Yverdon ne veut pas de l’Espace d’Ailleurs
A plus de deux contre un, les habitants d'Yverdon-les-Bains ont refusé que le nuage d’Expo.02 accueille le musée de la science-fiction et une antenne de l'Agence spatiale européenne.
Chez les promoteurs du projet, c’est évidemment la déception, face à une belle occasion manquée.
Les urnes ont rendu leur verdict: «Blur», l’icône d’Expo.02 à Yverdon, finira vraisemblablement en pièces détachées, comme le Monolithe de Morat.
Dimanche, les citoyens de la ville ont refusé par 4950 voix contre 2227 que leur commune participe à la transformation de la structure du nuage en un Espace d’Ailleurs résolument futuriste.
«C’est une grande déception, non seulement pour la Maison d’Ailleurs, mais surtout pour la ville d’Yverdon. C’est une véritable opportunité qui a été ratée», regrette Patrick Gyger, directeur du musée de la science-fiction.
Déçu également, Rémy Jaquier, maire de la commune, explique ce refus en grande partie par la morosité conjoncturelle ambiante.
Un choix de société
«C’était presque une sorte de choix de société, poursuit Patrick Gyger. Il s’agissait de positionner la ville vers les technologies de pointe, et je crois qu’une certaine partie de la population a plutôt choisi de continuer à vivre sur les acquis.»
Malgré cela, tant le maire que le directeur du musée jugent positif le taux de participation à ce scrutin, qui a atteint 56%. Un score nettement plus élevé que celui des précédentes votations communales.
«Le fait qu’un petit lieu culturel comme le nôtre, même d’une culture que certains jugent marginale ou alternative, puisse faire bouger une ville constitue déjà une belle réussite», se réjouit Patrick Gyger.
Une vitrine de l’espace
Le vote des Yverdonnois ne portait que sur la part communale au financement du projet. Soit un cinquième des 10 millions de francs du devis total.
Mais malgré cela, le «non» des citoyens sonne définitivement le glas de l’Espace d’Ailleurs.
Concrètement, il était prévu d’édifier sur la plate-forme existante un bâtiment futuriste de 60 mètres de long, 20 mètres de large et sept mètres de haut. Il devait abriter la Maison d’Ailleurs, mais également des salles de conférences, un restaurant et une terrasse publique.
La construction, réalisée en fibres de carbone et autres matériaux d’avant-garde développés par l’industrie spatiale, devait aussi servir de vitrine technologique à l’Agence spatiale européenne (ESA). Laquelle était prête à injecter 2,8 millions de francs dans le projet.
Parallèlement enfin, un incubateur d’entreprises dédié aux technologies spatiales aurait été développé au Parc scientifique et technologique d’Yverdon (Y-Park).
D’après les initiateurs du projet, l’Espace d’Ailleurs aurait pu attirer de 30 à 40’000 visiteurs par année.
Une campagne passionnée
Salué comme «génial» ou «extraordinaire» par la presse ou par le directeur du tourisme vaudois, le projet jouissait d’un fort soutien des autorités de la commune d’Yverdon.
Depuis quelques semaines, les courriers des lecteurs des journaux se faisaient l’écho des prises de positions passionnées des uns et des autres. Du côté des opposants, on reprochait notamment à l’Espace d’Ailleurs son esthétique totalement inhabituelle sur les paisibles rives du Lac de Neuchâtel.
Mais vendredi encore, un chroniqueur du quotidien vaudois 24 heures voyait dans ce vote une chance de «hisser Yverdon de son faux nuage vers de vraies étoiles.»
Les urnes en ont décidé autrement.
swissinfo, Marc-André Miserez et les agences
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.