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La BCGe est mise en cause en France

A Lyon, la justice ouvre une information pénale contre la Banque Cantonale de Genève (BCGe) pour blanchiment. En 2001, Genève avait classé la même affaire.

L’affaire remonte à 1999. Bernard Monnot (ancien directeur de la filiale française de la BCGe) accuse la banque suisse d’avoir blanchi de l’argent après son départ.

Il se montre même particulièrement précis. Selon lui, la Banque cantonale aurait blanchi 573 millions de francs français (140 millions de francs suisses) entre 1996 et 1999.

En février 2001, dans les colonnes du magazine Objectifs Rhône-Alpes, Bernard Monnot va plus loin. Et il ne mâche pas ses mots.

«Je sais que l’on m’a révoqué pour pouvoir faire du blanchiment d’argent à grande échelle dans cet établissement», affirme-t-il. En ajoutant qu’il s’agit «d’argent au noir, provenant de fraudes fiscales et d’activités criminelles.»

Des accusations particulièrement graves. D’ailleurs, la filiale française de la BCGe a porté plainte. Et le procès en diffamation de son ancien directeur s’est ouvert le 5 mars 2002, plus d’une année après.

Mais le Tribunal de grande instance de Lyon a reporté l’audience au 24 mai. Motif? Le parquet de Lyon a ouvert une information pénale contre la Banque cantonale de Genève pour blanchiment d’argent.

Pas la moindre preuve

Curieux. D’autant plus qu’en octobre 2001, après une année d’investigations sur la filiale lyonnaise de la BCGe, le juge Laurent Kasper-Ansermet est arrivé à la conclusion que la Banque cantonale ne pouvait pas être accusée d’avoir blanchi de l’argent.

Selon le magistrat genevois, «rien ne permet de reprocher aux responsables concernés de la BCGe un comportement contraire à l’article 305 bis». Dans son ordonnance, Laurent Kasper-Ansermet affirme que Bernard Monnot n’a jamais été en mesure d’apporter la moindre preuve à ses accusations.

Quoi qu’il en soit, le procureur de la République de Lyon a ouvert une information judiciaire sur la base d’un document remis par le député socialiste Arnaud Montebourg.

Il aurait été intéressant de savoir pourquoi un document aussi sensible n’a pas été remis à la justice helvétique qui a enquêté sur la filiale française de la BCGe. swissinfo a tenté de joindre le député pour en savoir plus. En vain.

Un pays fréquentable

Rapporteur de la mission anti-blanchiment de l’Assemblée nationale, Arnaud Montebourg s’est appuyé sur le cas de la BCGe France pour démontrer que la Suisse n’est pas un pays fréquentable.

En février 2001, il a même mis en cause personnellement Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque de France, en l’accusant d’avoir fermé les yeux sur les agissements de la BCGe.

Reste à savoir pourquoi les magistrats français et suisses n’ont pas collaboré sur ce dossier.

swissinfo/Ian Hamel

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