La Suisse salue la libération d’un chef des FARC
Le président colombien Alvaro Uribe a libéré lundi un chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). La Suisse, la France et l'Espagne saluent cette décision.
Ces trois pays unissent leurs efforts pour trouver une solution au conflit qui oppose la guérilla et les autorités colombiennes. Ils appellent les FARC à faire un geste après la libération de Rodrigo Granda.
Ancien chef des FARC au Venezuela et membre le plus important de ce groupe à être emprisonné en Colombie, Rodrigo Granda avait été capturé le 13 décembre 2004 à Caracas. Cette action avait provoqué une crise diplomatique entre le gouvernement d’Hugo Chavez et Bogota.
Rodrigo Granda était en effet considéré comme le ‘ministre des affaires étrangères’ de la principale guérilla de Colombie.
Dans communiqué publié en commun avec Paris et Madrid, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a indiqué que la France, l’Espagne et la Suisse saluaient cette «initiative importante» de Bogota.
Par cet acte, les autorités colombiennes «manifestent leur volonté de faire avancer l’échange humanitaire», a déclaré le DFAE. La France, l’Espagne et la Suisse «encouragent les FARC à répondre à cette initiative de manière constructive».
Les trois pays «poursuivront leurs efforts afin de réaliser une solution humanitaire dans les meilleurs délais et ainsi ouvrir la voie à la paix», selon le communiqué.
Interrogé par l’agence télégraphique suisse (ATS), un porte- parole du DFAE n’a pas souhaité donner plus de précisions.
Espoirs
Reste que la libération de Rodrigo Granda relance les espoirs de libération pour l’otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Celle-ci est détenue depuis 2002 par les FARC, à l’instar d’une cinquantaine d’autres personnes, dont trois Américains capturés en 2003.
La libération de Granda fait partie du plan présenté par le président colombien, qui a déjà autorisé la relaxe de 190 rebelles en signe de bonne volonté. Un premier groupe de 56 guérilleros des FARC est sorti mardi de la prison de Chiquinquirá.
Ce premier groupe comprend trois femmes. Les guérilleros démobilisés se sont engagés formellement lundi à renoncer à la lutte armée.
Une «farce»
Le président Alvaro Uribe a précisé que cette libération était intervenue à l’initiative du président français Nicolas Sarkozy. Ce dernier a immédiatement reçu la famille d’Ingrid Betancourt pour faire le point de la situation. Astrid Betancourt, la sœur d’Ingrid, a salué un «geste de bonne volonté» de Bogota.
«Rodrigo Granda a été libéré cet après-midi», a déclaré Alvaro Uribe lors d’une intervention télévisée. «Le gouvernement lui a donné toutes les garanties afin qu’il puisse se comporter en acteur du processus de paix», a-t-il poursuivi.
Dimanche, la direction des FARC avait fait savoir qu’elle n’accordait aucun crédit à ces libérations. Elle a qualifié le plan du président colombien de «farce», posant la démilitarisation des municipalités de Florida et de Pradera comme préalable à toute négociation.
swissinfo et les agences
Depuis décembre 2005, la Suisse, la France et l’Espagne multiplient les efforts de médiation. Ces trois pays ont notamment proposé la création d’une zone démilitarisée de 280 km2 pour faciliter les négociations entre gouvernement et guérillas pour un accord humanitaire sur les otages en Colombie.
Le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) forte de 17’000 hommes se combattent depuis quatre décennies.
Les FARC ont été créées dans les années 1960 et contrôlent aujourd’hui près de 40% du territoire colombien notamment dans les jungles et les pleines au pied de la Cordillère des Andes.
Reconnues comme organisation terroriste par les Etats-Unis et les l’Union européenne, les FARC affirment représenter les pauvres du monde rural contre les classes riches.
Les FARC se financent à l’aide d’une multitude d’activités incluant la prise d’otages, l’extorsion, le détournement et la participation directe ou indirecte au marché de la drogue.
Les FARC réclament la libération de plus de 500 rebelles emprisonnés par le gouvernement colombien en échange de celle de 57 otages «politiques» sur un total de 1100 otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, qu’elles détiennent depuis plus de cinq ans.
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