Viktor Kortchnoï irrésistible
L'événement fera date dans l'histoire des échecs. En enlevant à 70 ans le tournoi des grands maîtres de Bienne, Viktor Kortchnoï a réalisé une authentique sensation en imposant sa loi à une armada de grands maîtres de tout premier plan.
L’exploit est énorme. Durant quinze jours, la planète noire et blanche s’est agitée un peu partout à mesure des exploits à répétition du fringant ancien vice-champion du monde. Et vendredi, Viktor Kortchnoï n’a pas dû forcer son talent dans son ultime rendez-vous.
Visiblement à bout de forces et peu enclin à livrer une grande bataille, le Russe Peter Svidler s’est contenté d’un match nul en 16 coups, abandonnant ainsi son sceptre gagné l’été passé pour terminer au second rang.
La troisième marche du podium est finalement occupée par Boris Gelfand, en demi-teinte dans ce tournoi où il était le grand favori (8 nuls en 10 matches).
Lors de la dernière ronde, le prodige russe Alexander Grischuk (17 ans!) a fêté son premier succès, se défaisant du Biennois Yannick Pelletier, qui a craqué en fin de tournoi. Ce qui ne doit en rien faire oublier son incroyable performance d’ensemble qui lui a permis de se faire au nom au niveau international. Son 4e rang final relève de l’exploit!
Du grand Kortchnoï
Reste que «le lion de Leningrad» a dominé la cuvée 2001 du Festival. «Kortchnoï était bel et bien le meilleur dans ce tournoi», reconnaît Peter Svidler. «Ce fut du Kortchnoï de la grande époque», souligne Boris Gelfand.
Les uns après les autres, les grands maîtres tels Gelfand (no 9 mondial), Grischuk (demi-finaliste du championnat du monde), Lautier (no1 français) ont dû admettre sa supériorité. Seul Peter Svidler n’a pas dû baisser pavillon face à Viktor Kortchnoï (deux matches nuls), lui-même surpris de se retrouver à pareille fête.
«Avant ce tournoi, je n’étais que le no5 sur la ligne de départ, déclarait l’inusable Kortchnoï. J’avais adopté un profil bas et je m’étais fixé comme objectif de consolider mon classement mondial.» Et de rajouter, fidèle à lui-même. «Je continuerai à jouer aux échecs tant que je pourrai prouver aux jeunes ce dont je suis encore capable. Pourquoi pas même jusqu’à 80 ans…»
Jonathan Hirsch
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