L’UDC inflige un camouflet politique à Adolf Ogi

Réuni samedi en congrès extraordinaire, l'UDC a décidé de soutenir le référendum visant à empêcher l'armement défensif des soldats suisses à l'étranger.Il a également écarté le principe d'une adhésion à l'ONU.
C’est pour l’honneur mais aussi pour faire oeuvre de pédagogie politique qu’Adolf Ogi a engagé samedi un bras de fer qu’il savait perdu d’avance. Il n’empêche: la décision de l’UDC est un véritable camouflet politique, infligé au Conseiller fédéral.
Les délégués de l’Union démocratique du centre (UDC), réunis samedi à Unterentfelden dans le canton d’Argovie,ont estimé que l’envoi de soldats armés en mission de paix à l’étranger nuirait gravement à la neutralité de la Suisse. Ils ont décidé par 279 voix contre 104 de soutenir un éventuel référendum contre la révision de la loi sur l’armée.
Une large majorité a donc suivi Christoph Blocher. Le conseiller national zurichois et président de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN). a affirmé qu’une telle révision revenait à envoyer des troupes suisses dans des zones de combat à l’étranger, ce qui serait totalement contraire par ailleurs à la neutralité suisse.
Une alliance contre-nature gauche-droite se met ainsi en place pour combattre le projet de révision. Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA) s’est prononcé la semaine passée en faveur du référendum lancé il y a quelque temps par l’ASIN.
Le vote est intervenu après un débat passionné. La majorité des intervenants étaient en faveur du référendum. Dans l’autre camp, ce sont surtout des Bernois qui se sont fait entendre. Le conseiller d’Etat et chef des finances bernoises Hans Lauri est ainsi monté au podium.
Tous les Romands n’ont pas rejoint les Bernois: des intervenants valaisans et fribourgeois ont partagé l’avis majoritaire, en dépit de l’appel du pied que le Conseiller fédéral Adolf Ogi leur a fait en début de journée.
Adolf Ogi a prêché dans le désert en appelant ses collègues de parti à se prononcer en faveur de l’adhésion de la Suisse à l’ONU. Les délégués ont rejeté par 261 voix contre 64 une résolution de la section des Grisons demandant le soutien de l’UDC à l’adhésion à l’ONU. De même, une résolution de la section bernoise demandant que la parti examine une telle adhésion a été écartée par
247 voix contre 91.
La combativité d’Adolf Ogi n’a pas suffit à renverser la tendance. «C’est justement parce que nous sommes neutres qu’il nous faut rejoindre l’ONU», a-t-il lancé. Selon lui, la Suisse ne doit pas se contenter de payer 500 millions de francs à l’ONU et ne pas défendre activement ses valeurs et ses intérêts sur la «place du village mondial» que constitue l’ONU.
Il faut dire que l’UDC a fait donner l’artillerie. Le conseiller national zurichois Christoph Mörgeli s’est en particulier livré à un panorama de ce que doit être la neutralité selon le parti. Il a été acclamé mais la table des Bernois est restée silencieuse. C’était voulu, a assuré le conseiller d’Etat Hans Lauri. Ce dernier a rappelé que le parti cantonal s’est récemment prononcé en faveur de l’adhésion à l’ONU et pour l’armement défensif des soldats suisses à l’étranger.
Le congrès a examiné et adopté un document de politique étrangère. Au coeur du texte, le maintien d’une neutralité stricte de la Suisse. Déjà approuvé par les instances dirigeantes du parti, le document brosse en une trentaine de pages la politique étrangère que l’UDC entend défendre.
Les délégués avaient jusqu’au 23 juin pour remettre par écrit les propositions de changement ou de complément. Les propositions bernoises et grisonnes destinées à atténuer le texte n’ont eu aucune chance devant le plénum.
En résumé, le texte prône une neutralité strictement observée, le maintien de la notion de «Sonderfall» pour la Suisse, pas d’engagement de soldats suisses à l’étranger et un refus de l’adhésion à l’ONU. Rien de nouveau, néanmoins une thématisation soumise à l’approbation formelle des délégués du parti.
swissinfo avec les agences

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