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Le Corviglia, un des vingt-quatre bâtiments de la flotte suisse de haute mer. www.swiss-ships.ch

La Chambre haute du Parlement a accepté un crédit de 600 millions pour sa marine. Qui ne compte plus que douze marins de nationalité suisse.

Demandé par le Conseil fédéral en novembre, ce crédit doit encore être accepté par les députés du Conseil national. Il s’agit, en réalité, d’une garantie de déficit octroyée sur dix ans.

D’ailleurs, depuis 1959, cette somme n’a jamais été utilisée. Et, à en croire le ministre suisse de l’Economie Pascal Couchepin, le risque qu’elle le soit est faible.

«Cet argent sert à principalement à obtenir de meilleures conditions financières lors d’achat de navires, explique Jacques Ducrest, de l’Office suisse de la navigation maritime (OFSNM).

Par ailleurs, si le gouvernement «aide» encore sa marine marchande, c’est pour pouvoir l’utiliser en cas de crise grave.

Vingt-quatre navires suisses

Concrètement, la flotte suisse de haute mer dispose aujourd’hui de 24 bâtiments gérés par six compagnies. Il s’agit, pour la plupart, de cargos qui transportent des matières sèches. Mais on compte aussi deux chimiquiers et, depuis peu, un tanker.

Même si elle ne représente que le 1% du trafic maritime mondial, cette flotte n’est pas inutile. En 2000, 17% du pétrole importé est arrivé par la mer, via le Rhin, grâce à la marine suisse.

Cela dit, le nombre de marins suisses qui naviguent sur ces bateaux a fondu comme neige au soleil.

«Le problème date de la fin des années 80, explique Jacques Ducrest. Lorsque la crise économique a obligé les armateurs à baisser leurs coûts d’exploitation. Et, par la force des choses, à engager des marins étrangers qui coûtent moins cher.»

Une embellie de courte durée

Pour tenter de faire face à ce problème, la Confédération a introduit une politique d’aide aux marins, entre 1990 et 1994. Et l’opération a porté ses fruits. Du moins provisoirement.

Ainsi, à la fin de1994, la flotte comptait 89 suisses sur 337 marins (officiers et sous-officiers compris), soit environ 30% du personnel navigant.

«Mais, précise Jacques Ducrest de l’OFSNM, cette embellie n’a été que de courte durée. Par manque d’argent, la Confédération a stoppé son aide.»

Et les conséquences ont été immédiates. Le pourcentage de marins suisses a chuté immédiatement de 30% à 15%. Et, depuis 1995, le nombre de marins de nationalité suisse n’a fait que de diminuer.

Et l’ordonnance fédérale de 1976 concernant la formation de capitaines et de marins n’y change rien. Cette aide financière aux études est en effet assortie d’un contrat obligatoire de 36 mois sur un bateau.

Une condition qui ne plait pas forcément. D’autant plus que, dans la marine, les salaires demeurent relativement bas.

Six mois en haute mer

Six mois en haute mer

Résultat: aujourd’hui, dans la flotte de haute mer, le pourcentage des Suisses n’est plus que de 2,9% (12 Suisses sur 415 navigants).

Cela dit, il n’y a pas que les bas salaires qui découragent les candidats. Selon Kurt Buergin, cette défection est aussi due aux longs séjours (six mois) à bord. Une période où les marins sont seuls et loin de leur famille.

Sans oublier que le travail est dur. «Durant six mois, les marins travaillent aussi le samedi et le dimanche, et pendant les escales», précise le chef du personnel de Suisse Atlantique.

Maigre consolation. Faute de pouvoir dépenser leur salaire, les derniers marins suisses réalisent de belles économies. D’autant qu’ils sont nourris et logés.

swissinfo/Jean-Louis Thomas

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