Des perspectives suisses en 10 langues

Mieux vendre la Suisse occidentale à l’étranger

Keystone

Sous le sigle Greater Geneva Berne Area (GGBA), six cantons regroupent leurs forces pour promouvoir l'image de la Suisse occidentale à l'étranger. «L'union fait la force», commente son président-fondateur, le Genevois Pierre-François Unger.

«La Suisse occidentale possède toutes les caractéristiques utiles à un secteur économique: la présence d’organisations internationales à Genève, Berne, la capitale fédérale qui gère le bilatéral avec l’Union européenne, ainsi que l’arc lémanique qui compte aussi bien le CERN que de fameuses hautes écoles comme l’EPFL», explique Pierre-François Unger.

Selon le conseiller d’Etat genevois (membre de l’exécutif) «rien que dans le domaine des sciences de la vie, l’arc lémanique totalise 5000 chercheurs pour 5 milliards d’argent investi.»

Le tout nouveau GGBA (Greater Geneva Berne Area) va regrouper dès le 1er janvier 2010 les structures de promotion économique de six cantons de Suisse occidentale: tous les cantons francophones à l’exception du Jura, et le canton (bilingue) de Berne, relié au Valais par le nouveau tunnel ferroviaire du Lötschberg.

L’exemple à ne pas suivre

Le GGBA aura une structure centrale légère à Lausanne avec un budget total de 4,1 millions de francs. Ses agents seront installés dans les pays qui intéressent prioritairement l’économie de Suisse occidentale: les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, l’Italie et les pays émergents du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).

«Genève a des liens importants avec la Chine, dont on va essayer de faire profiter l’ensemble de la région», explique Pierre-François Unger qui cite l’exemple (à ne pas suivre…) de la multinationale de biotechnologie Amgen, finalement installée en Irlande en raison de bisbilles entre les Vaudois et les Fribourgeois.

«Tout ce qui profite à un canton profite aux autres. Les travailleurs bougent, les compétences sont multiples. Le deuxième atout est la place que nous prenons au niveau suisse. La région de Bâle et celle de Zurich (formée elle aussi de six cantons) sont déjà assises à table, alors que les autres sont installées sur des strapontins.»

«A un moment donné, pour le rayonnement de la Suisse, il convient que les trois zones économiques majeures de Suisse puissent s’asseoir à la même table. Il y aura toujours des rivalités qui se traduiront concrètement peut-être par plusieurs offres émanant de différentes régions», constate Pierre-François Unger.

Choisir le meilleur

«Mais, dit-il, l’entreprise étrangère choisira la meilleure sans que les cantons essaient de se l’arracher ou de faire de la sous-enchère. Genève a réussi un joli coup l’an dernier avec Alcon, le no 1 mondial de l’ophtalmologie, venu installer son siège central et sa recherche et développement à Genève en raison de la proximité des universités. Il a aussi installé son administration à Fribourg et une usine de production à Schaffhouse. Finalement, tout le monde y trouve son compte.»

La crise? «C’est en fait une opportunité assez rare de montrer la densité des secteurs à valeur ajoutée due précisément à cette concentration de décideurs et de chercheurs», commente Pierre-François Unger.

«Genève abrite les meilleurs traders du monde (on vend 40% du pétrole mondial). Quand je les ai fédérés en association, je leur ai dit: votre métier, ce n’est pas de vendre du pétrole, c’est de vendre de l’énergie. Vous devez vous intéresser à celles qui vont succéder au pétrole. Dans le canton de Genève, j’ai fait venir Essent, la plus grande entreprise européenne de vente d’énergie éolienne. En quelques mois, on a monté une formation de trading à l’Uni avec un bachelor et un master en emploi avec le concours de la promotion économique», note Pierre-François Unger.

Partenaire du… monde

La Suisse traverse actuellement une phase difficile avec les problèmes rencontrés par UBS, notamment aux Etats-Unis, et le bras de fer diplomatique entre Berne et Tripoli suite à l’arrestation par la police genevoise, en juillet 2008, du fils du colonel Kadhafi et de sa femme enceinte.

Des crises qui montrent l’isolement de la Suisse: «L’isolement diplomatique de la Suisse est un fait et il a de lourdes conséquences. En revanche, son isolement économique est le signe que la Suisse est très enviée.»

«’Est-ce bon ou mauvais?’, s’interroge Pierre-François Unger. L’acharnement que nous avons connu dans le domaine financier vient du fait que les autres pays nous envient. Regardez le domaine de la banque privée. Ces banquiers genevois ont un savoir-faire historique et des méthodes de travail bien différentes de l’économie financière-casino.»

«Ce sont des gens qui garantissent les placements sur leur propre fortune. J’ai une confiance absolue dans leurs talents et leur savoir-faire. Foin d’auto-flagellation. Il faut continuer à travailler sérieusement. Il y a peut-être des choses à modifier, mais regardons tout ce qu’on a fait et que les autres n’ont pas fait. On est plutôt bien placé dans le monde.»

«Le but d’un GGBA est d’affirmer la confiance que nous avons dans la capacité d’être partenaire de n’importe quelle région du monde. C’est aussi montrer à Berne que nous avons un poids commun et qu’on deviendra à l’avenir un poids lourd.»

Olivier Grivat, swissinfo.ch

Dès le 1er janvier 2010, cette nouvelle structure aura pour mission de promouvoir une image commune de la Suisse occidentale à l’étranger, ainsi que de développer un réseau et une structure d’acquisition d’entreprises.

Elle intégrera les éléments les plus performants des trois modèles existants que sont l’entité de promotion Genève-Fribourg, celle de Berne et le DEWS – pour Development Economic Western Switzerland -, qui regroupe Vaud, le Valais, Neuchâtel et le Jura.

La population de la région de Suisse occidentale (formée des cantons de Berne, Fribourg, Genève, Neuchâtel, Vaud et Valais) totalise 2’845’000 habitants, soit 37% de la population suisse, selon les plus récentes données de l’Office fédéral des statistiques. Le chiffre ne tient pas compte du canton du Jura, qui se rattache économiquement à la région de Bâle, la plus proche géographiquement.

Dans cette région, on y parle majoritairement le français (52%), l’allemand à 36% et 12% d’autres langues (italien, espagnol, portugais, serbo-croate, etc). C’est essentiellement dans le secteur des services que travaille sa population (1,2 million d’habitants ou 75% du total) devant l’industrie et la manufacture (21%) et l’agriculture, y compris la sylviculture et la pêche (4%).

La Suisse occidentale compte une forte proportion d’étudiants avec 79’070 personnes, essentiellement dans les Hautes écoles spécialisées de Suisses occidentale (HES-SO): 15’174 étudiants, placées devant l’Université de Berne (13’393 étudiants), l’Uni de Genève (13’830), l’Uni de Lausanne (11’468), l’Uni de Fribourg (9598), l’ETH Lausanne (6’903), la Haute école spécialisée bernoise (4943) et l’Uni de Neuchâtel (3’761 étudiants).

«La Suisse occidentale doit être unie, aux côtés de Basel Area et du Greater Zurich Area, pour montrer l’exceptionnel potentiel économique de la Suisse», plaide Pierre-François Unger qui aime à citer le valeureux pionnier de l’industrie automobile américaine Henry Ford: «Se réunir est un début; rester ensemble est un progrès; travailler ensemble est la réussite».

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision