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Eclats de voix à Davos entre Erdogan et Peres

Reuters

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a laissé éclater sa colère jeudi soir lors d'un débat sur Gaza organisé au Forum économique de Davos. Ne pouvant riposter, faute de temps, au président israélien Shimon Peres, il a quitté la salle peu avant la fin de la discussion.

Le World Economic Forum (WEF) est devenu jeudi soir le théâtre d’un incident diplomatique entre la Turquie et Israël. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a en effet quitté la session consacrée au processus de paix au Moyen-Orient en claquant la porte. Et en promettant qu’il ne remettrait plus les pieds au WEF.

Motif de la discorde? Les propos tenus par le président israélien Shimon Peres dans le cadre de la session, son ton, et le fait que le modérateur n’ait pas laissé au Premier ministre turc le temps de répondre. Selon Recep Tayyip Erdogan, Shimon Peres aurait en effet eu droit à 25 minutes de micro, soit deux fois plus que lui. Shimon Peres a défendu la politique de son pays avec une rare véhémence. Il s’est lancé dans un long et vif plaidoyer en faveur de l’Etat hébreu.

Le ton de Peres en cause

Peu après l’incident, le dirigeant turc est venu expliquer son geste devant les médias. Le regard noir, le ton sec, il a fustigé la partialité de la médiation de Iganatus David, éditorialiste du Washington Post. Une médiation jugée indigne du dialogue ouvert pratiqué à Davos. Mais son irritation va bien au-delà du chronomètre.

Ainsi le chef d’Etat a-t-il vertement critiqué le ton sur lequel Shimon Peres s’est exprimé. «A plusieurs reprises, il s’est tourné vers moi, et s’est adressé à moi d’une manière qui ne correspond pas du tout à l’esprit des discussions ouvertes qui se tiennent ici.»

Le Premier ministre a ensuite insisté sur le fait que lui n’avait pas élevé la voix, «parce qu’il respecte l’âge de M. Peres.» Ainsi le dirigeant turc a-t-il écouté sans broncher le président israélien qui a crié dans son micro à plusieurs reprises, espérant avoir le temps d’y répondre. Mais le modérateur a coupé court, ne lui laissant pas l’opportunité de donner sa version des faits sur la guerre qui a mis la bande de Gaza à feu et à sang durant trois semaines.

«Nous connaissons les faits. Ce qu’a dit M. Peres n’est pas vrai», a insisté Recep Tayyip Erdogan. Un point de vue que partage Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, qui participait lui aussi à ladite session. «M. Peres a dit beaucoup d’inexactitudes, auxquelles ni M. Erdogan ni moi n’avons eu la possibilité de répondre.» Et de lancer dans un élan d’agacement: «Israël a une place spéciale à Davos».

On calme le jeu

Mais l’Egyptien a tenu à désamorcer l’idée que le clash pourrait nuire aux bonnes relations qu’entretiennent les deux pays. L’enjeu est considérable, puisque Ankara joue le rôle de médiateur dans le conflit du Proche-Orient.

«Cela ne causera aucun dommage à leurs relations», a-t-il insisté. De son côté, le Premier ministre turc a tenu à rappeler le respect qu’il a pour Israël, soulignant que son comportement ne visait pas le peuple israélien et qu’il avait toujours considéré l’antisémitisme comme un crime contre l’humanité.

swissinfo: de Davos, Linda Bourget/La Liberté

La présidence de l’Etat en Israël a catégoriquement démenti vendredi que le président Shimon Peres ait présenté la veille des excuses au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui venait de quitter un débat sur le conflit à Gaza.

Amicale. «Cette allégation n’a pas le moindre fondement», a déclaré la porte-parole de la présidence, Ayelet Frish. Elle a confirmé en revanche que M. Peres avait appelé M. Erdogan, affirmant que les deux dirigeants avaient eu une «conversation amicale».

Milliers. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été fêté en héros à son retour dans son pays après son éclat face au président israélien Shimon Peres lors du WEF de Davos. Des milliers de personnes l’ont accueilli à l’aéroport d’Istanbul.

Conquérant. Les manifestants brandissaient des drapeaux turcs et palestiniens, ainsi que des banderoles proclamant: «Bienvenue, conquérant de Davos» ou «Monde, regarde notre Premier ministre». Des slogans anti-israéliens ont également été scandés.

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