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L’écologiste Guy Morin, premier «maire» de Bâle

De parents Neuchâtelois immigrés à Bâle, Guy Morin est un «secondo».

Bâle est la seule ville de Suisse qui n'a pas d'administration communale. Et donc pas de maire. Cela a changé le 27 octobre: l'écologiste Guy Morin est devenu le premier président du demi-canton pour quatre ans. Un maire-président pour une ville-canton.

Officiellement désigné par ses pairs président du canton de Bâle-Ville le 27 octobre, Guy Morin, 52 ans, inaugure une nouvelle fonction de quatre ans qui équivaut à celle de maire.

Il ne cache pas son bonheur de pouvoir parler français, ce fils de parents neuchâtelois venus travailler dans l’industrie pharmaceutique bâloise. Ce qui a fait de lui un véritable «secondo» bilingue.

Du reste, son parcours, qui à ses yeux «forme une évolution cohérente», ne laissait pas prévoir une telle ascension, du militant d’opposition à l’homme d’exécutif capable de soutenir les compromis et la discrétion de la fonction.

Enchaîné à des arbres

Médecin de profession, cet écologiste a en effet un passé militant que l’on pourrait qualifier de «lourd». Secrétaire de l’organisation Médecins contre la guerre nucléaire, qui avait reçu le Prix Nobel de la Paix en 1985, il s’était enchaîné aux grilles de l’ambassade américaine de Berne. Un geste qu’il répètera pour empêcher la coupe de valeureux platanes dans sa ville, qui sont toujours là.

Il a aussi fait de la prison – en semi-détention – pour objection de conscience. Maintenant, le Ministère public et les prisons sont sous sa direction…

Au début de son mandat de ministre de la Justice, il y a quatre ans, Guy Morin avait frappé par des interventions solitaires peu compatibles avec la collégialité, notamment sur les sans-papiers. Mais elles ont peu à peu disparu. La plupart des Bâlois lui accordent aujourd’hui d’avoir «grandi dans la fonction».

Fidèle à ses idéaux

«Bien sûr, je ne peux plus m’enchaîner à des arbres aujourd’hui, déclare-t-il. Mais je crois être fidèle à mes idéaux. Je suis militant là où je peux avoir de l’influence, même si c’est dans un cadre qui est un peu moins ouvert au public.»

Si, quand il dit «mes collègues», il évoque les médecins et non les politiciens, Guy Morin, croyant qui ne cache pas ses convictions, dit ne pas regretter son cabinet médical, abandonné il y a quatre ans.

«Avant, je m’engageais sur le plan individuel, en aidant des personnes parfois contre des institutions qui sont maintenant sous ma responsabilité, comme les tutelles. Maintenant je m’engage sur le plan structurel.»

Défenseur des Romands

Le souci de l’ensemble et de la cohésion semble lui coller aux basques, de par son origine peut-être: Guy Morin est opposé à ce que Bâle rejoigne le groupement de cantons «Great Zurich Area», qui s’étend jusqu’à Coire pour la promotion économique. «Cela couperait vraiment la Suisse en deux entre Alémaniques et Romands, ce serait un très mauvais signal», dit-il.

Son côté romand, Guy Morin le revendique, dans une ville où la discrétion est une qualité supérieure, surtout au sein des riches élites. «Les Bâlois pourraient profiter de mon côté romand, lâche-t-il avec un sourire, car nous pouvons être fiers de notre ville.»

S’il n’est pas dit que le nouveau maire, organiste passionné, célèbre son «élection» tacite par un concert d’orgue, comme il l’avait fait, à la cathédrale, pour ses 50 ans, son professeur l’encourage à préparer un nouveau concert… Il n’en deviendra pas pour autant un maire qui fait sonner les grandes orgues…

swissinfo, Ariane Gigon à Bâle

Né en 1956 à Riehen (Bâle-Ville) de parents neuchâtelois. Médecin, il entre en politique en tant que secrétaire de «Médecins contre la guerre nucléaire – Suisse».

1998-2001: siège au Grand Conseil de Bâle-ville en tant que député écologiste.

2004: élu au gouvernement cantonal, il ferme son cabinet de généraliste et devient chef de la Justice.

27 octobre 2008: il est élu tacitement à la présidence.

Cas unique en Suisse, Bâle, 3e ville du pays (166’000 habitants) n’a pas d’administration communale. Le demi-canton ne compte que deux autres communes, Riehen et Bettingen.

La nouvelle Constitution du 30 octobre 2005 prévoit que le ou la présidente du gouvernement «préside les séances du collège pendant une législature. Il ou elle dirige, planifie et coordonne les activités du gouvernement en tant qu’autorité collégiale et le représente à l’interne et vis-à-vis de l’extérieur.»

Le département présidentiel aura pour tâche les relations extérieures et la promotion économique, mais aussi l’urbanisme et la culture.

Vaud a créé une présidence de 5 ans et plusieurs cantons, comme Glaris, de deux ans. Les autres appliquent la traditionnelle présidence tournante d’un an.

La semaine dernière, Elmar Ledergerber, maire de Zurich, annonçait sa démission pour s’occuper de son fils.

Michelle Obama, la femme du candidat démocrate à la Maison-Blanche, aurait posé comme condition à son mari qu’il voie ses deux filles au moins une fois par semaine.

A son élection en 2004, Guy Morin s’était vu lui aussi poser une condition par son épouse: qu’elle puiss elle aussi se développer avec une formation en sciences des soins, qu’elle est en voie d’achever.

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