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Bye, bye Swissair

Avec la fin de Swissair, c'est toute une époque de l'aviation civile qui se termine. Keystone Archive

Le couperet est tombé lundi soir, brutal. L'UBS et le Credit Suisse rachètent Crossair, qui va reprendre la plupart des activités aériennes de Swissair. Plus de 2500 emplois vont passer à la trappe. Le groupe aérien demande en outre le sursis concordataire pour une bonne partie de ses activités.

On a beau retourner la situation dans un sens ou dans un autre, il faut se rendre à l’évidence : Swissair, l’entreprise de transport aérien fondée en 1931, va disparaître. Une compagnie suisse devrait certes continuer à relier les cinq continents. Mais elle sera plus modeste, taillée sur le modèle Crossair.

«Il est essentiel pour la population, l’économie et la place financière de notre pays qu’une compagnie nationale opère à partir de la Suisse.» C’est ainsi que le patron de l’UBS, Marcel Ospel, a justifié lundi soir l’opération de sauvetage lancée en commun par sa banque et le Credit Suisse Group.

Un nouvel homme fort : André Dosé

Les deux banques mettent plus d’un milliard de francs suisses sur la table. Elles rachètent à Swissair Group 70% des actions de Crossair. Elles injectent 500 millions dans la compagnie bâloise et octroient à Swissair un crédit relais de 250 millions de francs.

Le nouvel homme fort de l’aviation civile, en Suisse, s’appelle André Dosé, le directeur général de Crossair. Il va s’atteler à une vaste restructuration, en intégrant dans sa compagnie les opérations de Swissair, tout en les réduisant. «Swissair était devenu trop grand. Elle s’était trop concentrée sur le trafic de transit. Nous allons réduire cela», explique André Dosé.

2560 emplois en moins

Ainsi la flotte long courrier devrait passer de 35 à 26 avions. Pour le trafic à l’intérieur de l’Europe, 26 Airbus vont subsister, soit une réduction de 25 à 30%. Et c’est dans le même ordre de grandeur que le personnel de Swissair devrait être touché. 2560 emplois vont être supprimés, dont 1750 en Suisse.

Le reste des employés sera repris par Crossair. Aux conditions de Crossair ? «C’est à négocier avec le personnel», répond André Dosé. C’est dès le 28 octobre déjà, au début de l’horaire d’hiver, que la compagnie nouvelle formule devrait être opérationnelle. La marque Swissair, elle, devrait subsister.

Sursis concordataire

Par contre, c’est la liquidation qui attend une partie du groupe. Une demande de sursis concordataire – une première étape du processus, qui permet d’offrir une protection contre les créanciers – doit être déposée mardi pour SAirGroup, Flightlease et SAirLines.

Cette mesure va avoir des répercussions à l’étranger, où le groupe dispose d’une série de participations dans des compagnies aériennes. Ainsi, Mario Corti a annoncé lundi que Swissair Group n’était pas en mesure de verser les 200 millions de francs dus à la compagnie belge Sabena. Il en va de même pour les 100 millions qui devaient aller à Air Littoral, en France.

Le choc du 11 septembre

Après un peu plus de six mois d’efforts, Mario Corti se retrouve donc aujourd’hui à la tête d’une entreprise en liquidation. Il est revenu lundi assez longuement sur la chronologie de la catastrophe, en évoquant le rôle joué par les attentats de New York et Washington: «Le patient était déjà malade. Le choc du 11 septembre était trop fort pour qu’il survive.»

Quant au Conseil fédéral, qui était réuni lui aussi lundi soir pour se pencher sur le cas Swissair, il a décidé de ne pas participer au capital de Crossair, comme le proposaient pourtant les nouveaux propriétaires, les banques. Le gouvernement relève encore que la création d’une nouvelle compagnie constitue la meilleure solution pour assurer l’avenir.

Pierre Gobet, Zurich

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