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Particules fines: controverse sur les mesures

Les limitations de vitesse sur les autoroutes sont en vigueur pour huit jours. Keystone

Douze cantons suisses limitent la vitesse des voitures sur les autoroutes pour lutter contre la hausse des concentrations de particules fines dans l'air.

Une solution qui ne fait cependant pas l’unanimité auprès des directeurs cantonaux de l’environnement qui demandent d’autres mesures plus incisives.

C’est le canton de Zoug qui a décidé en premier de limiter la vitesse à 80 km/h sur les autoroutes (à la place de 120km/h). Lucerne, Schwytz, Uri, Nidwald et Obwald lui ont emboîté le pas tout comme Berne, Bâle-Campagne et Bâle-Ville, Soleure, Argovie et Zurich.

Ces limitations ont été introduites pour une durée de huit jours. Elles seront levées si la situation s’améliore d’ici là.

Pour mémoire, le seuil fixé dans l’ordonnance sur la protection de l’air ne devrait pas être dépassé plus d’une fois par an. Or il l’a déjà été à 21 reprises à Berne, 20 fois à Lausanne et 18 fois à Zurich depuis le début de l’année.

En grande quantité, ces particules représentent un risque pour la santé. Les poussières fines se répandent dans le corps via le système respiratoire, provoquant diverses maladies telles que toux, arrêts cardiaques ou cancers du poumon.

Selon l’Office fédéral de l’environnement, 3700 personnes meurent prématurément chaque année à cause des particules fines.

Des avis divers

Pour l’heure, tous les cantons romands, le Tessin et plusieurs cantons de Suisse orientale renoncent encore à prendre des mesures immédiates qu’ils jugent peu efficaces, préférant miser sur le long terme.

Un avis partagé par les Routiers suisses qui voient en outre dans ces limitations de vitesse une hausse du danger d’accident.

Réduire la vitesse à 80 km/h sur tout le réseau routier pendant quelques jours ne sert pas à grand chose, estime également le président de la conférence des directeurs de l’environnement Willy Haag.

Le trafic autoroutier ne produit qu’une faible partie des particules qui empoisonnent l’air ambiant, relève-t-il dans une interview parue samedi dans le «Tages-Anzeiger».

Le Saint-Gallois reconnaît tout au plus la valeur symbolique et de sensibilisation d’une telle mesure. Il se méfie des décisions précipitées et considère plus important d’inciter la population à se responsabiliser en édictant des recommandations

D’autres mesures

Le canton de Berne a par exemple déjà interdit tous les feux de plein air et les feux de cheminée dans les maisons où il est possible de se chauffer autrement.

Plusieurs cantons demandent aussi au gouvernement de mettre en pratique immédiatement le plan d’action présenté dernièrement par le ministre de l’Environnement Moritz Leuenberger.

Comme ce plan ne suffira pas, selon ces cantons, il faut aussi imposer «immédiatement» les filtres à particules à tous les nouveaux véhicules qui fonctionnent au diesel ainsi qu’aux véhicules tout-terrain.

Donner le bon exemple

Le président de la Ligue pulmonaire suisse Otto Piller est favorable à la mise en œuvre rapide de mesures. L’ex-directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) critique dans la «Berner Zeitung» le fait qu’on se borne actuellement à annoncer les dépassements de limite.

Les pneumologues ont depuis longtemps signalé que la population souffrait de plus en plus de problèmes respiratoires et d’asthme.

Ce problème aigu de santé public n’empêche pas quelque 16 000 véhicules diesel de l’armée suisse de rouler sans filtre, critique encore Otto Piller. La Confédération devrait donner le bon exemple en équipant correctement son matériel.

swissinfo et les agences

En Suisse, la valeur limite de concentration de particules fines dans l’air est fixée à 50 microgrammes par mètre cube.
L’Union européenne adopte la même limite.
Aux Etats-Unis, le taux est fixé à 150 microgrammes.
Selon les dernières estimations réalisées en Suisse en 2000 par l’Office fédéral de l’environnement, l’agriculture est responsable de 37% des émissions, le trafic de 29%, l’industrie et l’artisanat de 27% et les foyers privés de 7%.

– Les particules fines sont formées de particules primaires (issues des processus de combustion, du frottement mécanique des pneus sur les routes ou des tourbillons de poussière naturels) et de particules secondaires (qui se forment dans l’air à partir de gaz précurseurs).

– Les particules les plus problématiques sont celles qui proviennent des gaz d’échappement des moteurs diesel, même si des microparticules sont aussi émises par l’agriculture et les chantiers de construction.

– En raison de leur petite dimension, ces particules peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires et avoir de graves conséquences sur la santé.

– La pollution par les particules fines est accentuée en hiver par le phénomène de l’inversion thermique.

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