Pénurie de carburant: les Suisses dépannent les Français
En France, le blocus pétrolier continue. La pénurie s´installe et les Français sont de plus en plus nombreux à venir s´approvisionner en Suisse voisine. Une situation exceptionnelle qui n´inquiète pas outre mesure les Suisses.
«Il y a une attente de quarante-cinq minutes pour le diesel!» Vendredi, un garagiste genevois se dit débordé par les Français venus chercher l’essence introuvable dans leur pays.
A l’Union pétrolière, Philippe Cordonier confirme: «toutes les régions limitrophes de la France, de Bâle à Genève, sont touchées par ce phénomène».
Parmi les grands distributeurs contactés vendredi, seul Shell a pu fournir quelques chiffres: dans les régions frontalières, la vente du diesel a été multipliée par dix, et celle du sans plomb 98 par deux. Près de la moitié du parc automobile français roule en effet au diesel, ce qui n’est pas le cas en Suisse.
Mais les voitures ne sont pas les seules touchées: certains avions sont également passés par l’aéroport de Genève pour faire le plein de kérosène. «Ces engins sont arrivés de Lyon, explique Philippe Roy, porte-parole de l’aéroport. Depuis mardi, il y en a eu chaque jour trois ou quatre.» Rien de tel, en revanche, à Zurich et à Bâle-Mulhouse.
L’aéroport de Genève ne craint pas la pénurie: il a des réserves de kérosène pour trois mois. Et compte, en temps normal, une moyenne de 240 avions faisant le plein chaque jour. Il ne reste qu’un tout petit avantage: les retombées économiques grâce aux taxes d’atterrissage.
Du côté des pompes à essence, on affiche presque la même sérénité. «Nous pouvons encore continuer ainsi pendant plusieurs semaines», estime Philippe Cordonier. Seuls 17 pour cent des produits pétroliers finis proviennent de la France, et la Suisse peut donc s’en passer, et même donner un coup de pouce à ses voisins.
Il y a eu cependant quelques couacs. Ainsi, Genève a fêté jeudi son jeûne, et les livreurs d’essence n’ont pas travaillé. Certaines stations n’ont donc plus eu de diesel en fin de journée.
A l’approche du week-end, d’autres craignent de connaître la même situation. Et Michel Vandy, directeur général de Totalfina Elf en Suisse, de résumer: «nous devons adapter notre approvisionnement, et nous rencontrons quelques difficultés. Mais nous pouvons continuer».
Les routiers français ont maintenu vendredi leurs blocus des dépôts pétroliers. Pourtant, la principale fédération patronale avait appelé à leur levée. 80 pour cent des stations-service seraient à sec.
Caroline Zuercher
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