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Les Suisses veulent une réforme des retraites équilibrée

Quand peut-on prendre sa retraite et aller se balader? Le parlement en débat cette semaine. Keystone

Le non massif à l’initiative «AVS plus» représente certes une nette défaite pour la gauche, mais ce n’est pas pour autant un chèque en blanc à la droite pour affaiblir le système des retraites. C’est la position qui domine dans les commentaires de la presse au lendemain de la votation, une presse qui salue également le oui au renforcement des services de renseignement.

«Les Suisses ont donc refusé d’augmenter leurs retraites de 10%, note Le Matin. Enoncé ainsi, le résultat aura de quoi étonner une nouvelle fois certains observateurs extérieurs. Quels drôles de citoyens, qui après avoir refusé six semaines de vacances pour tous il y a quatre ans, rejettent un nouvel avantage social!»

«Mais cette fois, poursuit le tabloïd romand, le côté masochiste (ou raisonnable, c’est selon) du peuple est pondéré par la complexité du dossier. La population vieillit, le trou de l’AVS se creuse et si la perspective de gagner plus paraissait bien alléchante, elle le devenait moins du point de vue des salariés cotisants, appelés à payer la note».

Pour la Neue Zürcher Zeitung, ce non clair et net à «AVS plus» envoie un tripe signal: «Premièrement, les citoyens ne pensent pas d’abord à leur propre avantage immédiat, mais à l’avenir du système de prévoyance dans son ensemble. Deuxièmement, ils ont majoritairement reconnu que l’AVS se trouve face à de gros problèmes et qu’une hausse des rentes ne ferait que de creuser le trou financier. Et troisièmement, ils ont confiance dans le fait que le Conseil fédéral et le parlement vont arriver à se mettre d’accord sur une solution équilibrée dans le cadre de la réforme en cours du système des retraites».

Non à la retraite à 67 ans

Il se trouve en effet que c’est aujourd’hui que le Conseil national (Chambre basse) empoigne la réforme des deux premiers piliers du système de retraites soumise par le gouvernement. Comme le relève Le Nouvelliste, «son but n’est pas d’augmenter les rentes mais de répondre à l’évolution démographique et à la baisse des rendements du 2e pilier sans détériorer la situation des rentiers».

Un débat dans lequel «l’idée d’un mécanisme automatique permettant à long terme d’aller jusqu’à 67 ans pour tous s’est immiscée comme un cheveu dans la soupe». Pourtant, prédit le quotidien valaisan, «elle fera long feu, car même ses partisans se rendent compte qu’elle risque de faire couler l’ensemble de la réforme».

Moins catégorique, le Corriere del Ticino prévient que les élus devront «faire attention à la direction dans laquelle ils vont au moment d’examiner cette hausse de l’âge de la retraite». Des élus qui devront aussi «donner des gages d’équilibre au moment de discuter de l’augmentation des rentes de 70 francs, voulue par la Chambre haute en première lecture pour compenser la baisse du taux de conversion du 2e pilier».

Gare à l’euphorie à droite

Toujours dans la perspective du débat parlementaire, Le Temps rappelle que si la gauche a clairement perdu ce dimanche, «la droite aurait tort de crier victoire: 40,6% des électeurs, ainsi que 5 cantons latins ont accepté l’initiative, ce qui est plus que le socle électoral des initiants. Lesquels d’ailleurs ne comptaient pas sur une victoire, mais justement sur ce 40%, nécessaire pour peser sur le débat qui commence ce lundi au Conseil national».

Les vainqueurs d’hier seraient donc «mal inspirés de penser que les citoyens sont d’accord de baisser les rentes du 2e pilier et d’augmenter l’âge de la retraite, même progressivement et dans un horizon lointain», avertit le quotidien romand.

Sur le même ton, le Tages-Anzeiger et le Bund écrivent que «ce refus clair de l’initiative ne devrait pas encourager la majorité de droite du Conseil national à imprimer sa marque à la réforme des retraites en cours».

«L’Etat islamique a battu Snowden»

S’agissant de la nette victoire (65%) de la Loi révisée sur le renseignement, la plupart des journaux l’expliquent d’abord par le contexte international. «Paris, Bruxelles, Nice, voilà des villes meurtries par les attentats qui ont marqué les esprits», écrivent ainsi 24 heures et La Tribune de Genève

«Face à la menace islamiste, les Suisses ont décidé de muscler leurs services secrets, poursuivent les deux quotidiens lémaniques. Ces derniers avaient un champ d’action beaucoup trop limité. […] Les opposants ont en vain crié à une violation exagérée de la sphère privée et à la menace d’un contrôle de masse comme le pratiquent les agences américaines. Le vote des Suisses se résume du coup ainsi: l’Etat islamique a battu Snowden».

Les commentateurs relèvent également que ce vote était un vote de confiance: «Faites-vous confiance à votre gouvernement et à vos services de renseignements pour utiliser ces possibilités étendues de surveillance de manière responsable?», résume le Tages-Anzeiger. Pour la Berner Zeitung par contre, ce oui sans appel est moins une marque de confiance dans les services de renseignements que dans leurs organes de contrôle, et «le parlement doit maintenant veiller à ce que l’organisme de surveillance indépendant à créer reçoive les ressources nécessaires».

Pour le Corriere del Ticino, enfin, «la campagne idéologique des opposants a échoué au-delà des attentes. Le souvenir du scandale des fiches, le refus du parlement d’une tentative de donner plus de pouvoir aux services secrets il y a seulement sept ans et la crainte toujours présente de ‘l’Etat fouineur’ laissaient présager un résultat moins net. Mais deux tiers des électeurs ont avalisé la thèse qu’il n’y a pas de liberté sans sécurité».

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