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IBM devra faire face à la colère des Tziganes

Les nazis tenaient des comptes précis des victimes de l'Holocauste. Keystone Archive

Les Tziganes de Suisse assignent en justice le géant de l'informatique pour sa complicité dans l'holocauste. Une sérieuse menace pour IBM.

«La prescription des faits pose un problème juridique. Mais sur le fond de l’accusation, IBM va perdre ce procès.» L’avocat Henri-Philippe Sambuc part confiant dans une procédure inédite en Suisse. Il est mandaté par l’association genevoise GIRCA (Gypsy international recognition and compensation action). Une organisation qui agit au nom de cinq plaignants tsiganes.

Ce sont tous des survivants de l’holocauste ou descendants de victimes du IIIe Reich. Et ils réclament à la compagnie américaine environ 100 000 francs suisses d’indemnité pour tort moral.

Comme l’explique May Bittel, président de la GIRCA, la compagnie américaine aurait contribué d’une manière décisive à l’organisation de l’Holocauste. Et ce, en toute connaissance de cause.

Complicité active

L’accusation est grave. Elle s’appuie largement sur les révélations du journaliste américain Edwin Black dans son livre «IBM et l’holocauste», publié il y a tout juste un an.

On peut y lire que le régime nazi a abondamment utilisé les machines à cartes perforées – ancêtre de l’ordinateur – fournies par la filiale allemande d’IBM. Une technologie qui a grandement facilité, selon Edwin Black, l’organisation industrielle des massacres perpétrés par les nazis.

C’est donc sur cette base que Henri-Philippe Sambuc va tenter de démontrer la complicité active de la maison mère à New York, via son quartier général européen établi à l’époque à Genève. Un siège qui contrôlait l’activité de l’ensemble des filiales européennes, y compris, selon Edwin Black, celle d’Allemagne.

Une première étape

Mais la procédure entamée jeudi à Genève n’est qu’une première étape. Si elle aboutit à la condamnation d’IBM, une avalanche de procès risque de s’abattre sur le géant de l’informatique.

L’objectif de la GIRCA est en effet de permettre à l’ensemble des victimes de l’holocauste et à leurs descendants directs d’obtenir des compensations de la compagnie américaine.

Henri-Philippe Sambuc estime leur nombre à un minimum de 500 000, en se basant sur les dossiers reconnus par l’accord global entre les banques suisse et les organisations juives, tout comme ceux de la fondation allemande pour les réparations des crimes du nazisme.

Frédéric Burnand, Genève

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