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Vente des frégates françaises à Taiwan: nouvelles découvertes en Suisse

Les frégates du scandale. Keystone

Il y a deux semaines, l'Autorité de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment d'argent bloquait à Zurich 250 millions de francs, liés à la vente de six frégates françaises à Taiwan. Les enquêteurs viennent de découvrir 270 millions de francs supplémentaires.

En 1991, la France vend six navires de guerre à Taiwan pour 16 milliards de francs français. La transaction est difficile, car officiellement, Paris ne reconnaît pas la Chine nationaliste.

Pour éviter le courroux de Pékin, la société française Thomson décide de verser de très copieuses commissions. Roland Dumas, l’ancien ministre des Affaires étrangères, parle de 5 milliards de francs français de commissions!

Devant des pots-de-vin aussi alléchants, tout le monde décide de se servir. Les Taiwanais prendront 65%, les Chinois 20%, et les Français le reste. Le grand répartiteur de la manne? Andrew Wang Chuan-Fu, aujourd’hui âgé de 73 ans et réfugié aux Etats-Unis.

Cet ancien agent de Thomson à Taiwan dépose autour de 400 millions de francs suisses à l’UBS à Zurich. Pour une raison encore inconnue, son fils Bruno, un jeune designer, décide cette année de transférer l’argent dans d’autres établissements financiers, le Credit Suisse et sa filiale, la banque Leu.

Le Temps, dans son édition de samedi, révèle que d’importantes sommes d’argent auraient également pris le chemin de la Banca della Svizzera italiana, de la Banque Sarasin et de la banque Julius Bär. Quelques 120 millions de francs supplémentaires «ont été bloqués sur des comptes découverts au Luxembourg et au Liechtenstein», ajoute le quotidien genevois.

Au total, les enquêteurs ont mis la main sur 520 millions de francs suisses, soit 2,2 milliards de francs français, l’équivalent de la moitié des commissions versées en 1991. Il est pour le moins curieux que depuis une décennie les bénéficiaires n’aient pas commencé à dépenser cet argent.

En Suisse, c’est le juge genevois Paul Perraudin qui suit ce dossier. Enquêtant sur l’affaire Elf, il avait découvert qu’Alfred Sirven, l’ancien numéro deux d’Elf, avait également tenté de détourner 160 millions de francs français à l’occasion de la vente des six frégates à Tapei.

Pour réaliser son forfait, il s’était fait aider par Christine Deviers-Joncour, la maîtresse de Roland Dumas. Par le plus grand des hasards, l’ancien ministre de François Mitterrand affirmait le 18 juin dernier dans une interview accordée au quotidien parisien Le Figaro qu’il connaissait les bénéficiaires des commissions. «Les intéressés savent que je sais», lâchait-il

Ian Hamel

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