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Guy Parmelin, le terrien vaudois propulsé au Conseil fédéral

Le suspense pour l'élection du Conseil fédéral n'aura pas duré longtemps mercredi. Il n'a fallu que trois tours à l'Assemblée fédérale pour élire le démocrate du centre vaudois Guy Parmelin à la succession d'Eveline Widmer-Schlumpf. Reuters

Considéré au départ comme un outsider de son parti, l'UDC Guy Parmelin a été élu facilement mercredi au Conseil fédéral, où il succédera à Eveline Widmer-Schlumpf. L'agriculteur-viticulteur de Bursins est perçu comme un homme de dialogue sans grand relief. Portrait.

«Chez nous comme ailleurs, le travail de la terre n’est plus rémunéré normalement. Rendre attentifs les consommateurs aux conditions déplorables dans lesquelles se trouvent les agriculteurs est urgent»: sur son site internetLien externe, Guy Parmelin n’oublie pas de défendre ses origines terriennes.

Guy Parmelin en bref

Guy Parmelin est né le 9 novembre 1959. Il est originaire du village vaudois de Bursins, sur les bords du lac Léman. Après un cursus scolaire à Rolle, il obtient un baccalauréat à Lausanne en 1977.

Le Vaudois suit ensuite un apprentissage agricole dans la partie alémanique du canton de Fribourg puis est diplômé de l’école agricole de Marcellin en 1979. Il décroche une maîtrise agricole avec viticulture en 1985.

Guy Parmelin obtient son premier mandat politique en 1993 au parlement communal de Bursins, qu’il préside jusqu’en 1999. Il entre parallèlement au Grand Conseil (parlement) vaudois en 1994, où il restera jusqu’en 2003. Il préside l’UDC-Vaud entre 1994 et 2003.

L’UDC est élu au Conseil national (Chambre basse) en 2003, puis réélu en 2007 et 2011. Il a toutefois échoué à conquérir un siège au Conseil des Etats (Chambre haute) tant en 2007 qu’en 2011 face au ticket commun présenté par la gauche et les écologistes. 

Guy Parmelin est élu au Conseil fédéral (gouvernement) le 9 décembre 2015. 

A 56 ans, le conseiller fédéral est peu à peu devenu une figure bien connue du Conseil national (Chambre basse du Parlement), où il a été élu en 2003. Mais jusqu’à il y a peu et même s’il a été réélu facilement sous la Coupole à Berne en 2007 et 2011, peu de monde imaginait le citoyen de Bursins, sur La Côte vaudoise, accéder au Conseil fédéral.

Reste que l’Assemblée fédérale a choisi le 9 décembre de l’élire au Conseil fédéral pour succéder à Eveline Widmer-Schlumpf (PBD). L’UDC a été élu au 3e tour avec 138 voix, face notamment au Zougois Thomas Aeschi, devenant le premier ministre francophone de son parti.

Durcissement au Conseil national

Quand il siégeait au Grand Conseil (Parlement) vaudois, Guy Parmelin donnait une image plutôt centriste et pragmatique. A son arrivée à Berne, il a quelque peu radicalisé ses positions, revendiquant une ligne proche de celle de l’UDC nationale. Il a d’ailleurs promis de défendre fermement la ligne de son parti au Conseil fédéral, tout en respectant la collégialité.

Guy Parmelin reconnaît avoir changé en matière de politique sociale au contact de la scène fédérale: «Je suis devenu assez dur, ou plus réaliste, c’est selon», explique-t-il. «Les faits montrent que si l’on continue à développer les prestations sociales, sans priorité, on va dans le mur», ajoute-t-il.

«Je suis à 95% le programme de mon parti, avec quelques nuances sur des objets de société comme l’interruption de grossesse ou le diagnostic préimplantatoire, pour lequel j’ai voté oui», expliquait récemment l’agriculteur-viticulteur.

Berne plutôt que le gouvernement vaudois

Après avoir décroché un baccalauréat latin-anglais, Guy Parmelin s’est tourné vers l’agriculture. Il est co-propriétaire, avec son frère, d’un domaine de 36 hectares de grandes cultures, dont cinq en vignes. Aujourd’hui, il voue l’essentiel de son temps à la politique, consacrant quelque 20% de son pensum à sa ferme.

Après un passage au législatif vaudois et à la présidence de l’UDC cantonale, il refuse de se lancer dans la course à la succession de feu Jean-Claude Mermoud au Conseil d’Etat (gouvernement) en novembre 2011. Certains le lui reprochent, mais il a toujours assuré être davantage attiré par les dossiers fédéraux.

L’homme ne bénéficie ainsi d’aucune expérience au sein d’un exécutif, mais c’était aussi le cas du ministre de l’intérieur Alain Berset, rappelle-t-il. Autre handicap: Guy Parmelin ne maîtrise pas le suisse-allemand: il dit simplement «se débrouiller» en allemand. Après les auditions devant les groupes parlementaires, il s’est également fait épingler pour ses connaissances limitées en anglais.

Il avait voté «oui» à l’EEE

Troisième conseiller fédéral romand, Guy Parmelin fait désormais pencher l’équilibre des forces vers la région de l’Arc lémanique, dont il s’est présenté comme «le» candidat. Reste qu’il s’est retrouvé en porte-à-faux avec la région sur des sujets importants comme l’immigration de masse ou le fonds d’infrastructure ferroviaire.

En 1992 – «encore jeune et naïf», dit-il –, il avait voté oui à l’Espace économique européen (EEE). Vingt ans plus tard, il a fait partie du comité d’initiative contre l’immigration de masse, dont l’application tient du casse-tête. Il estime qu’à terme, la Suisse et l’Union européenne trouveront un accord, sans remettre en cause les accords bilatéraux.

Guy Parmelin doit toutefois plus son élection à sa bonhomie, son caractère agréable et son côté consensuel qu’à son parcours politique. Les parlementaires l’ont en effet préféré au Zougois Thomas Aeschi, jeune économiste brillant, multilingue et diplômé d’Harvard, dont on disait qu’il était le poulain – les voix plus critiques parlaient de «marionnette» – du chef de file de l’UDC Christoph Blocher.

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«Le triomphe de la mollesse»

«En élisant Guy Parmelin, le Parlement a une nouvelle fois retenu le candidat le plus malléable, pas le plus compétent», estime ainsi Le Temps dans un éditorial intitulé «Le triomphe de la mollesse». Le quotidien de boulevard alémanique Blick renchérit en affirmant que l’élection de Guy Parmelin est surtout une non-élection, celle de Thomas Aeschi, décrié par de nombreux parlementaires pour son côté premier de classe notamment.

«Amical, modeste, affable: telles sont les qualités de Guy Parmelin, mais également ses faiblesses. Personne n’attend du nouveau conseiller fédéral UDC qu’il apporte beaucoup de dynamisme» au sein du gouvernement, écrit l’éditorialiste du Blick.

«Sans aucun doute, l’Assemblée fédérale n’a pas élu aujourd’hui le candidat le plus valable à la succession d’Eveline Widmer-Schlumpf», renchérit le Tages-Anzeiger. Du point de vue de l’UDC, la candidature de Guy Parmelin était destinée à accroître la sympathie et le socle électoral de la droite conservatrice en terres romandes.

Mais pour ses adversaires, le calcul était tout autre, avance le quotidien zurichois: l’élection de Guy Parmelin est bien plus susceptible de compromettre l’ascension électorale de l’UDC que ne l’aurait été l’élection d’un candidat «surprise» hors du ticket officiel présenté par le parti, espèrent-ils.  

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