Visas pour les USA: voyageurs suisses en sursis
Les autorités américaines pourraient reporter d’une année l’obligation faite aux Suisses de se munir d’un visa ou d’un nouveau passeport pour se rendre aux Etats-Unis.
Mais, d’ici octobre 2004, les exigences pour une entrée sur sol américain devraient encore monter d’un cran.
Depuis les attentats du 11 septembre, n’entre plus aux Etats-Unis qui veut. Et le renforcement des mesures de sécurité aux frontières va bientôt concerner également les ressortissants des 27 pays – dont la Suisse – qui pour l’heure peuvent s’y rendre sans visa.
Initialement, les autorités américaines avaient fixé le délai au 1er octobre 2003. Passé cette date, les Suisses n’auraient pu se rendre aux Etats-Unis que munis d’un visa, ou d’un nouveau passeport.
La dernière version du sésame rouge à croix blanche comporte en effet un code-barre qui rend possible sa lecture optique. Et les machines sont réputées plus fiables que les douaniers, qui avaient laissé entrer la plupart des terroristes du 11 septembre malgré leurs visas périmés ou falsifiés.
«Quelques adaptations techniques»
Mais l’annonce de cette mesure a suscité un tollé de protestations de la part des pays concernés – soit, outre la Suisse, essentiellement les pays de l’Union européenne et le Japon. Au point que Washington vient de leur proposer un délai.
Moyennant quelques adaptations techniques, l’obligation «nouveau passeport ou visa» pourrait en effet n’entrer en vigueur que le 26 octobre 2004.
En quoi consistent exactement ces adaptations techniques? Au ministère suisse des affaires étrangères, Alessandro Delprete ne peut pas en dire plus. «Les modifications demandées devraient en principe être réalisables», se borne à répondre le porte-parole.
Les autorités suisses promettent en tous les cas de rendre leur réponse rapidement. Et la balle sera ensuite dans le camp de Washington.
Un passeport à puce
Mais, quoi qu’il arrive, le 26 octobre 2004 marquera également une autre échéance. A cette date, entre en force une loi votée par le Congrès, qui obligera les voyageurs à être munis d’un passeport portant des «données biométriques».
Or, à l’heure actuelle, aucun passeport au monde ne satisfait encore à cette exigence – pas même le passeport américain.
«Il s’agirait d’une puce électronique, contenant uniquement une version digitalisée de la photo visible sur le passeport», explique Jack Zetkulic, chargé d’affaires à l’ambassade des Etats-unis à Berne.
Au terme de négociations avec leurs partenaires, les Américains ont en effet renoncé à y inclure également les empreintes digitales et la photo de l’iris.
Les nouveaux passeports suisses seront-ils dès lors bons pour la poubelle? Pas sûr. Au ministère de la justice, on se contente d’indiquer que les données biométriques pourraient, le cas échéant, être intégrées au passeport dernier modèle.
Pour en avoir le coeur net, le gouvernement a commandé mercredi une étude à l’Office fédéral de la police. Ses conclusions sont attendues pour l’été 2004. Et comme la Suisse ne peut pas se payer le luxe de faire cavalier seul, elle entend bien coopérer avec les Etats de l’Union européenne.
En l’état actuel en effet, peu de pays sont en mesure de se conformer à cette demande américaine dans les délais. Un report a d’ores et déjà été envisagé au niveau international.
Jack Zetkulic est bien conscient du problème. «Il est clair que de nombreux pays n’arriveront pas à satisfaire à cette exigence, simplement pour des raisons financières», admet le chargé d’affaires de l’ambassade US.
S’armer de patience
Pour les ressortissants de ces pays, comme pour les Suisses qui voyageront encore avec l’ancien passeport, il ne restera alors plus d’autre solution que le visa.
Visa dont l’obtention tient du chemin de croix. En vertu des nouvelles règles sécuritaires américaines, il est en effet indispensable de passer un entretien personnel à l’ambassade pour obtenir le feu vert.
A Berne, seuls deux fonctionnaires de la représentation US sont affectés à ces entretiens. Il faudra donc compter plusieurs semaines entre la demande de visa et son obtention finale.
Autant dire que qui prévoit de se rendre aux Etats-Unis devra s’y prendre très longtemps à l’avance.
swissinfo, Marc-André Miserez
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.