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Le super franc fait irruption dans la campagne électorale

La politique n’attire pas les jeunes puisque seulement 23% des moins de 40 ans a l’intention de voter le 23 octobre. Keystone

L'appréciation du franc a placé l'économie au centre de la campagne pour le renouvellement des Chambres fédérales en octobre. C’est ce que révèle le cinquième baromètre électoral de la SRG SSR, dont émerge une tendance à la stabilité des forces politiques.

Il y a un mois encore, il n’était pas question des problèmes économico-conjoncturels dans la campagne pour les élections fédérales du 23 octobre. Mais entretemps, la crise de l’euro et du dollar qui a projeté le franc dans les étoiles a changé la donne. Aujourd’hui, l’état de l’économie helvétique préoccupe sérieusement l’électorat.

Certes, la montée du franc n’a pas eu sur le débat politique l’impact dévastateur de la catastrophe de Fukushima, mais il a réveillé un intérêt significatif sur cette question, précise Claude Longchamp, directeur de l’Institut gfs.bern, qui effectue le baromètre électoral pour le compte de la Société suisse de radiotélévision SRG SSR. Et cet intérêt pourrait bien prendre encore plus de place

Le sondage a été réalisé entre le 25 juillet et le 6 août, alors que le bond du franc n’en était encore qu’à ses débuts, a précisé Martina Imfeld, co-autrice du baromètre. La majorité des interviews a eu lieu avant la première intervention, le 3 août, de la Banque nationale suisse pour enrayer l’appréciation du franc. Et toutes sont antérieures à la seconde, du 10 août.

Si le franc devait persister à monter, les conséquences pourraient devenir le nouveau grand sujet de la phase finale de la campagne, a observé Claude Longchamp, en présentant les résultats du dernier baromètre électoral 2011.

La migration revient en tête

Après être constamment restés en queue dans les quatre baromètres précédents, les problèmes économiques passent aujourd’hui au troisième plan des préoccupations. «Ils sont la première priorité pour 7% des personnes interviewées.»

Le classement des priorités a aussi changé au sommet de la liste. Pour la première fois depuis la catastrophe nucléaire du 11 mars au Japon, la migration est revenue en tête des préoccupations, pendant que l’environnement a passé en deuxième position.

Les questions liées à la migration sont pour l’heure citées comme étant les plus urgentes par 26% des sondés, contre 20% cinq semaines auparavant. Par contre, pour ce qui est de l’environnement, cette proportion est descendue à 16%, contre 25% précédemment. Selon Claude Longchamp, c’est le signe tangible que l’«effet Fukushima» s’est atténué.

L’environnement comme l’économie sont des facteurs cycliques. Ces derniers ont une influence de durée limitée sur l’opinion publique: on constate déjà que l’impact de la catastrophe dans la centrale nucléaire japonaise est en train de retomber et que celui du super franc est en train d’augmenter.

Par contre, le thème central de l’Union démocratique de centre (UDC / droite conservatrice), les questions liées à la migration et à l’Europe, demeure parmi prioritaire pour l’électorat helvétique. Non seulement celui de l’UDC, où il occupe solidement le premier rang, mais aussi l’électorat des autres formations, même si leur optique est différente.

La participation ne décolle pas

Ces changements dans les préoccupation des citoyens n’ont cependant pas modifié la propension à participer aux prochaines élections fédérales. Ces sujets ne sont pas mobilisateurs, selon Claude Longchamp. Exactement comme dans l’enquête précédente, seuls 46% des sondés ont déclaré leur intention de voter le 23 octobre.

Le manque d’intérêt des jeunes pour le renouvellement du Parlement suisse est particulièrement marqué. Seuls 23% des interviewés entre 18 et 39 ans affirment qu’ils voteront sûrement. La proportion est de 57% dans la catégorie 40 à 64 ans et de 66% en celle des 65 ans et plus.

La polarisation ne bouge pas

La position des forces politiques est restée globalement la même par rapport au sondage précédent. Les mouvements sont légers et le rapport de forces ne change pas.

L’UDC reste en tête avec 27,4% (-0,1 point) des intentions de vote, devant le Parti socialiste (PS) 18,5% (-0)4). Suivent les deux partis du centre historique, le libéral radical (PLR) avec 16,1% (+1,1), le démocrate-chrétien (PDC) avec 15% (+1,6).

Puis viennent les Verts avec 10,1% (+0,1), les Verts libéraux avec 4,6% (-0,6) ainsi que le Parti bourgeois démocratique (PBD, centre, issu en 2008 de la scission de l’aile libérale de l’UDC), avec 2,9% (-0,1).

En comparaison avec les élections d’il y a quatre ans, ceux qui perdent du terrain sont le PLR (-1,6 point), l’UDC (-1,5) et le PS (-1). Le PDC et les Verts avancent de 0,5 point. Ce sont les Verts libéraux (nés en 2004 à Zurich et ayant participé à leur premier scrutin fédérale en 2007) qui réalisent la progression la plus marquée, avec +3,2%.

«La polarisation ne mobilise plus de nouveaux électeurs»: les préférences de ceux-ci vont surtout aux deux nouveaux partis du centre (Verts libéraux et PBD) et en partie aux Verts, explique Claude Longchamp.

Sauf de nouveaux événements qui pourraient susciter l’attention de l’électorat dans les deux prochains mois, le 23 octobre n’annonce pas de grand bouleversement. Les deux pôles formés par le PS et l’UDC  devraient perdre un peu de terrain, alors que le centre devrait se renforcer de manière significative, mais en restant occupé par quatre partis.

Le 5e baromètre électoral de la SRG SSR a été réalisé entre le 25 juillet et le 6 août par l’Institut gfs.bern sur un échantillon représentatif de 2005 personnes en droit de voter dans toutes les régions linguistiques du pays. La marge d’erreur se situe entre plus ou moins 2,2%.

Les plus de 135’000 Suisses de l’étranger n’ont pas par contre pas été consultés.

Depuis 2010 en effet, le Département fédéral des affaires étrangères ne met plus à disposition des instituts de recherches politiques les adresses des expatriés, afin de garantir la protection de leurs données personnelles.

Pour 79% des sondés, le super franc face à un euro faible offre plus d’inconvénients que d’avantages à l’économie helvétique, car il pèse négativement sur les exportations.

59% ne croient pas que cela profitera aux consommateurs en faisant baisser le prix des importations et des vacances à l’étranger.

Pour 71%, faire ses achats à l’étranger en profitant de la faiblesse de l’euro met en danger l’économie suisse.

 

60% considèrent que le franc fort met en danger les places de travail et que les autorités n’agissent pas suffisamment contre cette menace.

Les problèmes lié à la migration et à l’Europe sont au premier rang des préoccupations de l’électorat de l’UDC, mais aussi du PLR et du PDC.

Ils sont en 2e place pour ceux du PS, des Verts libéraux et des Verts. Ils viennent en 3e place pour l’électorat du PBD, derrière les questions liées à l’environnement et, au premier rang, à l’économique.

Traduction de l’italien: Isabelle Eichenberger

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