental. Que cela vous plaise ou non, nous sommes ici pour durer», a-t-il dit.

«Nous aimerions devenir de véritables citoyens d’affaires de votre pays si hospitalier, a ajouté Viktor Vekselberg. Nous faisons de notre mieux pour comprendre vos traditions sociales, historiques et culturelles. Et en échange, nous espérons bien vous apporter un peu de folie russe et un rythme plus rapide.»

swissinfo, Matthew Allen à Thoune

Cinquième fortune de Russie, l’homme «pèse» 8,1 milliards de francs suisses, gagnés essentiellement dans le pétrole et l’aluminium.

Marié et père de deux enfants, ce grand collectionneur d’œufs de Fabergé vit à Zurich, où il a récemment acheté un luxueux appartement.

Il est le patron du groupe Renova, qui fut longtemps associé avec Glencore, compagnie de commerce de matières premières, basée à Zoug, avant de se lancer dès 2006 dans l’achat de participations dans des entreprises industrielles suisses.

La dixième édition du SEF, qui réunit chaque année les patrons des petites et moyennes entreprises (PME), s’est terminée ce vendredi à Thoune, dans l’Oberland bernois. La ministre suisse de l’Economie Doris Leuthard y a plaidé en faveur de l’ouverture des entreprises suisses à l’international.

L’idée en est née en 1998 devant une assiette de spaghetti entre Stefan Linder et Peter Stähli, désireux de promouvoir les PME et l’innovation. L’année suivante, le premier SEF, placé sous le thème de la communication, attirait 460 hommes et femmes d’affaires.

Cette année, le thème est la performance de pointe et le Forum réunit 1200 participants. Parmi eux, le milliardaire russe Viktor Vekselberg, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani et le patron de Novartis Daniel Vasella.

Les PME sont les entreprises qui emploient jusqu’à 250 personnes. En Suisse, elles forment 99,7% des 307’000 compagnies du secteur privé et donnent du travail à 66,8% des actifs.

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