Construction: les patrons veulent traîner le SIB devant la justice
La Société suisse des entrepreneurs va déposer plainte contre le SIB, le Syndicat Industrie & Bâtiment, pour violation de la paix du travail. L’espoir d’une sortie de crise repose dans une médiation voulue par le conseiller fédéral Pascal Couchepin.
La Société suisse des entrepreneurs va déposer plainte contre le SIB, le Syndicat Industrie & Bâtiment, pour violation de la paix du travail. L’espoir d’une sortie de crise repose dans une médiation voulue par le conseiller fédéral Pascal Couchepin.
Entre patrons et syndicats, l’affrontement tourne à l’épreuve de force judiciaire. Aux menaces de grève brandies par les syndicats, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) répond en agitant les tribunaux. La SSE a annoncé, jeudi, son intention de déposer plainte pour violation de la paix du travail contre le Syndicat Industrie & Bâtiment (SIB).
Et selon Daniel Lehmann, chef du département de la politique patronale à la SSE, cette plainte sera introduite la semaine prochaine devant le tribunal arbitral, institué par la convention collective de travail (CCT). Une CCT dénoncée pour fin mars par les syndicats, fâchés par l’attitude patronale.
En effet, la SSE a refusé, fin janvier, d’accorder une augmentation salariale de 100 francs par mois à tous les employés de la construction, comme le prévoyait le compromis accepté dans un premier temps par les deux parties.
Les patrons ont préféré maintenir leur proposition antérieure: 80 francs pour tous, plus 30 francs sous la forme d’un salaire au mérite. Résultat: les syndicats sont passés, comme promis, à la vitesse supérieure. En maintenant la pression sur le terrain, dans les chantiers, pour préparer une éventuelle grève.
Mais tous les espoirs d’une sortie de crise ne sont pas totalement perdus. Mandaté par le conseiller fédéral Pascal Couchepin, Jean-Luc Nordmann, le patron de la Direction du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie, a proposé sa médiation. Oralement et, pour l’instant, sans proposition concrète. Les patrons ont, d’ores et déjà, accepté le principe d’un arbitrage étatique. Reste à convaincre le syndicat SIB, dubitatif sur cette proposition de dernière minute.
Du côté du SIB, en effet, la méfiance et l’ironie prévalent. «Il est surprenant que les patrons les plus libéraux fassent appel à ce même Etat pour mener une médiation: c’est paradoxal», souligne Jean Kunz. Pour le secrétaire central du SIB, le «conflit n’est pas encore engagé. Il est encore temps pour les grands défenseurs de la liberté et du partenariat de se mettre à la table de négociations pour discuter sérieusement».
Dans la bouche de Jean Kunz, cette offre de dialogue s’apparente à une ultime chance pour la préservation de la paix du travail. Le SIB se réunit en conclave le 9 mars prochain. Une échéance importante durant laquelle le parlement des travailleurs de la construction aura la possibilité d’évaluer la situation et de se déterminer clairement sur une proposition de médiation clairement formulée.
Jugurtha Aït-Ahmed

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