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Les Suisses fidèles à leur armée de milice

Pas de professionnalisation en vue pour l'armée suisse. Keystone

La Suisse conservera sa traditionnelle armée de milice. Les citoyens ont massivement refusé dimanche une initiative demandant la suppression du service militaire obligatoire. La Suisse reste ainsi l'un des quelques pays européens, avec l'Autriche, à maintenir un système de conscription.

Depuis la fin de la Guerre froide, plusieurs grands pays européens ont abandonné le système de conscription. Lors des votations fédérales de ce dimanche, les Suisses étaient invités à leur emboîter le pas. Ils devaient en effet se prononcer sur un initiative populaire du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) qui demande l’abandon du service militaire obligatoire.

Mais cette proposition a été balayée. Elle a été refusée par tous les cantons et par presque les trois quarts (73,2%) des citoyens. Pour le GSsA, dont l’initiative pour l’abolition de l’armée avait recueilli 35,6% des voix en 1989, le revers est cuisant.

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Gauche qui pleure, droite qui rit

La gauche, qui soutenait généralement l’idée d’abolir le service militaire obligatoire, se montre déçue. Ce refus très net est «regrettable», note le Parti socialiste dans un communiqué.

La question de l’armée «mobilise beaucoup moins la population», a constaté Pierre-Alain Fridez. Le député socialiste a au passage rappelé que son parti continuera de militer pour une armée plus petite et centrée sur les vrais dangers actuels.

Dans les rangs de la droite, qui s’opposait à l’abolition du service militaire obligatoire, la satisfaction est grande devant la netteté du score.

Ce refus massif montre «l’attachement des Suisses à une armée de milice», a notamment déclaré le député Christophe Darbellay, président du Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit). «Il faut espérer que cette gifle pour la gauche nous prémunira des attaques du GSsA pour les 20 prochaines années», a-t-il ajouté.

Le ministre de la Défense a pour sa part pris acte avec satisfaction du clair rejet de l’initiative. «C’est une attitude positive face à l’armée et à la sécurité», a-t-il déclaré devant la presse. Ueli Maurer se montre donc positif par rapport à la votation qui s’annonce sur l’achat de nouveaux avions de chasse. «Je pense que le résultat d’aujourd’hui permet un certain optimisme pour le Gripen», a-t-il dit.  

Commerce: la gauche reste vigilante

La modification de la Loi sur le travail a été approuvée par un peu plus de la moitié de la population (55,8%). Cette révision ne constitue pas une révolution. Il s’agit simplement de permettre aux stations-service ouvertes 24 heures sur 24 de vendre l’ensemble de leur assortiment entre 1 heure et 5 heures du matin, ainsi que le dimanche. Jusqu’à présent, elles ne pouvaient vendre que des produits pouvant être consommés sur place, mais pas des produits nécessitant une préparation (par exemple des surgelés).

La droite et les milieux économiques saluent ce changement. Le peuple ne s’est pas laissé berner par la gauche et les syndicats, s’est par exemple réjoui le député libéral-radical (PLR / droite) Christian Lüscher. Selon lui, les citoyens ont su comprendre que cette votation ne traitait pas de la libéralisation des heures d’ouverture des magasins, mais qu’elle visait seulement à supprimer une absurdité bureaucratique.

A gauche, le Parti socialiste dit «prendre le camp bourgeois au mot»: le résultat de ce dimanche ne porte que sur la fin de la limitation de l’assortiment de 24 stations-service ouvertes non-stop. Pour le reste, les socialistes annoncent d’ores et déjà qu’ils continueront à lutter «avec véhémence» contre tout projet d’extension des heures d’ouverture des commerce la nuit et le week-end. Même son de cloche du côté du Parti évangélique pour qui «il s’agit à présent de s’exprimer clairement contre tout autre souhait de libéralisation.»

Vaccination obligatoire

La nouvelle Loi fédérale sur les épidémies a également été acceptée par 60% des voix. Celle-ci vise à adapter la base légale actuelle, qui date de 1970, aux nouveaux défis sanitaires, avec des maladies infectieuses qui se propagent de plus en plus vite, comme l’ont montré la grippe aviaire ou la grippe porcine. Elle contient aussi un programme de lutte contre les maladies nosocomiales, c’est-à-dire les infections contractées à l’hôpital et pour lequel il n’existe actuellement pas de base légale.

En fait, l’ensemble du débat s’est focalisé autour de la vaccination. En effet, la nouvelle loi donne à la Confédération la possibilité de rendre une vaccination obligatoire, un droit dont seuls les cantons disposaient jusqu’à aujourd’hui. Or la vaccination suscite depuis longtemps des réticences chez une partie de la population, principalement en Suisse alémanique. Le fait que 40% des votants aient refusé la loi, alors qu’aucun parti n’y était formellement opposé, montre que cette opposition n’était de loin pas anecdotique.

Participation honorable

Les trois objets ont incité davantage de Suisses à voter que d’habitude. La participation dépasse les 46%, un score honorable mais pas exceptionnel.

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