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Mission difficile mais pas impossible pour l’UDC

Les quatre candidats officiels au gouvernement: Alain Berset et Pierre-Yves Maillard (Parti socialiste), Hansjörg Walter et Jean-François Rime (Union démocratique du centre) Keystone

La tentative de l’Union démocratique du centre de récupérer mercredi son deuxième siège au gouvernement devient plus ardue après le retrait forcé de son candidat numéro un. Le Parti socialiste devrait en revanche conserver sans problème le siège laissé vide par Micheline Calmy-Rey.

Au cours des derniers jours, les chances de succès de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) se sont plutôt réduites. Le plus grand parti du pays a lancé un nouveau défi avec deux objectifs: reconquérir un second siège au gouvernement et éjecter de l’exécutif la ministre des Finances, Eveline Widmer-Schlumpf. Il y a quatre ans, cette dernière avait accepté de reprendre le siège perdu par le leader de l’UDC Christoph Blocher, suite au vote des partis de la gauche et du centre.

Après les revers subis lors des précédentes élections au gouvernement par des représentants de la ligne dure du parti, l’UDC a cette fois choisi de jouer la carte de la modération. Pour l’élection du 14 décembre, le parti avait désigné deux candidats considérés comme les plus susceptibles de suivre une politique consensuelle au sein du gouvernement et donc d’accomplir la tâche difficile d’attirer des voix auprès des autres partis: le député zurichois Bruno Zuppiger et son collègue fribourgeois Jean-François Rime.

Mais jeudi dernier, coup de théâtre: l’UDC a dû jeter l’éponge pour son candidat numéro un, Bruno Zuppiger. Accusé par la presse d’avoir utilisé à des fins personnelles une partie d’un héritage qui lui avait été confié avec mission de le verser à deux organisations caritatives, le député zurichois a été contraint de se retirer, laissant son parti dans l’embarras.

Porte entrouverte

Le cas Zuppiger représente un nouveau coup dur pour la direction de l’UDC déjà confrontée à un recul lors des élections fédérales du 23 octobre. Les stratèges du parti, qui revendiquent depuis plusieurs années un second siège au gouvernement, ne se sont pas montrés très habiles dans le choix de leur candidat et ont dû cette fois faire également face à quelques critiques internes.

L’UDC se présente donc au grand rendez-vous politique de mercredi non seulement isolée, mais également affaiblie. Les partis du centre et de la gauche – Parti socialiste, Verts et Parti démocrate-chrétien – qui avaient porté Eveline Widmer-Schlumpf au pouvoir ont en effet annoncé la semaine dernière vouloir défendre son siège. Une volonté également affichée par les Verts libéraux.

Ne pouvant compter que sur le soutien du Parti libéral-radical (PLR / droite), l’UDC manque ainsi de plus d’une vingtaine de voix pour atteindre son objectif. Mais une autre porte reste entrouverte pour l’UDC. Les socialistes et certains membres d’autres partis se sont en effet déclarés prêts à soutenir les aspirations de l’UDC à retrouver son deuxième siège, à condition qu’elle lance ses deux candidats contre l’un des deux sièges du Parti libéral-radical.

Un nouveau favori

Les organes dirigeants de l’UDC ont rejeté cette dernière proposition, qui sonne un peu comme une tentative de dresser l’un contre l’autre les deux partis les plus à droite de l’échiquier politique. Mais les élus de l’UDC pourraient encore changer d’avis mercredi, au cas où l’attaque du siège d’Eveline Widmer-Schlumpf devait se solder par un échec.

D’autant plus qu’après le retrait de Bruno Zuppiger, l’UDC a lancé un candidat peut-être encore plus à même d’attirer les voix des autres partis: le député thurgovien Hansjörg Walter, élu brillamment la semaine dernière à la présidence de la Chambre basse. En 2008, lors de précédentes élections au gouvernement, le président de l’Union suisse des paysans avait même été soutenu par les partis du centre et de la gauche, qui souhaitaient l’élire à la place du candidat officiel de l’UDC Ueli Maurer.

Désormais devenu le favori de son parti, Hansjörg Walter ne se distancie généralement pas de la ligne de l’UDC, mais est apprécié au Parlement pour sa modération et sa capacité à chercher des solutions de compromis, surtout en faveur des agriculteurs.

Quant à l’autre candidat du parti, le Fribourgeois Jean-François Rime, il avait provoqué une certaine surprise l’année dernière, lors des élections pour la succession de Moritz Leuenberger et Hans-Rudolf Merz. Lancé par l’UDC contre les candidats du Parti socialiste et du Parti libéral-radical, il était parvenu à recueillir bon nombre de votes auprès des autres partis et à entrer, de manière surprenante, dans le dernier carré. Mais mercredi, ce francophone a peu de chances d’être élu dans un gouvernement au sein duquel siègent déjà deux Romands.

Poids lourds socialistes

De son côté, le Parti socialiste, qui doit remplacer sa ministre démissionnaire Micheline Calmy-Rey, se présente à l’élection avec le sénateur fribourgeois Alain Berset et le ministre vaudois Pierre-Yves Maillard. Avec Maillard et Berset, les socialistes proposent deux politiciens expérimentés et considérés comme des poids lourds du parti.

Pierre-Yves Maillard a été membre de la Chambre basse du Parlement pendant six ans, avant d’entrer dans le gouvernement du canton de Vaud. L’ancien syndicaliste se situe à la gauche du parti, ce qui pourrait lui coûter des voix de la part des partis du centre et de la droite. Il s’est cependant profilé positivement au sein du gouvernement vaudois. Il est vu comme l’un des artisans de l’assainissement des finances cantonales, encore mal en point il y a quelques années.

C’est pourtant Alain Berset qui jouit des faveurs des pronostics. Spécialiste des questions économiques, le sénateur fribourgeois s’est forgé une solide réputation à la Chambre des cantons. Il s’est toutefois attiré l’inimitié de l’UDC pour avoir contribué à orchestrer l’éviction de Christoph Blocher du gouvernement en 2007. Sa compétence et son style affable et diplomatique lui permettent de pouvoir compter sur plusieurs soutiens auprès des autres forces politiques. Son seul gros handicap: ne jamais avoir encore siégé dans un exécutif.

Né à Fribourg en 1972, marié et père de trois enfants, Alain Berset a étudié les sciences politiques et économiques à l’Université de Neuchâtel.

Après avoir travaillé comme chercheur scientifique et conseiller politique, il est entré en 2003 à la Chambre haute du parlement, dont il a été le président en 2009.

Professionnel de la politique, il fait partie de nombreuses commissions parlementaire et est vice-président du groupe socialiste des Chambres fédérales.

Né en 1968 à Lausanne, marié et père de deux enfants, Pierre-Yves Maillard a d’abord travaillé comme enseignant de français et d’histoire après ses études à l’Université de Lausanne.

De 1999 à 2004, il a représenté le Parti socialiste à la Chambre basse du Parlement. De 2000 à 2004, il a également été secrétaire général du Syndicat de l’industrie, de la construction et des services.

Elu en 2004 au gouvernement vaudois, il est le responsable du Département de la santé publique et de l’action sociale.

Né en 1951 à Frauenfeld, marié et père de trois enfants, Hansjörg Walter s’est formé auprès de l’Ecole d’agriculture de Strickhof (Zurich), avant de reprendre l’exploitation familiale à Wängi (Thurgovie).

Président de l’Union suisse des paysans, il est entré en 1999 à la Chambre basse du Parlement, dont il a été élu président le 5 décembre dernier.

En 2008, lors d’élections complémentaires au gouvernement, il avait été plébiscité malgré lui par les représentants de la gauche et du centre contre le candidat officiel de l’UDC, Ueli Maurer. Finalement, il n’avait pas été élu pour une seule voix d’écart, la sienne…

Né en 1950 à Fribourg, marié et père de trois enfants, Jean-François Rime a étudié les sciences économiques à l’Université de Lausanne.

Propriétaire d’une scierie, l’entrepreneur fribourgeois a été membre du Parti libéral-radical jusqu’en 2002, avant de passer à l’Union démocratique du centre.

Elu à la Chambre basse du Parlement en 2003, il avait déjà été candidat à l’élection au gouvernement en 2010.

(Traduction de l’italien : Olivier Pauchard)

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