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La Birmanie doit accepter plus d’aide internationale

Dans les zones sinistrées, ce sont aussi les moines bouddhistes qui viennent en aide, en distribuant par exemple des marmites pour cuisiner. Keystone

Les entraves mises par la junte birmane ne permettent pas aux humanitaires de répondre aux besoins des populations sinistrées par le cyclone Nargis. Tant Médecins sans frontières que l'agence de coopération suisse appellent à plus d'aide internationale.

«Les ONG locales et internationales présentes dans le delta de l’Irrawaddy (la région dévastée par le typhon) font tout ce qu’elles peuvent. Mais ça ne suffit pas à faire face aux besoins des rescapés», avertit Andreas Stauffer, porte-parole de l’agence suisse de coopération (DDC).

Un point de vue que partage Jean Sébastien Matte: «L’aide n’est pas à la hauteur des besoins. Il faut davantage de moyens, plus rapidement», confirme le chef adjoint de la cellule d’urgence de Médecins sans frontières (MSF) pour la Birmanie. Certes, dit-il, personne n’est mort de faim dans la zone du delta de l’Irrawaddy depuis le cyclone. Mais, il faut savoir que la population a reçu à peine de quoi survivre.

Dès lors, il faut augmenter et diversifier les distributions de nourriture, acheminer de l’eau potable, des médicaments, des semences pour replanter, note encore Jean Sébastien Matte, de retour d’une mission de trois semaines en Birmanie.

L’urgence est loin d’être terminée

«Il faut aussi beaucoup plus de moyens logistiques pour acheminer l’aide et toucher toutes les personnes sinistrées», souligne, de son coté, Andreas Stauffer en rappelant que la zone ravagée il y a six semaines par Nargis mesure environ 5000 km2, en bonne partie sous l’eau.

Un constat renforcé par le témoignage du responsable de MSF: «Nous atteignons des villages dans la partie du sud du delta qui n’ont vu encore personne. C’était le dernier moment pour arriver. L’urgence est loin d’être terminée.»

L’aide d’urgence (eau, médicaments, nourriture, abris) va même devoir continuer durant trois à six mois, précise le porte-parole de la DDC, alors que normalement cette première phase d’intervention après une catastrophe naturelle est beaucoup plus courte.

Selon Andreas Stauffer, la durée exceptionnellement longue de l’aide d’urgence tient à la nature du terrain où l’essentiel des déplacements ne peut se faire qu’en bateau ou en hélicoptère. Des difficultés logistiques qui vont augmenter ces jours avec l’arrivée de la mousson.

Les freins du régime militaire

Le responsable de la DDC pointe également les restrictions mises par la junte militaire à l’entrée des humanitaires et de l’aide internationale en Birmanie. «Seules les ONG qui ont déjà des collaborateurs locaux arrivent à travailler. Pour les autres (qui n’étaient donc pas présentes avant la catastrophe), il est toujours difficile d’obtenir des permis de séjour», souligne Andreas Stauffer.

Selon l’ONU, la moitié des habitants du delta de l’Irrawaddy (2,4 millions de sinistrés) n’ont toujours pas reçu d’aide internationale, après le passage du cyclone qui a fait officiellement plus de 133’600 morts ou disparus les 2 et 3 mai derniers. Estimation que Jean Sébastien Matte considère comme exagérée.

Une mission d’évaluation

Histoire de dissiper les doutes, une équipe de 250 spécialistes de l’humanitaire mandatés par l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) et l’ONU a commencé à se déployer dans le delta de l’Irrawaddy. Cette équipe d’évaluation des besoins d’aide doit rendre ses conclusions mi-juillet.

Mais la population birmane n’attend pas l’arrivée d’une aide plus massive pour se mobiliser. «La solidarité s’organise autour des moines et de leurs monastères, des abris en dur qui ont résisté aux ravages du typhon. Les hommes d’affaires birmans se mobilisent, eux, dans les grandes villes pour la reconstruction», raconte le responsable de MSF.

Et Jean Sébastien Matte de conclure: «Le delta d’Irrawaddy est le grenier à riz de la Birmanie. Mais il est inondé par l’eau de mer. Les nouvelles récoltes ne pourront donc pas avoir lieu avant l’année prochaine.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

La Suisse a déjà consacré 2,5 millions de francs pour les survivants, dont un million pour le Programme alimentaire mondial (PAM).

Au total, Berne est prêt à dégager 4 millions de francs en faveur des victimes.

Fin mai, la Suisse a accepté d’augmenter son aide dans le cadre de la conférence internationale des pays donateurs organisée conjointement par les Nations unies et l’Association des nations d’Asie du sud-est (ASEAN) à Rangoon.

La junte birmane a demandé plus de 11 milliards de dollars.

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