UBS prévoit le vainqueur de l’Euro… pas les «subprimes»
Une étude d'UBS prédit que la République tchèque va remporter le Championnat d'Europe de football. La Suisse va éliminer l'Allemagne et sera demi-finaliste.
Lors du Mondial 2006, les économistes de la première banque du pays avaient correctement pronostiqué l’Italie grâce à une méthodologie originale.
Les analystes d’UBS seraient-ils plus compétents en football qu’en finance? Le géant bancaire helvétique a été totalement pris de court par la chute des crédits immobiliers américains à risque.
L’établissement a subi une dépréciation de 18,4 milliards de dollars en raison de la crise des «subprime» et enregistré une perte historique de 4,4 milliards de francs en 2007.
En matière de ballon rond, en revanche, ses économistes semblent avoir le nez creux.En 2006, UBS avait pronostiqué plusieurs mois avant le début de la Coupe du Monde de football en Allemagne que l’Italie l’emporterait.
Ceci alors que la probabilité d’une victoire des «Azzuris» n’était que de 9%, loin derrière les favoris comme le Brésil, l’Argentine, l’Angleterre ou l’Allemagne.
Le modèle appliqué par la banque avait également prédit deux des quatre demi-finalistes (50%), six des huit quarts de finalistes (75%) et treize des seize équipes (81%) présentes au tour précédent. Un taux de réussite qu’envierait actuellement bien des investisseurs en Bourse.
Une méthode issue des échecs
UBS a appliqué au football le système Elo, développé par le physicien hongro-américain Arpad Elo (1903-1992) pour classer les joueurs d’échecs.
Cette méthodologie prend en compte non seulement les précédents résultats des équipes, mais également le contexte dans lequel les matchs ont eu lieu.
Les analystes d’UBS Wealth Management Research ont aussi étudié le potentiel des équipes à partir de la valeur marchande de leurs joueurs.
Le footballeur qui a actuellement la plus grande valeur sur le marché est le Portugais Cristiano Ronaldo.
En utilisant cette méthode pour l’Eurofoot qui de déroulera cet été, l’UBS pronostique que les Tchèques, qui disputeront le match d’ouverture le 7 juin prochain à Bâle contre la Suisse, seront aussi présents en finale le 29 juin à Vienne.
Opposée à l’Italie, la République tchèque remportera le match après une séance de tirs au but, annonce l’UBS avec une prévision très hardie.
Selon cette étude, l’Autriche, pays co-organisateur, ne devrait pas passer les qualifications. Même destin pour la France qui serait éliminée par l’Italie et les Pays-Bas.
La Suisse a 65% de chance de terminer en tête de son groupe et elle se retrouverait en demi-finale après avoir battu les Allemands. Dans l’autre demi-finale, l’Italie devrait prendre le dessus sur les Pays-Bas.
L’Euro plus dur que la Coupe du Monde
«Par rapport au Mondial, les prévisions sont moins sûres car le Championnat d’Europe est bien plus concurrentiel et difficile, la République tchèque n’a, au début du tournoi, qu’une probabilité de 7% de soulever la Coupe», annonce avec prudence la première banque suisse.
A défaut de retrouver sa crédibilité en Bourse où ses actions sont délaissées, l’UBS pourrait obtenir la confiance des bookmakers. Mais il est peu probable que la perspicacité en matière de football de ses analystes suffise à mettre un peu de baume au cœur de Marcel Ospel, le patron de la banque.
swissinfo, Luigino Canal
L’Euro 2008 se déroulera du 7 au 29 juin 2008.
Pays organisateurs, la Suisse et l’Autriche sont automatiquement qualifiés.
31 matches seront joués dans quatre villes suisses (Bâle, Berne, Genève et Zurich) et quatre villes autrichiennes (Insbruck, Klagenfurt, Salzbourg et Vienne).
La finale aura lieu le 29 juin à Vienne. L’équipe suisse disputera ses matches de qualification à Bâle.
Issue de la fusion en 1997 de la Société de Banque Suisse (SBS) et de l’Union de Banque Suisse, UBS est la plus grosse banque helvétique et la dixième mondiale. Elle emploie 80’000 collaborateurs.
En 2000, la première grande acquisition du nouveau groupe est PaineWebber, le quatrième plus gros courtier des Etats-Unis, qui vient combler un vide stratégique et régional dans les affaires de gestion de fortune d’UBS.
Par contre, les acquisitions des «hedge funds» Long Term Capital Management puis Dillon Read Capital Management tournent au désastre. Tous deux s’effondrent sous le poids de leurs dettes.
En juillet 2007, deux mois après la chute de Dillon Read, le CEO Peter Wuffli est débarqué et remplacé par Marcel Rohner avec effets immédiats. Trois mois plus tard, UBS supprime 1500 emplois dans son activité de banque d’investissement.
Au départ, la banque annonce une dépréciation d’actifs liée à la crise du subprime de 4 milliards de francs. Mais elle boucle l’année sur une perte de 4,4 milliards après un amortissement de 21,3 milliards.
Son exposition dans le subprime et d’autres crédits peu sûrs pourrait encore atteindre 80 milliards de dollars. D’où de nouvelles dépréciations escomptées, qui dépendront de l’évolution de la valorisation de ces actifs sur le marché.
Depuis le début de 2008, le titre UBS a perdu un tiers de sa valeur. Et la moitié de celle-ci sur six mois.
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