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Fumer un joint devra rester interdit

Fumer un joint restera illégal. Reuters

L'initiative populaire demandant la dépénalisation de la consommation du cannabis a été nettement rejetée par la Chambre basse du Parlement.

C’est donc la deuxième fois qu’il rejette une politique libérale envers la substance psychotrope. Le peuple aura le dernier mot.

Durant ce débat entamé le 4 décembre, les fronts sont restés figés au Conseil national. Droite et gauche se sont affrontées pendant des heures pour arriver à ce refus sans appel par 106 voix contre 70.

La majorité de droite a maintenu sa position de 2004 lorsqu’elle avait fait capoter la révision de la loi sur les stupéfiants. Celle-ci prévoyait une légalisation de la consommation de chanvre. Le Conseil fédéral, qui soutenait ce principe, a entre-temps retourné sa veste et préconise aussi le rejet de l’initiative.

Lancé à la suite du rejet de la révision de la loi, l’initiative «pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse» a été déposée en janvier 2006, munie de 105’000 signatures.

Echec de la politique actuelle

C’est pourquoi le Conseil national a dû à nouveau se pencher sur le dossier de la dépénalisation de la consommation du chanvre, les partisans de l’initiative estimant pour leur part que la politique actuelle a échoué.

Pour les socialistes, les Verts et une minorité radicale (droite), qui soutiennent le texte, il est temps de mettre fin à une situation hypocrite. Elle n’a pas empêché la consommation de masse et a créé un terrain favorable au marché noir, encourageant ainsi la criminalité et empêchant de protéger efficacement la jeunesse.

Dernière oratrice à s’exprimer lundi, l’écologiste zurichoise Marlies Bänziger a appelé à mettre un terme à «une situation schizophrénique qui compromet la crédibilité de l’Etat».

Mauvais message aux jeunes

A droite, l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste), le Parti démocrate-chrétien et la majorité du groupe radical-libéral ont estimé qu’une dépénalisation risquerait de banaliser le produit, envoyant ainsi un mauvais message aux jeunes.

Lundi, les opposants à l’initiative ont reçu le soutien du ministre Pascal Couchepin. Celui-ci a estimé qu’une réglementation isolée pour le cannabis ne se justifie pas: au même titre que d’autres drogues, sa consommation est nocive pour la santé et une politique de prévention doit prendre en compte les différentes substances psychotropes.

Pour le ministre de la santé, la question du cannabis doit être réglée au niveau de la loi sur les stupéfiants, dont une révision partielle doit être discutée par le Conseil des Etats (sénat) pendant la session en cours.

Le but est d’inscrire dans la loi la quadruple stratégie du gouvernement, laquelle prévoit la répression, la prévention, la thérapie et la diminution du fléau. Pascal Couchepin a toutefois souligné que la répression n’était pas une réponse suffisante.

Rejet aussi au Conseil des Etats?

Le dossier passe au Conseil des Etats. Felix Gutzwiller, médecin et représentant radical à la Chambre haute, est pour sa part favorable à une dépénalisation de la consommation par les adultes. Il appelle à trouver des solutions «au moins au niveau européen et que la Suisse ne peut rester une île».

«La dépénalisation est donc la prochaine étape. Et il faut absolument réglementer le marché afin d’empêcher que la substance devienne trop accessible», a-t-il expliqué à swissinfo.

This Jenny, conseiller aux Etats UDC, est opposé à une libéralisation totale. C’est pourquoi il aurait souhaité un contre-projet qui aurait permis une légalisation partielle. «L’initiative a peu de chances de passer, et si on veut vraiment protéger les jeunes, il faut une contre-proposition.»

Quoi qu’il en soit, le projet ne sera soumis au peuple en votation populaire en 2009 ou 2010.

swissinfo et les agences

La dépénalisation de la consommation de cannabis est un cheval de bataille de la gauche et de quelques politiciens de droite. La bataille a commencé au début des années 2000 avec la Révision de la loi sur les stupéfiants, rejetée en 2004 par le Parlement.

Déposée en 2006, l’initiative populaire «pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse» a été rejetée par le gouvernement.

Après le rejet de ce projet par la Chambre du peuple, il sera soumis à celle des Cantons au début 2008. Par contre on ignore quand il passera en votation populaire.

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