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Zurich 2014 ou la chronique d’une mort annoncée

Douche froide pour Zurich: pas d’Eurofoot et pas de JO. Keystone

En moins d’une semaine, la plus grande ville de Suisse décide d’abandonner deux projets sportifs d’envergure. Après l’Eurofoot 2008, Zurich renonce en effet à une candidature pour les JO de 2014.

Ce nouvel échec ne fait que s’ajouter à la longue liste des déconvenues du couple Suisse-Jeux olympiques.

Mais que faudra-t-il encore pour décourager définitivement Swiss Olympic?

Malgré les échecs à répétition des candidatures helvétiques, les pontes de l’organe faîtier du sport suisse continuent d’encourager les villes et les régions à postuler comme éventuelles organisatrices de Jeux olympiques d’hiver.

Et pourtant, après Davos, Saint-Moritz, Sion (2 fois) et Berne-Montreux, c’est maintenant Zurich, l’Unique, selon le nom donné à son aéroport, qui vient de jeter l’éponge en évoquant des soucis financiers et un manque de soutien populaire.

Malgré cela, Swiss Olympic persiste à croire que le pays est en mesure d’accueillir cet événement d’envergure. Walter Kägi fait même son mea culpa et annonce l’obligation de son organisation de prendre davantage d’initiatives.

«On ne peut pas simplement attendre que quelqu’un vienne. Il faut aller vers les gens», reconnaît le président de Swiss Olympic.

Toujours plus vite…

Reste que, depuis les larmes versées sur la place de la Planta à Sion suite à la désignation de Salt Lake City par le CIO, les éventuelles velléités de candidature ont toutes été tuées dans l’œuf.

L’aventure Berne 2010 s’est ainsi terminée dans les urnes sur un refus populaire et Zurich 2014 n’ira pas plus loin que le stade du projet.

Dans les faits, la Suisse n’a accueilli les Jeux olympiques d’hiver qu’à deux reprises, en 1928 et en 1948. Les deux fois à Saint-Moritz. Depuis? Plus rien!

«La Suisse a tout ce qu’il faut pour accueillir des Jeux d’hiver, contre-attaque Marco Blatter. Il manque peut-être juste un anneau pour le patinage de vitesse.»

Le directeur exécutif de Swiss Olympic regrette le désistement de la candidature zurichoise, mais ne désarme pas.

«Nous disposons de tout ce qu’il faut en Suisse. Même d’une piste de bob. Et nous n’avons besoin de construire ni autoroutes, ni nouvelles lignes ferroviaires, ni téléphériques pour accueillir des Jeux d’hiver.»

«Je ne comprends pas que cela ne soit pas mis davantage en évidence dans une vision de développement durable», regrette-t-il.

Précarité des finances et manque de soutien populaire



Swiss Olympic analyse en ce moment la série d’échecs des candidatures suisses et planche sur un nouveau mode de fonctionnement plus enclin à donner des résultats.

L’organe faîtier du sport suisse se dit même prêt à soutenir toute nouvelle candidature en sollicitant, pourquoi pas, l’appui de la Confédération.

Mais, depuis la baffe valaisanne, le mal semble définitivement fait. Associés à cela, la frilosité d’éventuels investisseurs, la précarité financière des finances publique et le manque d’engouement populaire risquent d’avoir raison des plus audacieux.

Sans compter que désormais, l’échéance la plus proche se situe déjà en 2018. Les JO d’hiver 2006 auront lieu en Italie (Turin), ceux de 2010 au Canada (Vancouver) et le choix de 2014 sera arrêté au mois de juillet 2007 par le CIO.

Inverser la spirale infernale



«La Suisse se trouve dans une spirale infernale, assène Jean-Loup Chappelet. Et si les responsables de Swiss Olympic veulent essayer d’inverser la tendance, ils sont obligés de prendre leur bâton de pèlerin, d’aller sur le terrain à la recherche de candidats potentiels.»

Pour le professeur de l’IDHEAP (Institut des hautes études en administration publique), spécialiste de l’Olympisme, la Suisse possède les atouts techniques nécessaires à l’organisation de JO d’hiver.

Mais il est impératif que la Confédération change son fusil d’épaule en matière de financement pour réussir à proposer une candidature viable.

Pour l’heure, cette dernière se retranche derrière la loi pour pratiquer une politique minimaliste en la matière et n’accorder qu’un tiers des sommes engagées par la (ou les) commune(s) et le (ou les) canton(s) concernés par l’événement. Et ce, alors même que la portée internationale de Jeux olympiques n’est plus à démontrer.

«A l’heure actuelle, conclut Jean-Loup Chappelet les politiciens et les citoyens suisses sont très sceptiques. Ils pensent qu’en ces temps difficiles, le jeu n’en vaut pas la chandelle. C’est donc politiquement que Swiss Olympic doit réussir à trouver des solutions… mais cela n’est pas gagné d’avance!»

swissinfo, Mathias Froidevaux

– Les promoteurs de «Zurich 2014» pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver ont annoncé leur renoncement mardi dernier.

– La Suisse n’a organisé qu’à deux reprises des Jeux olympiques (hiver). En 1928 et 1948 et les deux fois à Saint-Moritz.

– De nombreux projets ont échoué. Rappel:

– 1985: refus par les citoyens grisons du crédit nécessaire à la candidature de «Davos, Saint-Moritz, Vaud et l’Oberland bernois» aux JO de 1996.

– 1995: la candidature de Sion 2002 passe à la trappe au profit de Salt Lake City.

– 1999: Sion est battu pour la seconde fois et les JO 2006 sont attribués à Turin.

– 2002: les Bernois refusent en votation un crédit de 22,5 millions pour la candidature de Berne 2010.

– 2004: abandon du projet Zurich 2014.

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