Les ambiguïtés américaines sur Yeslam Binladin
Yeslam Binladin, frère du «suspect numéro 1» des attentats aux Etats-Unis, est mis en cause dans plusieurs rapports des services secrets. Mais les Américains n'ont jamais apporté la preuve de leurs accusations contre ce citoyen suisse.
Arrivée en Suisse en 1973, Yeslam Binladin (c’est ainsi qu’il orthographie son nom), préside depuis 1980 la société de services financiers, comptables et administratifs, Saudi Investment Company SICO, à Genève. Jusqu’à l’année dernière, cet homme d’affaires discret n’a jamais fait parler de lui. Pourtant, le 20 septembre 2000, le Conseil d’Etat genevois émet un avis négatif sur sa naturalisation.
Naturalisation accordée
«Les services secrets américains ont cherché à entrer en contact avec lui pour qu’il collabore. Yeslam n’est-il pas le demi-frère du terroriste Oussama, le plus recherché dans le monde ?», commente Dominique Poncet, l’un de ses avocats. Yeslam Binladin, qui n’a pas revu son demi-frère depuis 1981, refuse de dialoguer avec les Américains.
Par représailles, les services des Etats-Unis ont-ils porté des accusations très graves contre Yeslam Binladen et la société SICO ? Résultat, le financier d’origine saoudienne n’obtient pas sa naturalisation, mais il demande un réexamen de son dossier par le Grand Conseil genevois. En mai 2001, le patron de Saudi Investment Company obtient la nationalité suisse.
«Vous pouvez être assuré que sa naturalisation a été examinée au millimètre par les policiers fédéraux à Berne, comme par le service chargé des naturalisations à Genève», ajoute Dominique Poncet. D’ailleurs, l’une de ses filles n’a-t-elle pas résidé aux Etats-Unis ?
Un rapport franco-américain
Malgré cela, un rapport d’enquête officiel franco-américain de 56 pages, dont une synthèse a été publiée la semaine dernière par le quotidien économique français La Tribune, laisse entendre que SICO aurait toujours des relations avec Oussama Ben Laden, considéré comme le «suspect numéro 1» des attentats meurtriers aux Etats-Unis.
Agé de 51 ans, Yeslam Binladin est classé par le mensuel économique Bilan parmi les 300 personnalités les plus riches de Suisse, avec une fortune supérieure à 100 millions de francs.
L’homme d’affaires, considéré par ses amis comme «modéré», voire «timide», a toujours évité que sa photographie apparaisse dans les journaux ou à la télévision. Dans un communiqué, il a qualifié les attentats « d’acte odieux», ajoutant que «quiconque a commis cet acte est impardonnable ».
Ian Hamel

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